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d’Alençon, Émilienne

· Emilienne d’Alençon: Requiescat in Pace · Emilienne d’Alençon: Elégie · Emilienne d’Alençon: Courtisane · Emilienne d’Alençon: Le Balcon

Emilienne d’Alençon: Requiescat in Pace

Requiescat in Pace
A Alec Carter
Mort au champ d’honneur (1914).
(Qu’il repose en paix !).

Où donc repose-t-il à présent, l’être cher ?
Dans le creux de quel arbre ou sous quelle colline ?
Quel oreiller soutient son beau visage clair ?
Sur quels draps argileux crispe-t-il ses mains fines ?

Autrefois, sur mon bras, il dormait tendre et fier ;
Je voyais son regard à travers ses paupières,
A-t-il pris, pour mourir, sa pose familière ?
Et ses yeux sans regards, peut-être, sont ouverts ?

Je n’ écarterai plus ses cheveux sur sa tête,
Je ne le verrai plus sourire en s’éveillant,
Je ne connaîtrai plus la délicate fête
De prendre, en un baiser, la gaîté de ses dents.

Que n’ai-je pu du moins, charmer sa dernière heure !
Eclairer la douleur et l’ombre du chemin ;
Pour qu’il sente qu’une âme est près de lui, qui pleure,
Que je borde son lit de mes tremblantes mains.

Mais non ! le lit est fait de feuilles et de terre,
C’est un lit à la fois, étroit, vaste et glacé…
Sans couronnes de fleurs, sans cierges mortuaires,
Je ne sais où – là-bas – est mort le bien-aimé !

Emilienne d’Alençon
(1869-1946)
Requiescat in pace
A Alec Carter Mort au champ d’honneur (1914).
(Qu’il repose en paix !).

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Emilienne d’Alençon: Elégie

 

 Elégie

L’allée est ténébreuse, et le ciel est mystique;
L’Aphrodita de marbre étend son beau corps nu,
Le gazon est humide et luisant, il a plu…
Sur le gravier s’allonge une ombre fantastique.

L’amour a, par moments, besoin de s’exiler;
Et c’est pourquoi, ce soir, plaisir ou délivrance,
Nous allons à pas lents, baignés dans du silence,
Rechercher la tendresse au jardin isolé.

Douceur de vivre à deux, un soir de lassitude!
O vivre près de toi! bonheur sans lendemain!
Tu m’aimes aujourd’hui – m’aimeras-tu demain?
Et mon soupir a, seul, troublé la solitude.

Cependant on perçoit un long pas, qui nous suit,
Propice à conserver l’illusison divine,
Un pas léger, un as flottant, que l’on devine:
C’est l’ombre de l’amour, dans l’ombre de la nuit.

Emilienne d’Alençon
(1869-1946)
Elégie

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Emilienne d’Alençon: Courtisane

Courtisane

Mes bras se sont ouverts et se sont refermés,
J’ai bu tous les poisons aux coupes exaltantes,
Et si c’est un péché d’avoir beaucoup aimé,
Je veux le premier rang parmi les pénitentes!

Les plaisirs de la chair, se sont sur moi, posés,
La lèvre m’a meurtrie et la dent m’a blessée,
Je porte avec orgueil la trace des baisers,
Je n’ai rien désiré que d’être caressée.

Je ne regrette pas les beaux soirs innocents,
La calme pureté des coeurs de jeunes filles,
Moi qui ne peux calmer la fièvre de mon sang,
Ni l’éclair de mes yeux, quand la voolupté brille.

De l’amour prodigué le long des jours passés,
Des baisers pénétrants, sur les lèvres que j’aime,
De ces morceaux de fleurs, entre mes doigts froissés,
J’ai fait un pur collier de perles et de gemmes.

Je porte fièrement ce mystique joyau,
Dont l’éternel éclat me brûle jusqu’à l’âme:
Moi; que l’amour aura marquée à mon berceau,
J’entraîne vers sa loi, le cortège des femmes.

Emilienne d’Alençon
(1869-1946)
Courtisane

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Emilienne d’Alençon: Le Balcon

 

Le Balcon

Au balcon de l’hôtel, nous étions accoudées.
Et nous avions au coeur, un tel recueillement
Que la nuit et la mer, à nos pieds déployées,
Semblaient venir à nous, silencieusement.

Le ciel était si proche, au fond de l’ombre immense,
Que nos gestes semblaient atteindre l’horizon,
Les vagues se taisaient et, dans le grand silence,
Tout ce que vous disiez prenait un sens très profond.

Et voici que soudain, des voix mystérieuses
Se mirent à chanter sur la mer, devant nous,
Et les unes étaient tendres et douloureuses,
Et d’autres résonnaient comme un rire très doux.

Les voix disaient le charme et la mélancolie
De la belle rencontre et du divin hasard,
Les voix disaient l’histoire obscure de la vie,
L’angoisse des adieux, les larmes du départ.

Ah! qui saura jamais, pourquoi sous ces étoiles,
Les être dans le soir, se seront pris la main,
Au lieu de s’en aller, comme s’en vont les voiles,
Sur les flots, vers des cieux différents et lointains.

J’ai senti contre moi, votre épaule plus chaude,
Le ciel, en pâlissant, faisait vos yeux plus clairs,
Et des parfums marins de sable, d’algue et d’iode,
Se mêlaient aux parfums qu’exhalait votre chair

Emilienne d’Alençon
(1869-1946)
Le Balcon
Août 1917

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