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Noailles, Anna de

· L’hiver par Anna de Noailles · ANNA DE NOAILLES: IL N’EST PAS UN INSTANT · ANNA DE NOAILLES: LA MORT DIT À L’HOMME . . . · ANNA DE NOAILLES: L’INQUIET DÉSIR · Anna de Noailles: La mort fervente · Anna de Noailles: A la nuit · Anna de Noailles: La vie profonde · Anna de Noailles: Les rêves · Anna de Noailles: La nuit, lorsque je dors · Anna de Noailles: Le coeur · Anna de Noailles: Les parfums

L’hiver par Anna de Noailles

L’hiver

C’est l’hiver sans parfum ni chants.
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.

Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.

Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles.

– Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,

Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.

Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.

– Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles.

Anna de Noailles
(1876 – 1933)
L’hiver

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ANNA DE NOAILLES: IL N’EST PAS UN INSTANT

AnnadeNoailles02 forain

Anna de Noailles
(1876-1933)

Il n’est pas un instant

Il n’est pas un instant où près de toi couchée
Dans la tombe ouverte d’un lit,
Je n’évoque le jour où ton âme arrachée
Livrera ton corps à l’oubli. […]

Quand ma main sur ton coeur pieusement écoute
S’apaiser le feu du combat,
Et que ton sang reprend paisiblement sa route,
Et que tu respires plus bas,

Quand, lassés de l’immense et mouvante folie
Qui rend les esprits dévorants,
Nous gisons, rapprochés par la langueur qui lie
Le veilleur las et le mourant,

Je songe qu’il serait juste, propice et tendre
D’expirer dans ce calme instant
Où, soi-même, on ne peut rien sentir, rien entendre
Que la paix de son coeur content.

Ainsi l’on nous mettrait ensemble dans la terre,
Où, seule, j’eus si peur d’aller ;
La tombe me serait un moins sombre mystère
Que vivre seule et t’appeler.

Et je me réjouirais d’être un repas funèbre
Et d’héberger la mort qui se nourrit de nous,
Si je sentais encor, dans ce lit des ténèbres,
L’emmêlement de nos genoux…

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ANNA DE NOAILLES: LA MORT DIT À L’HOMME . . .

AnnadeNoailles05

Anna de Noailles
(1876-1933)

La mort dit à l’homme…

Voici que vous avez assez souffert, pauvre homme,
Assez connu l’amour, le désir, le dégoût,
L’âpreté du vouloir et la torpeur des sommes,
L’orgueil d’être vivant et de pleurer debout…

Que voulez-vous savoir qui soit plus délectable
Que la douceur des jours que vous avez tenus,
Quittez le temps, quittez la maison et la table ;
Vous serez sans regret ni peur d’être venu.

J’emplirai votre coeur, vos mains et votre bouche
D’un repos si profond, si chaud et si pesant,
Que le soleil, la pluie et l’orage farouche
Ne réveilleront pas votre âme et votre sang.

– Pauvre âme, comme au jour où vous n’étiez pas née,
Vous serez pleine d’ombre et de plaisant oubli,
D’autres iront alors par les rudes journées
Pleurant aux creux des mains, des tombes et des lits.

D’autres iront en proie au douloureux vertige
Des profondes amours et du destin amer,
Et vous serez alors la sève dans les tiges,
La rose du rosier et le sel de la mer.

D’autres iront blessés de désir et de rêve
Et leurs gestes feront de la douleur dans l’air,
Mais vous ne saurez pas que le matin se lève,
Qu’il faut revivre encore, qu’il fait jour, qu’il fait clair.

Ils iront retenant leur âme qui chancelle
Et trébuchant ainsi qu’un homme pris de vin ;
– Et vous serez alors dans ma nuit éternelle,
Dans ma calme maison, dans mon jardin divin…

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ANNA DE NOAILLES: L’INQUIET DÉSIR

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Anna de Noailles
(1876-1933)

L’inquiet désir

Voici l’été encor, la chaleur, la clarté,
La renaissance simple et paisible des plantes,
Les matins vifs, les tièdes nuits, les journées lentes,
La joie et le tourment dans l’âme rapportés.

– Voici le temps de rêve et de douce folie
Où le coeur, que l’odeur du jour vient enivrer,
Se livre au tendre ennui de toujours espérer
L’éclosion soudaine et bonne de la vie,

Le coeur monte et s’ébat dans l’air mol et fleuri.
– Mon coeur, qu’attendez-vous de la chaude journée,
Est-ce le clair réveil de l’enfance étonnée
Qui regarde, s’élance, ouvre les mains et rit ?

Est-ce l’essor naïf et bondissant des rêves
Qui se blessaient aux chocs de leur emportement,
Est-ce le goût du temps passé, du temps clément,
Où l’âme sans effort sentait monter sa sève ?

– Ah ! mon coeur, vous n’aurez plus jamais d’autre bien
Que d’espérer l’Amour et les jeux qui l’escortent,
Et vous savez pourtant le mal que vous apporte
Ce dieu tout irrité des combats dont il vient…

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Anna de Noailles: La mort fervente

AnnadeNoailles06

Anna de Noailles
(1876-1933)

La mort fervente

Mourir dans la buée ardente de l’été,
Quand parfumé, penchant et lourd comme une grappe,
Le coeur, que la rumeur de l’air balance et frappe,
S’égrène en douloureuse et douce volupté.

Mourir, baignant ses mains aux fraîcheurs du feuillage,
Joignant ses yeux aux yeux fleurissants des bois verts,
Se mêlant à l’antique et naissant univers,
Ayant en même temps sa jeunesse et son âge,

S’en aller calmement avec la fin du jour ;
Mourir des flèches d’or du tendre crépuscule,
Sentir que l’âme douce et paisible recule
Vers la terre profonde et l’immortel amour.

S’en aller pour goûter en elle ce mystère
D’être l’herbe, le grain, la chaleur et les eaux,
S’endormir dans la plaine aux verdoyants réseaux,
Mourir pour être encor plus proche de la terre…

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Anna de Noailles: A la nuit

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Anna de Noailles
(1876-1933)

A la nuit

Nuits où meurent l’azur, les bruits et les contours,
Où les vives clartés s’éteignent une à une,
Ô nuit, urne profonde où les cendres du jour
Descendent mollement et dansent à la lune,

Jardin d’épais ombrage, abri des corps déments,
Grand coeur en qui tout rêve et tout désir pénètre
Pour le repos charnel ou l’assouvissement,
Nuit pleine des sommeils et des fautes de l’être,

Nuit propice aux plaisirs, à l’oubli, tour à tour,
Où dans le calme obscur l’âme s’ouvre et tressaille
Comme une fleur à qui le vent porte l’amour,
Ou bien s’abat ainsi qu’un chevreau dans la paille,

Nuit penchée au-dessus des villes et des eaux,
Toi qui regardes l’homme avec tes yeux d’étoiles,
Vois mon coeur bondissant, ivre comme un bateau,
Dont le vent rompt le mât et fait claquer la toile !

Regarde, nuit dont l’oeil argente les cailloux,
Ce coeur phosphorescent dont la vive brûlure
Éclairerait, ainsi que les yeux des hiboux,
L’heure sans clair de lune où l’ombre n’est pas sûre.

Vois mon coeur plus rompu, plus lourd et plus amer
Que le rude filet que les pêcheurs nocturnes
Lèvent, plein de poissons, d’algues et d’eau de mer
Dans la brume mouillée, agile et taciturne.

A ce coeur si rompu, si amer et si lourd,
Accorde le dormir sans songes et sans peines,
Sauve-le du regret, de l’orgueil, de l’amour,
Ô pitoyable nuit, mort brève, nuit humaine !…

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Anna de Noailles: La vie profonde

AnnadeNoailles01

Anna de Noailles
(1876-1933)

La vie profonde

Être dans la nature ainsi qu’un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l’orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l’espace !

Sentir, dans son coeur vif, l’air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
– S’élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l’ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l’eau,
Et comme l’aube claire appuyée au coteau
Avoir l’âme qui rêve, au bord du monde assise…

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Anna de Noailles: Les rêves

AnnadeNoailles02 forain

Anna de Noailles
(1876-1933)

Les rêves

Le visage de ceux qu’on n’aime pas encor
Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves,
Et va s’illuminant sur de pâles décors
Dans un argentement de lune qui se lève.

Il flotte du divin aux grâces de leur corps,
Leur regard est intense et leur bouche attentive ;
Il semble qu’ils aient vu les jardins de la mort
Et que plus rien en eux de réel ne survive.

La furtive douceur de leur avènement
Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices,
Nous pressentons en eux d’impérieux amants
Venus pour nous afin que le sort s’accomplisse ;

Ils ont des gestes lents, doux et silencieux,
Notre vie uniment vers leur attente afflue :
Il semble que les corps s’unissent par les yeux
Et que les âmes sont des pages qu’on a lues.

Le mystère s’exalte aux sourdines des voix,
A l’énigme des yeux, au trouble du sourire,
A la grande pitié qui nous vient quelquefois
De leur regard, qui s’imprécise et se retire…

Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir,
Où l’on se sent le coeur trop las pour se défendre,
Où l’âme est triste ainsi qu’au moment de mourir ;
Ce sont des unions lamentables et tendres…

Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui,
Mystérieusement les élus du mensonge,
Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits,
Offert nos lèvres d’ombre, ouvert nos bras de songe.

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Anna de Noailles: La nuit, lorsque je dors

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Anna de Noailles
(1876-1933)

La nuit, lorsque je dors

La nuit, lorsque je dors et qu’un ciel inutile
Arrondit sur le monde une vaine beauté,
Quand les hautes maisons obscures de la ville
Ont la paix des tombeaux d’où le souffle est ôté,

Il n’est plus, morts dissous, d’inique différence
Entre mon front sans âme et vos corps abolis,
Et la même suprême et morne tolérance
Apparente au néant le silence des lits !

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Anna de Noailles: Le coeur

AnnadeNoailles03

Anna de Noailles
(1876-1933)

Le coeur

Mon coeur tendu de lierre odorant et de treilles,
Vous êtes un jardin où les quatre saisons
Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles
Et des pommes de pin, dansent sur le gazon…
– Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives
Vous êtes le coteau qui regarde la mer,
Ivre d’ouïr chanter, quand le matin arrive,
La cigale collée au brin de menthe amer.
– Vous êtes un vallon escarpé ; la nature
Tapisse votre espace et votre profondeur
De mousse délicate et de fraîche verdure.
– Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur
Le verger fleurissant et le gai pâturage
Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents
Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage.
– Et vous êtes aussi, coeur grave et violent,
La chaude, spacieuse et prudente demeure
Pleine de vins, de miel, de farine et de riz,
Ouverte au bon parfum des saisons et des heures,
Où la tendresse humaine habite et se nourrit…

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Anna de Noailles: Les parfums

AnnadeNoailles01

 Anna de Noailles
(1876-1933)

Les parfums

Mon coeur est un palais plein de parfums flottants
Qui s’endorment parfois aux plis de ma mémoire,
Et le brusque réveil de leurs bouquets latents
– Sachets glissés au coin de la profonde armoire –
Soulève le linceul de mes plaisirs défunts
Et délie en pleurant leurs tristes bandelettes…
Puissance exquise, dieux évocateurs, parfums,
Laissez fumer vers moi vos riches cassolettes !
Parfum des fleurs d’avril, senteur des fenaisons,
Odeur du premier feu dans les chambres humides,
Arômes épandus dans les vieilles maisons
Et pâmés au velours des tentures rigides ;
Apaisante saveur qui s’échappe du four,
Parfum qui s’alanguit aux sombres reliures,
Souvenir effacé de notre jeune amour
Qui s’éveille et soupire au goût des chevelures ;
Fumet du vin qui pousse au blasphème brutal,
Douceur du grain d’encens qui fait qu’on s’humilie,
Arome jubilant de l’azur matinal,
Parfums exaspérés de la terre amollie ;
Souffle des mers chargés de varech et de sel,
Tiède enveloppement de la grange bondée,
Torpeur claustrale éparse aux pages du missel,
Acre ferment du sol qui fume après l’ondée ;
Odeur des bois à l’aube et des chauds espaliers,
Enivrante fraîcheur qui coule des lessives,
Baumes vivifiants aux parfums familiers,
Vapeur du thé qui chante en montant aux solives !
– J’ai dans mon coeur un parc où s’égarent mes maux
Des vases transparents où le lilas se fane,
Un scapulaire où dort le buis des saints rameaux,
Des flacons de poison et d’essence profane.
Des fruits trop tôt cueillis mûrissent lentement
En un coin retiré sur des nattes de paille,
Et l’arome subtil de leur avortement
Se dégage au travers d’une invisible entaille…
– Et mon fixe regard qui veille dans la nuit
Sait un caveau secret que la myrrhe parfume,
Où mon passé plaintif, pâlissant et réduit,
Est un amas de cendre encor chaude qui fume.
– Je vais buvant l’haleine et les fluidités
Des odorants frissons que le vent éparpille,
Et j’ai fait de mon coeur, aux pieds des voluptés,
Un vase d’Orient où brûle une pastille…

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