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Nerval, Gérard de

· Gérard de Nerval: Les heures du jour (Poéme) · Gérard de Nerval: Les heures de la nuit – Poéme · Gérard de Nerval: Pensée de Byron – Élégie · Gérard de Nerval: Notre-Dame de Paris – Poéme · Gérard de Nerval: A Victor Hugo – Poéme · Gérard de Nerval: A Madame Sand · Gérard de Nerval: Une femme est l’amour – Poéme · Gérard de Nerval: Le Temps · Gérard de Nerval: Les Écrivains · Gérard de Nerval: Les Papillons · Gérard de Nerval: Caligula

Gérard de Nerval: Les heures du jour (Poéme)

   

Les heures du jour

Nous sommes les Heures guerrières
Qui présidons aux durs travaux.
Quand Bellone ouvre les barrières,
Quand César marche à ses rivaux,
Notre cohorte échevelée
Pousse dans l’ardente mêlée
La ruse fertile en détours;
Et sur la plaine, vaste tombe
Où la moisson sanglante tombe,
Souriant à cette hécatombe,
Nous planons avec les vautours.

Gérard de Nerval
(1808 – 1855)
Les heures du jour – Poéme
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Gérard de Nerval: Les heures de la nuit – Poéme

 

Les heures de la nuit – Poéme

Nous sommes des Heures heureuses
Par qui le Plaisir est conduit;
Quand les étoiles amoureuses
Percent le voile de la nuit,
Près de la beauté qui repose,
Œil entr’ouvert, bouche mi-close,
Vers un lit parfumé de rose,
Nous guidons César et l’Amour.
Et, là, nous demeurons sans trêve
Jusqu’au moment où, comme un rêve,
L’Aube naissante nous enlève
Sur le premier rayon du jour.

Gérard de Nerval
(1808 – 1855)
Les heures de la nuit – Poéme

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Gérard de Nerval: Pensée de Byron – Élégie

Pensée de Byron – Élégie

Par mon amour et ma constance,
J’avais cru fléchir ta rigueur,
Et le souffle de l’espérance
Avait pénétré dans mon coeur ;
Mais le temps, qu’en vain je prolonge,
M’a découvert la vérité,
L’espérance a fui comme un songe…
Et mon amour seul m’est resté!

Il est resté comme un abîme
Entre ma vie et le bonheur,
Comme un mal dont je suis victime,
Comme un poids jeté sur mon coeur!
Pour fuir le piège où je succombe,
Mes efforts seraient superflus;
Car l’homme a le pied dans la tombe,
Quand l’espoir ne le soutient plus.

J’aimais à réveiller la lyre,
Et souvent, plein de doux transports,
J’osais, ému par le délire,
En tirer de tendres accords.
Que de fois, en versant des larmes,
J’ai chanté tes divins attraits !
Mes accents étaient pleins de charmes,
Car c’est toi qui les inspirais.

Ce temps n’est plus, et le délire
Ne vient plus animer ma voix;
Je ne trouve point à ma lyre
Les sons qu’elle avait autrefois.
Dans le chagrin qui me dévore,
Je vois mes beaux jours s’envoler;
Si mon oeil étincelle encore,
C’est qu’une larme va couler!

Brisons la coupe de la vie;
Sa liqueur n’est que du poison;
Elle plaisait à ma folie,
Mais elle enivrait ma raison.
Trop longtemps épris d’un vain songe,
Gloire ! amour ! vous eûtes mon coeur:
O Gloire ! tu n’es qu’un mensonge;
Amour! tu n’es point le bonheur!

Gérard de Nerval
(1808 – 1855)
Pensée de Byron – Élégie
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Gérard de Nerval: Notre-Dame de Paris – Poéme

 

 Notre-dame de Paris – Poéme

Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher!

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor:
—Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort!

Gérard de Nerval
(1808 – 1855)
Notre-Dame de Paris – Poéme
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Gérard de Nerval: A Victor Hugo – Poéme

   

A Victor Hugo – Poéme

De votre amitié, maître, emportant cette preuve
Je tiens donc sous mon bras le Rhin.
—J’ai l’air d’un fleuve
El je me sens grandir par la comparaison.

Mais le Fleuve sait-il lui pauvre
Dieu sauvage
Ce qui lui donne un nom, une source, un rivage,
Et s’il coule pour tous quelle en est la raison.

Assis au mamelon de l’immense nature,
Peut-être ignore-t-il comme la créature
D’où lui vient ce bienfait qu’il doit aux Immortels:

Moi je sais que de vous, douce et sainte habitude,
Me vient l’Enthousiasme et l’Amour et l’Étude,
Et que mon peu de feu s’allume à vos autels.

Gérard de Nerval
(1808 – 1855)
A Victor Hugo – Poéme
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Gérard de Nerval: A Madame Sand


 A Madame Sand

« Ce roc voûté par art, chef-d’oeuvre d’un autre âge,
Ce roc de Tarascon hébergeait autrefois
Les géants descendus des montagnes de Foix,
Dont tant d’os excessifs rendent sûr témoignage. »

O seigneur Du Bartas ! Je suis de ton lignage,
Moi qui soude mon vers à ton vers d’autrefois ;
Mais les vrais descendants des vieux Comtes de Foix
Ont besoin de témoins pour parler dans notre âge.

J’ai passé près Salzbourg sous des rochers tremblant ;
La Cigogne d’Autriche y nourrit les Milans,
Barberousse et Richard ont sacré ce refuge.

La neige règne au front de leurs pies infranchis ;
Et ce sont, m’a-t-on dit, les ossements blanchis
Des anciens monts rongés par la mer du Déluge.

Gérard de Nerval
(1808 – 1855)
A Madame Sand
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Gérard de Nerval: Une femme est l’amour – Poéme

 

 Une femme est l’amour – Poéme

Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance;
Aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé.
Elle élève le cœur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.

Courbé par le travail ou par la destinée,
L’homme à sa voix s’élève et son front s’éclaircit;
Toujours impatient dans sa course bornée,
Un sourire le dompte et son cœur s’adoucit.

Dans ce siècle de fer la gloire est incertaine :
Bien longtemps à l’attendre il faut se résigner.
Mais qui n’aimerail pas. dons sa grâce sereine,
La beauté qui la donne ou qui la fait gagner?

Gérard de Nerval
(1808 – 1855)
Une femme est l’amour – Poéme
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Gérard de Nerval: Le Temps

Gérard de Nerval

(1808-1855)

Le Temps

Ode

I

Le Temps ne surprend pas le sage ;
Mais du Temps le sage se rit,
Car lui seul en connaît l’usage ;
Des plaisirs que Dieu nous offrit,
Il sait embellir l’existence ;
Il sait sourire à l’espérance,
Quand l’espérance lui sourit.

II

Le bonheur n’est pas dans la gloire,
Dans les fers dorés d’une cour,
Dans les transports de la victoire,
Mais dans la lyre et dans l’amour.
Choisissons une jeune amante,
Un luth qui lui plaise et l’enchante ;
Aimons et chantons tour à tour !

III

” Illusions ! vaines images ! ”
Nous dirons les tristes leçons
De ces mortels prétendus sages
Sur qui l’âge étend ses glaçons ; ”
” Le bonheur n’est point sur la terre,
Votre amour n’est qu’une chimère,
Votre lyre n’a que des sons ! ”

IV

Ah ! préférons cette chimère
A leur froide moralité ;
Fuyons leur voix triste et sévère ;
Si le mal est réalité,
Et si le bonheur est un songe,
Fixons les yeux sur le mensonge,
Pour ne pas voir la vérité.

V

Aimons au printemps de la vie,
Afin que d’un noir repentir
L’automne ne soit point suivie ;
Ne cherchons pas dans l’avenir
Le bonheur que Dieu nous dispense ;
Quand nous n’aurons plus l’espérance,
Nous garderons le souvenir.

VI

Jouissons de ce temps rapide
Qui laisse après lui des remords,
Si l’amour, dont l’ardeur nous guide,
N’a d’aussi rapides transports :
Profitons de l’adolescence,
Car la coupe de l’existence
Ne pétille que sur ses bords !

(1824)

 

Gérard de Nerval: Le Temps

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Gérard de Nerval: Les Écrivains

Gérard de Nerval

(1808-1855)

 

Les Écrivains


Où fuir ? Où me cacher ? Quel déluge d’écrits,
En ce siècle falot vient infecter Paris,
En vain j’ai reculé devant le Solitaire,
Ô Dieu du mauvais goût ! Faut-il donc pour te plaire
Entasser des grands mots toujours vides de sens,
Chanter l’homme des nuits, ou l’esprit des torrents,
Mais en vain j’ai voulu faire entrer dans ma tête,
La foudre qui soupire au sein de la tempête,
Devant le Renégat j’ai pâli de frayeur ;
Et je ne sais pourquoi les esprits me font peur.

Ô grand Hugo, poète et raisonneur habile,
Viens me montrer cet art et grand et difficile,
Par lequel, le talent fait admirer aux sots,
Des vers, peut-être obscurs, mais riches de grands mots.
Ô Racine, Boileau ! vous n’étiez pas poètes,
Déposez les lauriers qui parèrent vos têtes,
Laissez à nos auteurs cet encens mérité,
Qui n’enivra jamais la médiocrité ;
Que vos vers relégués avec ceux de Virgile,
Fassent encore l’ennui d’un Public imbécile,
lis sont plats, peu sonnants, et souvent ennuyeux,
C’était peut-être assez pour nos tristes ayeux,
Esprits lourds et bornés, sans goût et sans usage,
Mais tout se perfectionne avec le temps et l’âge.

C’est comme vous parlez, ô sublimes auteurs,
Il ne faut pas, dit-on, disputer des couleurs,
Cependant repoussant le style Romantique
J’ose encor, malgré vous, admirer le classique
Je suis original, je le sais, j’en conviens,
Mais vous du Romantisme, ô glorieux soutiens,
Allez dans quelques clubs ou dans l’Académie
Lire les beaux produits de votre lourd génie,
Sans doute ce jour-là vous serez mis à neuf,
Paré d’un long jabot et d’un habit d’Elbeuf
Vous ferez retentir dans l’illustre assemblée,
Les sons lourds et plaintifs d’une muse ampoulée.

Quoi, misérable auteur que vieillit le travail,
Voilà donc le motif de tout cet attirail,
Surnuméraire obscur du Temple de la gloire,
Tu cherches les bravos d’un nombreux auditoire.
Eh quoi, tu ne crains pas que quelques longs sifflets,
Remplissent le salon de leurs sons indiscrets
Couvrant ta lourde voix au sortir de l’exorde,
En te faisant crier, grâce, Miséricorde !
Et c’était pour l’appât des applaudissements ?
Que dans ton cabinet tu séchas si longtemps ;
Voilà donc le motif de ta longue espérance
Quoi tout fut pour la gloire, et rien pour la science ?
Le savoir n’aurait donc aucun charme puissant
S’il n’était pas suivi d’un triomphe brillant,
Et tu lui préféras une vaine fumée,
Qui n’est pas la solide et bonne renommée
Sans compter direz-vous combien il est flatteur
D’entendre murmurer : C’est lui, ce grand auteur,
D’entendre le publie en citer des passages,
Et même après la mort admirer ses ouvrages ;
Pour le défunt, dis-tu, quel triomphe éclatant,
Sans doute pour le mort c’est un grand agrément
Sa gloire embellira sa demeure dernière,
La terre qui le couvre en est bien plus légère.

Ah ! C’est trop vous moquer de nos auteurs nouveaux,
Dis-tu, lorsque vous-même avez tous leurs défauts,
Mais en vain vous voulez censurer leurs ouvrages,
Vous les verrez toujours postuler des suffrages
Vous les verrez toujours occupés tout entiers,
A tirer leurs écrits des mains des Épiciers.
Mais vous, qui paraissez faire le moraliste,
De l’état d’Apollon ennuyeux rigoriste
Que retirez-vous de vos discours moraux ?
La haine des auteurs, et l’amitié des sots.

Ô toi qui me tint lieu jusqu’ici d’auditoire
Me crois-tu donc vraiment insensible à la gloire !
Si ma Plume jamais produisait des écrits ;
Qui ravissent la palme à tous nos beaux esprits.
J’aimerais à gagner un hommage sincère,
Mais je plains ton orgueil, Écrivain téméraire
Qui crois que les bravos qu’à dîner tu reçois,
Témoignent ton mérite, et sont de bon aloi.

Et cet Auteur encor qui sur la Place invite
A son maigre dîner, un maigre Parasite
Et qui lui dit ensuite à la fin du repas,
” Amis, parlez sans fraude, et ne me flattez pas,
” Trouvez-vous mes vers bons ? Dites en conscience ”
Peut-il à votre avis dire ce qu’il en pense ?

En plein barreau Damis est traité de voleur
Il prend pour sa défense un célèbre orateur
Comment défendra-t-il une cause pareille ?
Par des mots, de grands mots, et l’on dira, Mervei11e !

Eh ! Quoi peuple ignorant, vous gardez vos bravos,
Et vos cris répétés pour encenser les sots,
Croyez-vous qu’en chantant une chanson risible,
Un Pauvre à ses malheurs me rende bien sensible
Non, à d’autres plus sots il pourra s’adresser,
Et le vrai, le vrai seul pourra m’intéresser.

(1825)

Gérard de Nerval: Les Écrivains

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Gérard de Nerval: Les Papillons


G é r a r d   d e   N e r v a l

(1808-1855)

 

Les Papillons

I

De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu’aimez-vous mieux ? – Moi, les roses ;
– Moi, l’aspect d’un beau pré vert ;
– Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons ;
– Moi, le rossignol qui chante ;
– Et moi, les beaux papillons !

Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l’on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l’oiseau !…

Quand revient l’été superbe,
Je m’en vais au bois tout seul :
Je m’étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d’eux à son tour,
Passe comme une pensée
De poésie ou d’amour !

Voici le papillon “faune”,
Noir et jaune ;
Voici le “mars” azuré,
Agitant des étincelles
Sur ses ailes
D’un velours riche et moiré.

Voici le “vulcain” rapide,
Qui vole comme un oiseau :
Son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux ! le “soufré”, dans l’espace,
Comme un éclair a relui…
Mais le joyeux “nacré” passe,
Et je ne vois plus que lui !

II

Comme un éventail de soie,
Il déploie
Son manteau semé d’argent ;
Et sa robe bigarrée
Est dorée
D’un or verdâtre et changeant.

Voici le “machaon-zèbre”,
De fauve et de noir rayé ;
Le “deuil”, en habit funèbre,
Et le “miroir” bleu strié ;
Voici l'”argus”, feuille-morte,
Le “morio”, le “grand-bleu”,
Et le “paon-de-jour” qui porte
Sur chaque aile un oeil de feu !

Mais le soir brunit nos plaines ;
Les “phalènes”
Prennent leur essor bruyant,
Et les “sphinx” aux couleurs sombres,
Dans les ombres
Voltigent en tournoyant.

C’est le “grand-paon” à l’oeil rose
Dessiné sur un fond gris,
Qui ne vole qu’à nuit close,
Comme les chauves-souris ;
Le “bombice” du troëne,
Rayé de jaune et de vent,
Et le “papillon du chêne”
Qui ne meurt pas en hiver !…

Voici le “sphinx” à la tête
De squelette,
Peinte en blanc sur un fond noir,
Que le villageois redoute,
Sur sa route,
De voir voltiger le soir.

Je hais aussi les “phalènes”,
Sombres hôtes de la nuit,
Qui voltigent dans nos plaines
De sept heures à minuit ;
Mais vous, papillons que j’aime,
Légers papillons de jour,
Tout en vous est un emblème
De poésie et d’amour !

III

Malheur, papillons que j’aime,
Doux emblème,
A vous pour votre beauté !…
Un doigt, de votre corsage,
Au passage,
Froisse, hélas ! le velouté !…

Une toute jeune fille
Au coeur tendre, au doux souris,
Perçant vos coeurs d’une aiguille,
Vous contemple, l’oeil surpris :
Et vos pattes sont coupées
Par l’ongle blanc qui les mord,
Et vos antennes crispées
Dans les douleurs de la mort !…

 

Gérard de Nerval: Les Papillons

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Gérard de Nerval: Caligula


Gérard de Nerval

(1808-1855)

 

Caligula – I er chant

L’hiver s’enfuit ; le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n’a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !

Hiver était le seul maître des temps,
Lorsque Vénus sortit du sein de l’onde ;
Son premier souffle enfanta le printemps,
Et le printemps fit éclore le monde.

L’été brûlant a ses grasses moissons,
Le riche automne a ses treilles encloses,
L’hiver frileux son manteau de glaçons,
Mais le printemps a l’amour et les roses.

L’hiver s’enfuit, le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n’a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !


Caligula – II ème chant

De roses vermeilles
Nos champs sont fleuris,
Et le bras des treilles
Tend à nos corbeilles
Ses raisins mûris.

Puisque chaque année
Jetant aux hivers
Sa robe fanée,
Renaît couronnée
De feuillages verts,

Puisque toute chose
S’offre à notre main
Pour qu’elle en dispose,
Effeuillons la rose,
Foulons le raisin ;

Car le temps nous presse
D’un constant effort ;
Hier la jeunesse,
Ce soir la vieillesse,
Et demain la mort.

Étrange mystère !
Chaque homme à son tour
Passe solitaire
Un jour sur la terre ;

Mais pendant ce jour,
De roses vermeilles
Nos champs sont fleuris,
Et le bras des treilles
Tend à nos corbeilles
Ses raisins mûris.

Caligula – III ème chant

César a fermé la paupière ;
Au jour doit succéder la nuit ;
Que s’éteigne toute lumière,
Que s’évanouisse tout bruit.

A travers ces arcades sombres,
Enfants aux folles passions,
Disparaissez comme des ombres,
Fuyez comme des visions.

Allez, que le caprice emporte
Chaque àme selon son désir,
Et que, close après vous, la porte
Ne se rouvre plus qu’au plaisir.

Gérard de Nerval: Caligula

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