Or see the index
Renée Crevel
(1900-1935)
Nuit
Doucement pour dormir à l’ombre de l’oubli
ce soir
je tuerai les rôdeurs
silencieux danseurs
de la nuit
et dont les pieds de velours noir
sont un supplice à ma chair nue
un supplice doux comme l’aile des chauves-souris
et subtil à porter l’effroi
dans les coins où la peau se fait craintive, émue
pour mieux aimer, pour avoir peur
d’un autre corps et du froid.
Mais quel fleuve pour fuir ce soir ô ma raison ?
C’est l’heure des mauvais garçons
L’heure des mauvais voyous.
Deux grands yeux d’ombre dans la nuit
seraient pour moi si doux, si doux.
Prisonnier des tristes saisons
Je suis seul, un beau crime à lui
là-bas, là-bas à l’horizon
quelque serpent peut-être et glacé de n’aimer point.
Mais où coule, où coule au loin
Le fleuve dont on a besoin
pour fuir ce soir la raison ?
Sur les berges vont les filles
leurs yeux sont las, leurs cheveux brillent.
Je ne sais rien dire à ces filles
dont ils sont
les mauvais garçons
dont ils sont
les fiers maquignons.
Je suis seul, un beau crime à lui.
Deux grands yeux d’ombre dans la nuit
seraient pour moi si doux, si doux.
C’est l’heure des mauvais voyous.
Renée Crevel poetry
kempis.nl poetry magazine
More in: Archive C-D, Crevel, Renée
Renée Crevel
(1900-1935)
Mais si la mort n’était qu’un mot
Orgueil ou paresse –les deux peut-être– l’intelligence à l’état de veille prétend domestiquer les énigmes. Ainsi, du temps et de l’espace, nos jours ont fait des animaux dociles. Quant aux notions de vie ou de mort qui ne se laissent guère apprivoiser, pour fuir leur angoisse essentielle (angoisse qui, d’ailleurs, me semble seule capable de donner l’indiscutable sensation d’être) chaque minute essaie quelque nouveau suicide. A qui parle de la mort ou du geste qui la peut donner, le paradoxe est facile, mais comment ne point noter que déjà fut un suicide la vie de tel ou tel. Barrès destructeur ne se détruit que le jour où, arbitrairement, il construit. Au contraire, le Romain de la décadence s’ouvrant les veines, me semble si naturel que j’ose à peine parler de suicide ; car le sénateur romain s’ouvrant les veines ne renonçait pas à lui-même mais, au contraire, avait un dernier geste logique pour s’affirmer. J’entends que les hommes intelligents, trop intelligents (c’est l’esprit critique, assassin des possibilités, qui nous tue), usent et ont raison d’user contre eux-mêmes, de la corde, du poison, du revolver, etc., tout comme les nerveux prennent du Dial Cyba le soir, avant de se coucher, pour mieux dormir. Or sommeil, dont nous disons qu’il est l’image de la mort, réserve aux esprits inquiets les douloureuses surprises des rêves. Je ne puis croire que les intelligences supérieures aux préoccupations terrestres et qui s’en voulurent à jamais délivrer aient brisé, par le geste appelé suicide, la parabole d’une ascension. Au contraire, ceux dont on constate qu’il s’étourdissent ou se tuent de travail me paraissent des faibles, car le travail, l’activité humaine, sont des stupéfiants qui n’ont même point, pour séduire, telle ou telle petite note pittoresque (bien discutable quant à sa qualité d’ailleurs) mais qu’il est impossible de n’accorder point à d’autres stupéfiants. La plupart des hommes qui marchent et respirent ne méritent guère, dans notre civilisation occidentale, l’éloge d’hommes vivants puisqu’ils ne marchent et respirent que pour éviter la compagnie de ces problèmes qui, au reste, finiront toujours par venir les reprendre au jour de leur agonie. Il me faut donc déjà conclure : le mouvement est simulacre ; il est une forme de suicide, le suicide des lâches, puisque, laissant des possibilités pour l’avenir, il calme à la fois la peur de l’au-delà et l’ennui de vivre. Mais les calculs sont toujours faux. Le mensonge de l’activité spontanément se dénonce.
Oiseaux du mystère, oiseaux qui chantez au plus silencieux de moi-même, pour vous avoir entendus après le départ des autres hommes, je sais que, seule, la solitude permet quelque espoir de vérité. Certaine sensation d’âme trop bien enracinée pour que j’en puisse triompher, me force à confondre vie et vérité. Si la mort existe (la mort que les esprits forts ont, de tout temps, assimilée au néant), elle m’apparaît illogique. Certaine forme d’activité me semblant dénuée de raison valable, nul ne s’étonnera donc de me la voir, je le répète, considérer comme une forme de la mort. L’agitation emprisonne le corps, l’intelligence. Qu’on parle de filet ou de murs, le corps et l’intelligence sont emprisonnés, voilà le fait. Volière tyrannique, sous leurs ailes, dans la captivité de plomb devenues, meurent nos oiseaux de mystère. Mais vienne la nuit. Le grillage des simulacres ne résiste plus. Vague comme un ciel et comme un ciel indéniable, une certitude secrète spontanément domine les constructions de nos jours. La moindre secousse est tremblement de terre. Tours écroulées, les oiseaux rient dans nos rêves et, par vengeance, épanouissent l’éventail de leurs plus belles et plus terribles plumes. Par les rues des villes, mon corps qui se croyait éveillé fut somnambule. Dans sa maison endormie (la paix ! mes yeux, ma poitrine, mes bras, mes jambes, mon sexe), oui, dans sa maison endormie, mon esprit retrouve sa sérénité. La vie, la mort ? Mon esprit ne permet à mon corps de continuer à vivre que par certain masochisme bien illogique.
Au réveil, je me souviens mal. Tout de même, je ne puis oublier que tel rêve avait le goût de la vie, tel autre le goût de la mort, aussi précisément que tel plat avait le goût du sucre, tel autre, le goût du sel. C’est pourquoi, je me demande : à quoi bon protéger de la mort mes jours ?
La recherche des causes finales, comme une vierge consacrée à Dieu, est stérile, écrivait Bacon. Or, il faut beaucoup de frivolité pour préférer à cette vierge stérile ses sœurs fécondes. La recherche des causes qui ne sont pas finales vaut juste un divertissement. Faute de mieux, à l’égal des autres divertissements (voyages, dancings, essais sexuels), elle ne peut qu’aider à tuer le temps. Tuer le temps ? Mais si je commence à vouloir tuer le temps, l’ennui devenant plus fort à mesure que j’en désire triompher, je me retrouve contraint à de perpétuelles surenchères. Pour qui se refuse au terrible secours des problèmes essentiels, bien vite il n’y a d’autres possibilité que le geste ultime : le suicide.
Ainsi qui veut prendre des chemins frivoles et se soustraire à toute angoisse, n’en est pas moins obligé d’envisager l’idée de mort. Une telle nécessité, forçant à la douleur les plus médiocres, prête toujours une beauté tragique aux fêtes des hommes.
Mais, dira-t-on, certains se couchent sans avoir agi, sans avoir bu, sans avoir dansé, qui ne feront même l’amour avant de s’endormir. Supposons un de ceux-là en paix avec lui-même. Il pense que sa journée fut bonne, car rien ne s’y trouva désiré ou accompli qui pût choquer des soucis moraux intimes non plus que des conventions. Notre homme en paix se laisse glisser dans ses draps, se réjouit du sommeil à venir, se souhaite une bonne nuit, glousse d’aise, s’écoute glousser d’aise et s’endort.
Belle catastrophe ! Voilà qu’un premier rêve le prend, le prolonge dans la nuit, l’empêche de croire à l’oubli, au sommeil, à la mort. Il se dit que, s’il a tué le temps, dévoré l’espace, c’est qu’il voulait se tuer avec le temps, se dévorer avec l’espace. Une volonté d’anéantissement était à la naissance de tous ses actes. Il désirait prendre une notion des choses pour perdre celle qu’il allait prendre de lui-même. Il pensait que chaque réussite devait être une victoire contre soi bien plus qu’une victoire contre les autres. Il a mesuré le temps, l’espace, pour que ne viennent plus le hanter les notions de Dieu, d’absolu, de vie, de mort. Mais, hors du temps et de l’espace, il reste lui et il sait que sa vie, sa mort ne sauraient être confondues avec la vie, la mort des kilos de viande qui le désignent aux sens des autres. Le sommeil de son corps n’est pas son sommeil. Lui-même, il ne peut se mesurer. Alors, à quoi bon les bornes kilométriques, les montres ? Il a fait comme s’il savait où allait le chemin, combien valait l’heure. Il a marché, il a compté. En fait, il a continué d’ignorer la route, le nombre.
Économie, lâcheté, impuissance. Vaines sont les consolations offertes à sa curiosité, à l’inquiétude de son âme, consolations qu’il baptisait pompeusement : vérités relatives .
La vie est-elle constituée de l’ensemble des phénomènes bien connus ? Notre homme aime-t-il la vie ? Si oui, ayant mis dans cette vie toutes ses complaisances, son amour de la vie, s’il use de quelque logique, va le contraindre à se donner la mort, car, en vérité, si tant de moines vécurent vieux, aimant et désirant la mort, les jouisseurs des villes intelligentes se tuent jeunes, aimant et désirant la vie. N’est-ce pas Pétrone ? En effet, l’amour qui se veut justifier ou se trouve dans l’obligation de se vouloir justifier, critiquera ce dont justement il est né.
C’est de cette critique que sort l’activité dont l’ensemble est égal à la somme de ce que nous appelons suicides provisoires .
Mais, puis-je imaginer qu’à la suite de ces suicides provisoires, un geste définitif me permettra d’achever à jamais une vie que j’aime lorsque je la crois précaire et que j’exècre dès qu’elle me semble la simple projection terrestre d’un moment de marche éternelle ? L’intelligence pousse au suicide. Mais j’ai parlé de certaine sensation d’âme. Cette sensation d’âme, qui n’est ni la peur ni la joie, me force à poursuivre ce que j’ai entrepris.
Au reste, la hantise du suicide n’est-elle pas le meilleur remède contre le suicide ?
1925
Renée Crevel poetry & prose
kempis.nl poetry magazine
More in: Archive C-D, Crevel, Renée
Renée Crevel
(1900-1935)
Tu as le remord
Tu as le remords d’avoir tué ton père sans avoir même acquis cent années de souvenirs.
Toujours les neurasthénies comme des fleurs en mie de pain.
Si tu essayais du tric-trac.
Sautent les dés.
Homme ou femme?
Chien ou chat?
Mais il y aura le chien qui sera tout de même un chat,
encore la vieille chanson des départs qui restent
et puis ce fauteuil de bois.
Les poitrines n’ont plus qu’un sein tout en haut des corps sans sexes;
Ton enfance fut aux curés en jupes de femmes;
dans la crypte du Sacré-Coeur tu n’as pas su faire l’amour.
Un oiseau dans ton cerveau.
Cet oiseau sans voix,
cet oiseau qui n’a pas volé,
cet oiseau qui n’a pas chanté,
apte au seul frisson de l’inutilité.
Comme des frères il aimait,
les bateaux petits;
bateaux colibris,
leur essaim posé
n’a rien enseigné.
Rouille, sang de carcasses
figé dans la mort,
et puis toujours et puis encor
alentour une eau si lasse
avec le plomb des ménagères
trop souvent mères.
Tu as froid mais ne sait ni mourir ni pleurer.
Triste entre les quais méchants
que tout homme ici-bas méprise,
tu vas, fleuve des villes grises
et sans espoir d’océan
Renée Crevel poetry
kempis.nl poetry magazine
More in: Archive C-D, Crevel, Renée
Renée Crevel
(1900-1935)
Regard
Ton regard couleur de fleuve
Est l’eau docile et qui change
Avec le jour qu’elle abreuve.
Petit matin, Robe d’ange
Un pan du manteau céleste
Sous tes cils, entre les rives
S’est pris. Coule, coule eau vive.
La nuit part, mais l’amour reste
Et ma main sent battre un cœur.
L’aube a voulu parer nos corps de sa candeur.
Fête-Dieu.
Le désir matinal a repris nos corps nus
Pour sculpter une chair que nous avions cru lasse.
Sur les fleuves au loin déjà les bateaux passent.
Nos peaux après l’amour ont l’odeur du pain chaud.
Si l’eau des fleuves est pour nos membres,
Tes yeux laveront mon âme ;
Mais ton regard liquide au midi que je crains
Deviendra-t-il de plomb ?
J’ai peur du jour, du jour trop long
Du jour qu’abreuve ton regard couleur de fleuve
Or dans un soir pavé pour de jumeaux triomphes
Si la victoire crie la volupté des anges,
Que se révèle en lui la Majesté d’un Gange.
Renée Crevel poetry
kempis.nl poetry magazine
More in: Archive C-D, Crevel, Renée
Renée Crevel
(1900-1935)
Elle ne suffit l’éloquence
Elle ne suffit pas l’éloquence.
Mon cœur ce soir se balance
Et glisse au fil d’une paupière
Lampion de misère
Qui n’éclaire pas ma nuit.
Homme noir mais non d’onyx
Homme couleur de dépit
Titubant par le marais des petites haines
Tu voudrais
Comme une alouette son miroir
Un soleil où mourir avec ta peine.
Tu cherches mais trop inquiet
Pour trouver ton Reposoir.
Rien ne brille
Ni les yeux, ni le fer, ni l’aimant anonyme
Qui libèrent de mille clous
Tes douleurs
Où l’essaim des mouches au vol boiteux
Des mouches qui n’ont qu’une aile
Allument de piètres étoiles de sang.
Jongleur
Jongleur de paroles
Tes mots s’écrasent contre les murs.
Ton angoisse –encore un ruban frivole–
Couronne
Un cerveau qui trop longtemps a joué au « pigeon vole ».
Les lettres du désespoir
Ce soir
Sont égales aux lettres des bonheurs d’autrefois.
Que dirai-je alors !
Que te dirai-je à toi
Frère né de mes pieds.
Sur un sol où tu ne vis que pour m’épier.
Trottoir que j’ai suivi
Pour son mensonge de granit.
J’ai oublié que là-bas était la mer
Et j’ai fui l’eau miroir d’étoiles
Pour chanter une main
Dans une autre main.
Fleuve vert
Enfance douce
Pitié pour l’homme qui passe
L’homme qui mord sa lèvre
Dans ses lèvres
Car il a peur d’oublier le goût de bouche.
Timonier brun, sous la toile bleue
La peau couler de cheveux
Holà ! beau voyageur
Tu allais vers la mer
Maintenant tu marches au ciel, un trou un hublot
Je suis le noyé des terres.
Dis qu’il n’est pas trop tard
O mon orgueil, pour jouer au phare.
Et sur le matelas des herbes tendres
Tombe en triangles de métal.
Mon cœur aura beau hurler son mal
Mon cœur j’en ferai des lanières
Des lanières que je saurai teindre
Ou tordre en chiffres
Plus définitifs
Que les œufs dans leurs coquilles
Et les momies dans leur robe d’or.
Et toi, mon corps, maudis les sens comme un malade ses béquilles.
1924
Renée Crevel poetry
kempis.nl poetry magazine
More in: Archive C-D, Crevel, Renée
Renée Crevel
(1900-1935)
Autobiographie
Né le 10 août 1900 à Paris de parents parisiens, ce qui lui permet d’avoir l’air slave. Lycée, Sorbonne, Faculté de Droit, Service militaire jusqu’à la fin de 1923, d’où l’impression de ne vivre vraiment que depuis peu de mois. N’est allé ni au Thibet ni au Groenland, ni même en Amérique, mais les voyages qui n’ont pas eu lieu en surface on a tenté de les faire en profondeur. Ainsi, peut se vanter de bien connaître certaines rues et leurs hôtels de jour et de nuit.
A horreur de tous les esthétismes, qu’il s’agisse de celui d’Oxford et de pantalons larges, de celui des remords de cinéma avec leurs maisons de guingois, de celui des nègres et du jazz, des bals musettes et des pianos mécaniques…, etc. Voudrait bien pour des romans futurs retrouver des personnages aussi nus, aussi vivants que les couteaux et fourchettes qui figuraient les hommes et les femmes dans les histoires destinées à demeurer inédites qu’il se racontait enfant.
Avait commencé des recherches pour une thèse de doctorat ès lettres sur Diderot romancier , quand, avec Marcel Arland, Jacques Baron, Georges Limbour, Max Morise, Roger Vitrac, il fonda une revue « Aventure » qui lui valut d’oublier le XVIII siècle pour le XX. C’est alors qu’il connut Louis Aragon, André Breton, Paul Eluard, Philippe Soupault, Tristan Tzara, et un jour, devant un tableau de Giorgio de Chirico, il eut enfin la vision d’un monde nouveau. Il négligea définitivement le vieux grenier logico-réaliste, comprenant qu’il était lâche de se confiner dans une médiocrité raisonneuse, que, chez les vrais poètes, il ne trouvait ni jeux ni mots, ni jeux d’images, mais qu’il les aimait –et parmi eux tout particulièrement Rimbaud et Lautréamont– pour leur pouvoir libérateur.
A participé aux premières expériences hypnotiques d’où André Breton tira des arguments pour son Manifeste du Surréalisme . A donc pu constater de lui-même que le Surréalisme était le moins littéraire et le plus désintéressé des mouvements, et persuadé qu’il n’est pas de vie morale possible pour qui n’est point docile aux voies souterraines ou se refuse à reconnaître la réalité des forces obscures, a décidé une fois pour toutes, et au risque de passer pour un Don Quichotte, un arriviste ou un fou, d’essayer tant par ses actes que par ses écrits, d’écarter les barrières qui limitent l’homme et ne le soutiennent pas.
Son premier roman Détours (N.R.F/ 1924), une œuvre, un portrait (épuisé), était une promenade préliminaire où les critiques, et en particulier Benjamin Vrémieux, Edmond Jaloux, Albert Thibaudet, on reconnu des attitudes, des flâneries et des rages caractéristiques du jeune homme actuel. Mon corps et moi (1925), roman dont le héros porte en soi toutes ses aventures et où les gestes, les personnages ne sont que des prétextes, est un panorama intérieur.
1926
Biographie de René Crevel
Un des quatre enfants d’une famille bourgeoise, avec un père imprimeur et une mère austère, René Crevel apprend le piano et fréquente le lycée Janson-de-Sailly. L’événement traumatisant, quand il a quatorze ans, est le suicide de son père par pendaison. René Crevel s’inscrit à la Sorbonne en droit et en lettres, mais, aux cours, préfère lire et discuter avec des gens liés aux mouvances littéraires d’avant-garde. En 1921, il rencontre André Breton et rejoint les surréalistes, les initiant aux expériences de sommeil hypnotique, avant de rejoindre Tzara et le Dadaïsme pour renouer en 1929 avec les surréalistes. Dans ses trois premiers romans, ‘Détours’ (1924), ‘Mon corps et moi’ (1925) et ‘La Mort difficile’ (1926), René Crevel nous livre, sur le ton de la dérision et de l’humour noir, le panorama intérieur de ses angoisses, le suicide de son père et la haine de sa mère. Il poursuivra cette exploration des profondeurs de son âme par la psychanalyse. Avec ‘Babylone’ (1927) et ‘Etes-vous fous ?’ (1929), il tente de rendre compte des processus inconscients, recomposant cet état de rêve par la prédominance des analogies, d’affabulations et de personnages arbitraires, réconciliant ainsi roman et surréalisme. Il est également l’auteur d’essais théoriques sur le surréalisme, rassemblés dans ‘L’ Esprit contre la raison’ (1927). René Crevel met fin à ses jours à 35 ans.
Renée Crevel poetry & prose
fleursdumal.nl magazine
More in: Archive C-D, Crevel, Renée, SURREALISM, Surrealisme
Renée Crevel
(1900-1935)
Métro
Les nègres de mon enfance
tachaient bien le ciel de France
mais leur flûte en acajou
savait un air drôle et doux.
Or les nègres ont perdu
jusqu’à l’orgueil de couleur.
Et de marine vêtus
ils croient encore au bonheur.
Ces enfants des pays chauds
aujourd’hui sont devenus
chefs de gare du métro.
1924
Renée Crevel poetry
kempis.nl poetry magazine
More in: Archive C-D, Crevel, Renée
Thank you for reading Fleurs du Mal - magazine for art & literature