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CLASSIC POETRY

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Paul Valéry: Le Yalou

Le Yalou

Civilization, according to the interpretation of the
Occident, serves only to satisfy men of large desires.
Vicomte Torio.

En septembre mil huit cent quatre-vingt-quinze, et en Chine, un jour bleu et blanc, le lettré me conduisit à un phare de bois noir, sur le sable du rivage.

Nous quittâmes les derniers bosquets. Nous marchâmes, dormants, assoupis par la paresse du sol en poudre fondante, par qui étaient bus nos efforts, et qui descendait sous nos pas. Nous quittâmes le sable, enfin. Je regardai, en résumé, la vague trace de notre chemin se tordre et fuser sur la plage. Je vis dans les jambes du phare cligner la lumière de l’eau.

A chaque marche, nous devenions plus légers, et nous respirions et nous voyions davantage. Vers la mi-hauteur, nous devînmes plus lourds. Un vent plein et bien tendu se mit heureusement à exister : il a tâtonné les barres de bois tièdes à travers la soie se gonflant de la robe du Chinois. La mer monte avec nous.

Toute la vue nous vint comme un frais aliment. Là-haut, il faisait si bon que nous sentîmes bientôt un petit besoin à satisfaire. Au bout d’un temps indifférent, la douce égalité du mouvement, du calme nous saisit.

La mer, qui me remuait tendrement, me rendait facile. Elle emplissait tout le reste de ma vie, avec une grande patience qui me faisait plaisir elle m’usait, je me sentais devenir régulier.

Les ondes, tournant sans peine, me donnaient la sensation de fumer, après avoir beaucoup fumé, et de devoir fumer infiniment encore. C’est alors que le souvenir édulcoré de maintes choses importantes passa aisément dans mon esprit : je sentis une volupté principale à y penser avec indifférence ; je souris à l’idée que ce bien-être pouvait éliminer certains erreurs, et m’éclairer.

Donc . . . Et je baissai mes paupières, ne voyant plus de la brillante mer que ce qu’on voit d’un petit verre de liqueur dorée, portée aux yeux. Et je fermai les yeux. Les sons de la promenade de l’eau me comblaient.
J’ignore comment vint à mon compagnon un désir de parler et de vaincre l’air délicieux, l’oubli. Je me disais : Que va-t-il dire ? aux premiers mots obscurs.

– Nippon, dit-il, nous faire la guerre. Ses grands bateaux blancs fument dans nos mauvais rêves. Ils vont troubler nos golfes. Ils feront des feux dans la nuit paisible.
– Ils sont très forts, soupirai-je, ils nous imitent.
– Vous êtes des enfants, dit le Chinois, je connais ton Europe.
– En souriant tu l’as visitée.
– J’ai peut-être souri. Sûrement, à l’ombre des autres regards, j’ai ri. La figure que je me vois seul, riait abondamment, tandis que les joyeux moqueurs qui me suivaient et me montraient du doigt n’auraient pu supporter la réflexion de leur propre vie. Mais je voyais et je touchais le désordre insensé de l’Europe. Je ne puis même pas comprendre la durée, pourtant bien courte, d’une telle confusion. Vous n’avez ni la patience qui tisse les longues vies, ni le sentiment de l’irrégularité, ni le sens de la place la plus exquise d’une chose, ni la connaissance du gouvernement. Vous vous épuisez à recommencer sans cesse l’œuvre du premier jour. Vos pères ainsi sont deux fois morts, et vous, vous avez peur de la mort.

« Chez vous, le pouvoir ne peut rien. Votre politique est faite de repentirs, elle conduit à des révolutions générales, et ensuite aux regrets des révolutions, qui sont aussi des révolutions. Vos chefs ne commandent pas, vos hommes libres travaillent, vos esclaves vous font peur, vos grands hommes baisent les pieds des foules, adorent les petits, ont besoin de tout le monde. Vous êtes livrés à la richesse et à l’opinion féroces. Mais touche de ton esprit la plus exquise de vos erreurs.

« L’intelligence, pour vous, n’est pas une chose comme les autres. Elle n’est ni prévue, ni amortie, ni protégée, ni réprimée, ni dirigée; vous l’adorez comme une bête prépondérante. Chaque jour elle dévore ce qui existe. Elle aimerait à terminer chaque soir un nouvel état de société. Un particulier qu’elle enivre, compare sa pensée aux décisions des lois, aux faits eux-mêmes, nés de la foule et de la durée : il confond le rapide changement de son cœur avec la variation imperceptible des formes réelles et des Êtres durables. (Durant une fleur, mille désirs ont existé ; mille fois, on a pu jouir d’avoir trouvé le défaut de la corolle… mille corolles qu’on a crues plus belles ont été coloriées dans l’esprit, mais ont disparu…) C’est par cette loi que l’intelligence méprise les lois . . . et vous encouragez sa violence ! Vous en êtes fous jusqu’au moment de la peur. Car vos idées sont terribles et vos cœurs faibles. Vos pitiés, vos cruautés sont absurdes, sans calme, comme irrésistibles. Enfin, vous craignez le sang, de plus en plus. Vous craignez le sang et le temps.

« Cher barbare, ami imparfait, je suis un lettré du pays de Thsin, près de la mer Bleue. Je connais l’écriture, le commandement à la guerre, et la direction de l’agriculture. Je veux ignorer votre maladie d’inventions et votre débauche de mélange d’idées. Je sais quelque chose de plus puissant. Oui, nous, hommes d’ici, nous mangeons par millions continuels, les plus favorables vallées de la terre ; et la profondeur de ce golfe immense d’individus garde la forme d’une famille ininterrompue depuis les premiers temps. Chaque homme d’ici se sent fils et père, entre le mille et le dix mille, et se voit saisi dans le peuple autour de lui, et dans le peuple mort au-dessous de lui, et dans le peuple à venir, comme la brique dans le mur de briques. Il tient. Chaque homme d’ici sait qu’il n’est rien sans cette terre pleine, et hors de la merveilleuse construction d’ancêtres. Au point où les aïeux pâlissent, commencent les foules des Dieux. Celui qui médite peut mesurer dans sa pensée la belle forme et la solidité de notre tour éternelle.
« Songe à la trame de notre race ; et, dis-moi, vous qui coupez vos racines et qui desséchez vos fleurs, comment existez-vous encore ? Sera-ce longtemps?
« Notre empire est tissu de vivants et de morts et de la nature. Il existe parce qu’il arrange toutes les choses. Ici, tout est historique : une certaine fleur, la douceur d’une heure qui tourne, la chair délicate des lacs entrouverts par le rayon, une éclipse émouvante… Sur ces choses, se rencontrent les esprits de nos pères avec les nôtres. Elles se reproduisent et, tandis que nous répétons les sons qu’ils leur ont donnés pour noms, le souvenir nous joint à eux et nous éternise.

« Tels, nous semblons dormir et nous sommes méprisés. Pourtant, tout se dissout dans notre magnifique quantité. Les conquérants se perdent dans notre eau jaune. Les armées étrangères se noient dans le flux de notre génération, ou s’écrasent contre nos ancêtres. Les chutes majestueuses de nos fleuves d’existences et la descente grossissante de nos pères les emportent.

« Ils nous faut donc une politique infinie, atteignant les deux fonds du temps, qui conduisent mille millions d’hommes, de leurs pères à leurs fils, sans que les liens se brisent ou se brouillent. Là est l’immense direction sans désir. Vous nous jugez inertes. Nous conservons simplement la sagesse suffisante pour croître démesurément, au-delà de toute puissance humaine, et pour vous voir, malgré votre science furieuse, vous fondre dans les eaux pleines du pays du Thsin. Vous qui savez tant de choses, vous ignorez les plus antiques et les plus fortes, et vous désirez avec fureur ce qui est immédiat, et vous détruisez en même temps vos pères et vos fils.
« Doux, cruels, subtils ou barbares, nous étions ce qu’il faut à son heure. Nous ne voulons pas savoir trop. La science des hommes ne doit pas s’augmenter indéfiniment. Si elle s’étend toujours, elle cause un trouble incessant et elle se désespère elle-même. Si elle s’arrête, la décadence paraît. Mais, nous qui pensons à une durée plus forte que la force de l’Occident, nous évitons l’ivresse dévorante de sagesse. Nous gardons nos anciennes réponses, nos Dieux, nos étages de puissance. Si l’on n’avait conservé aux supérieurs, l’aide inépuisable des incertitudes de l’esprit, si, en détruisant la simplicité des hommes, on avait excité le désir en eux, et changé la notion qu’ils ont d’eux-mêmes – si les supérieurs étaient restés seuls dans une nature devenue mauvaise, vis-à-vis du nombre effrayant des sujets et de la violence des désirs – ils auraient succombé, et avec eux, toute la force de tout le pays. Mais notre écriture est trop difficile. Elle est politique. Elle renferme les idées. Ici, pour pouvoir penser, il faut connaître des signes nombreux ; seuls y parviennent les lettrés, au prix d’un labeur immense. Les autres ne peuvent réfléchir profondément, ni combiner leurs informes desseins. Ils sentent, mais le sentiment est toujours une chose enfermée. Tous les pouvoirs contenus dans l’intelligence restent donc aux lettrés, et un ordre inébranlable se fonde sur la difficulté et l’esprit.

« Rappelle-toi maintenant que vos grandes inventions eurent chez nous leur germe. Comprends-tu désormais pourquoi elles n’ont pas été poursuivies ? Leur perfection spéciale eût gâté notre lente et grande existence en troublant le régime simple de son cours. Tu vois qu’il ne faut pas nous mépriser, car, nous avons inventé la poudre, pour brandir, le soir, des fusées.

Je regarde. Le Chinois était déjà très petit sur le sable, regagnant les bosquets de l’intérieur. Je laisse passer quelques vagues. J’entends le mélange de tous les oiseaux légèrement bouillir dans la brise ou dans une vapeur d’arbustes, derrière moi et loin. La mer me soigne.

A quoi penser ? Pensai-je ? Que reste-t-il à saisir ? Où repousser ce qui maintenant me caresse, satisfaisant, habile, aisé ? Se mouvoir, en goûtant certaines difficultés, là-dedans, dans l’air ?… Tu me reposes, simple idée de me transporter si haut, et, au moindre élan, si près de toute pointe de vague qui crève ; ou d’arriver vers chaque chose infiniment peu désirée, avec nul effort, un temps imperceptible selon d’immenses trajets, amusants par eux-mêmes, si faciles, et revenir. Je suis attiré ; dans ce calme, ma plus petite idée se corrige, en se laissant, dans tout l’espace, se satisfaire, en improvisant tout de suite son exécution parfaite et le plaisir de se contenter qui la termine. Elle meurt chaque fois, ayant d’elle-même rétabli l’ensemble antérieur. Mais toute autre l’imite, et s’épuise pareille, voluptueusement, car le groupe de lumière et pensée qui dans ce moment me constitue, demeure encore identique. Alors, le changement est nul. Le temps ne marche plus. Ma vie se pose.

Presque rien ne me le fait sentir, puisque je reconquiers à chaque minute la précédente ; et mon esprit voltige à tous les points d’ici. Tout ce qui est possible est becqueté… Si tous les points de l’étendue d’ici se confondent successivement – si je puis en finir si vite avec ce qui continue –, si cette eau brillante qui tourne et s’enfonce comme une vis brillante dans le lointain de ma gauche –, si cette chute de neige dorée, mince, posée au large, en face . . .

Désormais, ouverte comme une huître, la mer me rafraîchit au soleil par l’éclat de sa chair grasse et humide : j’entends aussi l’eau, tout près, boire longuement, ou, dans les bois du phare, sauter à la corde, ou faire un bruit de poules.

Pour mieux l’écouter, je coupe le regard. Je baisse les paupières, et vois bouger bientôt deux ou trois petites fenêtres lumineuses, précieuses : des lunules orangées qui se contractent et sont sensibles ; une ombre où elles battent et m’aveuglent moi-même. Je veux reconstruire alors toute la vue que je viens de clore ; j’appelle les bleus nombreux, et les lignes fermées du tissu simple étendu sur une chose tremblante ; je fais une vague qui bouffe et qui m’élève . . .

Je n’en puis faire mille. Pourquoi ? Et la mer que je formais, disparaît. Déjà, je raisonne, et je trouve.
Rouvrons. Revenons au jour fixe. Ici il faut se laisser faire.

Les voilà toutes. Elles se roulent : je me roule. Elles murmurent je parle. Elles se brisent en fragments, elles se lèchent, elles retournent, elles flottent encore, elles moussent et me laissent mourant sur un sable baisé. Je revis au lointain dans le premier bruit du moindre qui ressuscite, au seuil du large. La force me revient. Nager contre elles – non, nager sur elles –, c’est la même chose ; debout dans l’eau où les pieds se perdent, le cœur en avant, les yeux fondus sans poids, sans corps . . .

L’individu, alors, sent profondément sa liaison avec ce qui se passe sous ses yeux, l’eau. (Paul Valéry, 1895)

Paul Valéry
(1871-1945)
Le Yalou

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The Cloud by Percy Bysshe Shelley

 

 

The Cloud

I bring fresh showers for the thirsting flowers,
From the seas and the streams;
I bear light shade for the leaves when laid
In their noonday dreams.
From my wings are shaken the dews that waken
The sweet buds every one,
When rocked to rest on their mother’s breast,
As she dances about the sun.
I wield the flail of the lashing hail,
And whiten the green plains under,
And then again I dissolve it in rain,
And laugh as I pass in thunder.

I sift the snow on the mountains below,
And their great pines groan aghast;
And all the night ’tis my pillow white,
While I sleep in the arms of the blast.
Sublime on the towers of my skiey bowers,
Lightning my pilot sits;
In a cavern under is fettered the thunder,
It struggles and howls at fits;
Over earth and ocean, with gentle motion,
This pilot is guiding me,
Lured by the love of the genii that move
In the depths of the purple sea;
Over the rills, and the crags, and the hills,
Over the lakes and the plains,
Wherever he dream, under mountain or stream,
The Spirit he loves remains;
And I all the while bask in Heaven’s blue smile,
Whilst he is dissolving in rains.

The sanguine Sunrise, with his meteor eyes,
And his burning plumes outspread,
Leaps on the back of my sailing rack,
When the morning star shines dead;
As on the jag of a mountain crag,
Which an earthquake rocks and swings,
An eagle alit one moment may sit
In the light of its golden wings.
And when Sunset may breathe, from the lit sea beneath,
Its ardours of rest and of love,
And the crimson pall of eve may fall
From the depth of Heaven above,
With wings folded I rest, on mine aëry nest,
As still as a brooding dove.

That orbèd maiden with white fire laden,
Whom mortals call the Moon,
Glides glimmering o’er my fleece-like floor,
By the midnight breezes strewn;
And wherever the beat of her unseen feet,
Which only the angels hear,
May have broken the woof of my tent’s thin roof,
The stars peep behind her and peer;
And I laugh to see them whirl and flee,
Like a swarm of golden bees,
When I widen the rent in my wind-built tent,
Till calm the rivers, lakes, and seas,
Like strips of the sky fallen through me on high,
Are each paved with the moon and these.

I bind the Sun’s throne with a burning zone,
And the Moon’s with a girdle of pearl;
The volcanoes are dim, and the stars reel and swim,
When the whirlwinds my banner unfurl.
From cape to cape, with a bridge-like shape,
Over a torrent sea,
Sunbeam-proof, I hang like a roof,
The mountains its columns be.
The triumphal arch through which I march
With hurricane, fire, and snow,
When the Powers of the air are chained to my chair,
Is the million-coloured bow;
The sphere-fire above its soft colours wove,
While the moist Earth was laughing below.

I am the daughter of Earth and Water,
And the nursling of the Sky;
I pass through the pores of the ocean and shores;
I change, but I cannot die.
For after the rain when with never a stain
The pavilion of Heaven is bare,
And the winds and sunbeams with their convex gleams
Build up the blue dome of air,
I silently laugh at my own cenotaph,
And out of the caverns of rain,
Like a child from the womb, like a ghost from the tomb,
I arise and unbuild it again.

Percy Bysshe Shelley
(1792 – 1822)
The Cloud

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Friedrich Nietzsche: An Goethe

 

An Goethe

Das Unvergängliche
Ist nur dein Gleichnis!
Gott der Verfängliche
Ist Dichter-Erschleichnis…

Welt-Rad, das rollende,
Streift Ziel auf Ziel:
Not – nennt′ s der Grollende,
Der Narr nennt′ s – Spiel…

Welt-Spiel, das herrische,
Mischt Sein und Schein: –
Das Ewig-Närrische
Mischt uns – hinein!…

Friedrich Nietzsche
(1844 – 1900)
An Goethe

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Allan Ramsay: The author’s address to The Town Council of Edinburgh

 

The author’s address to
The Town Council of Edinburgh

Your poet humbly means and shaws.
That, contrair to just rights and laws,

I’ve suffer’d muckle wrang.
By Lucky Raid * and ballad-singers,
Wha thumb’d with their coarse dirty fingers

Sweet Adie’s funeral sang.
They spoil’d my sense, and staw my cash.

My muse’s pride murgully’d ;
And printing it like their vile trash.

The honest lieges whilly’d.

 

Allan Ramsay
(1684-1758)
The author’s address to The Town Council of Edinburgh

* A printer’s relict, who, with the hawkers, reprinted my pastoral on Mr. Addison, without my knowledge, on ugly paper, full of errors.

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Paul Valéry: Orphée

 

Orphée

. . . Je compose en esprit, sous les myrtes, Orphée
L’Admirable ! . . . le feu, des cirques purs descend ;
Il change le mont chauve en auguste trophée
D’où s’exhale d’un dieu l’acte retentissant.

Si le dieu chante, il rompt le site tout-puissant ;
Le soleil voit l’horreur du mouvement des pierres ;
Une plainte inouïe appelle éblouissants
Les hauts murs d’or harmonieux d’un sanctuaire.

Il chante, assis au bord du ciel splendide, Orphée !
Le roc marche, et trébuche; et chaque pierre fée
Se sent un poids nouveau qui vers l’azur délire !

D’un Temple à demi nu le soir baigne l’essor,
Et soi-même il s’assemble et s’ordonne dans l’or
À l’âme immense du grand hymne sur la lyre !

Paul Valéry
(1871-1945)
Orphée
Poème
Album de vers anciens

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As If a Phantom Caress’d Me by Walt Whitman

 

As If a Phantom Caress’d Me

As if a phantom caress’d me,
I thought I was not alone walking
here by the shore;
But the one I thought was with me as
now I walk by the shore,
the one I loved that caress’d me,
As I lean and look
through the glimmering light,
that one has utterly disappear’d.
And those appear that are hateful to me
and mock me.

Walt Whitman
(1819 – 1892)
Poem: As If a Phantom Caress’d Me

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The Star by Lola Ridge

 

 

The Star

Last night
I watched a star fall like a great pearl into the sea,
Till my ego expanding encompassed sea and star,
Containing both as in a trembling cup.

Lola Ridge
(1873-1941)
The Star

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The Song Of Iron by Lola Ridge

 

 

The Song Of Iron

I

Not yet hast Thou sounded
Thy clangorous music,
Whose strings are under the mountains…
Not yet hast Thou spoken
The blooded, implacable Word…

But I hear in the Iron singing –
In the triumphant roaring of the steam and pistons pounding –
Thy barbaric exhortation…
And the blood leaps in my arteries, unreproved,
Answering Thy call…
All my spirit is inundated with the tumultuous passion of Thy Voice,
And sings exultant with the Iron,
For now I know I too am of Thy Chosen…

Oh fashioned in fire –
Needing flame for Thy ultimate word –
Behold me, a cupola
Poured to Thy use!

Heed not my tremulous body
That faints in the grip of Thy gauntlet.
Break it… and cast it aside…
But make of my spirit
That dares and endures
Thy crucible…
Pour through my soul
Thy molten, world-whelming song.

… Here at Thy uttermost gate
Like a new Mary, I wait…

II

Charge the blast furnace, workman…
Open the valves –
Drive the fires high…
(Night is above the gates).

How golden-hot the ore is
From the cupola spurting,
Tossing the flaming petals
Over the silt and furnace ash –
Blown leaves, devastating,
Falling about the world…

Out of the furnace mouth –
Out of the giant mouth –
The raging, turgid, mouth –
Fall fiery blossoms
Gold with the gold of buttercups
In a field at sunset,
Or huskier gold of dandelions,
Warmed in sun-leavings,
Or changing to the paler hue
At the creamy hearts of primroses.

Charge the converter, workman –
Tired from the long night?
But the earth shall suck up darkness –
The earth that holds so much…
And out of these molten flowers,
Shall shape the heavy fruit…

Then open the valves –
Drive the fires high,
Your blossoms nurturing.
(Day is at the gates
And a young wind…)

Put by your rod, comrade,
And look with me, shading your eyes…
Do you not see –
Through the lucent haze
Out of the converter rising –
In the spirals of fire
Smiting and blinding,
A shadowy shape
White as a flame of sacrifice,
Like a lily swaying?

III

The ore leaping in the crucibles,
The ore communicant,
Sending faint thrills along the leads…
Fire is running along the roots of the mountains…
I feel the long recoil of earth
As under a mighty quickening…
(Dawn is aglow in the light of the Iron…)
All palpitant, I wait…

IV

Here ye, Dictators – late Lords of the Iron,
Shut in your council rooms, palsied, depowered –
The blooded, implacable Word?
Not whispered in cloture, one to the other,
(Brother in fear of the fear of his brother…)
But chanted and thundered
On the brazen, articulate tongues of the Iron
Babbling in flame…

Sung to the rhythm of prisons dismantled,
Manacles riven and ramparts defaced…
(Hearts death-anointed yet hearing life calling…)
Ankle chains bursting and gallows unbraced…

Sung to the rhythm of arsenals burning…
Clangor of iron smashing on iron,
Turmoil of metal and dissonant baying
Of mail-sided monsters shattered asunder…

Hulks of black turbines all mangled and roaring,
Battering egress through ramparted walls…
Mouthing of engines, made rabid with power,
Into the holocaust snorting and plunging…

Mighty converters torn from their axis,
Flung to the furnaces, vomiting fire,
Jumbled in white-heaten masses disshapen…
Writhing in flame-tortured levers of iron…

Gnashing of steel serpents twisting and dying…
Screeching of steam-glutted cauldrons rending…
Shock of leviathans prone on each other…
Scaled flanks touching, ore entering ore…
Steel haunches closing and grappling and swaying
In the waltz of the mating locked mammoths of iron,
Tasting the turbulent fury of living,
Mad with a moment’s exuberant living!
Crash of devastating hammers despoiling..
Hands inexorable, marring
What hands had so cunningly moulded…

Structures of steel welded, subtily tempered,
Marvelous wrought of the wizards of ore,
Torn into octaves discordantly clashing,
Chords never final but onward progressing
In monstrous fusion of sound ever smiting on sound
in mad vortices whirling…

Till the ear, tortured, shrieks for cessation
Of the raving inharmonies hatefully mingling…
The fierce obligato the steel pipes are screaming…
The blare of the rude molten music of Iron…

Lola Ridge
(1873-1941)
The Song Of Iron

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Heinrich Heine: Das Fräulein stand am Meere

 

Das Fräulein stand am Meere

Das Fräulein stand am Meere
Und seufzte lang und bang,
Es rührte sie so sehre
Der Sonnenuntergang.

Mein Fräulein! sein Sie munter,
Das ist ein altes Stück;
Hier vorne geht sie unter
Und kehrt von hinten zurück.
Autor: Heinrich Heine

Heinrich Heine
(1797-1856)
Das Fräulein stand am Meere

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By the Bivouac’s Fitful Flame by Walt Whitman

 

By the Bivouac’s Fitful Flame

By the bivouac’s fitful flame,
A procession winding around me, solemn and sweet and slow–but first I note,
The tents of the sleeping army, the fields’ and woods’ dim outline,
The darkness lit by spots of kindled fire, the silence,
Like a phantom far or near an occasional figure moving,
The shrubs and trees, (as I lift my eyes they seem to be stealthily watching me,)
While wind in procession thoughts, O tender and wondrous thoughts,
Of life and death, of home and the past and loved, and of those that are far away;
A solemn and slow procession there as I sit on the ground,
By the bivouac’s fitful flame.

Walt Whitman
(1819 – 1892)
Poem: By the Bivouac’s Fitful Flame

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To The Others by Lola Ridge

 

 

To The Others

I see you, refulgent ones,
Burning so steadily
Like big white arc lights…
There are so many of you.
I like to watch you weaving –
Altogether and with precision
Each his ray –
Your tracery of light,
Making a shining way about America.

I note your infinite reactions –
In glassware
And sequin
And puddles
And bits of jet –
And here and there a diamond…

But you do not yet see me,
Who am a torch blown along the wind,
Flickering to a spark
But never out.

Lola Ridge
(1873-1941)
To The Others

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Arthur Henry Adams: My Land

 

My Land

A new land, like a stainless flower set
In the green foliage of the waving sea;
Or like a maiden whose fair heart is free,
Whose honest eyes with no sad tears are wet,
Whose bosom has no passion to forget,
But thrills and lifts exuberant, as she
Voices some sudden-flooding melody!
A land of strength, life, vigour, youth — and yet
An old land, grey as I, her child, am grey;
Filled with the whispers of old thoughts that stir
And wake, like shadows of the past that play
Deep in the beauty of a child’s grave eyes,
And show beneath life’s gladness glancing there
The pathos of a hundred histories.

Arthur Adams
(1872-1936)
My Land

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