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Il y a
Il y a des petits ponts épatants
Il y a mon cœur qui bat pour toi
Il y a une femme triste sur la route
Il y a un beau petit cottage dans un jardin
Il y a six soldats qui s’amusent comme des fous
Il y a mes yeux qui cherchent ton image
Il y a un petit bois charmant sur la colline
Et un vieux territorial pisse quand nous passons
Il y a un poète qui rêve au ptit Lou
Il y a un ptit Lou exquis dans ce grand Paris
Il y a une batterie dans une forêt
Il y a un berger qui paît ses moutons
Il y a ma vie qui t’appartient
Il y a mon porte-plume réservoir qui court, qui court
Il y a un rideau de peupliers délicat, délicat
Il y a toute ma vie passée qui est bien passée
Il y a des rues étroites à Menton où nous nous sommes aimés
Il y a une petite fille de Sospel qui fouette ses camarades
Il y a mon fouet de conducteur dans mon sac à avoine
Il y a des wagons belges sur la voie
Il y a mon amour
Il y a toute la vie
Je t’adore
Entre Bar-sur Aube et Troyes,
le 5 avril 1915
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Il y a
Poèmes à Lou
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Aubade chantée à Laetare l’an passé
C’est le printemps viens-t’en Pâquette
Te promener au bois joli
Les poules dans la cour caquètent
L’aube au ciel fait de roses plis
L’amour chemine à ta conquête
Mars et Vénus sont revenus
Ils s’embrassent à bouches folles
Devant des sites ingénus
Où sous les roses qui feuillolent
De beaux dieux roses dansent nus
Viens ma tendresse est la régente
De la floraison qui paraît
La nature est belle et touchante
Pan sifflote dans la forêt
Les grenouilles humides chantent
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Poéme: Aubade chantée à Laetare l’an passé
Recueil: Alcools (1913)
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1909
La dame avait une robe
En ottoman violine
Et sa tunique brodée d’or
Était composée de deux panneaux
S’attachant sur l’épaule
Les yeux dansants comme des anges
Elle riait elle riait
Elle avait un visage aux couleurs de France
Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres très rouges
Elle avait un visage aux couleurs de France
Elle était décolletée en rond
Et coiffée à la Récamier
Avec de beaux bras nus
N’entendra-t-on jamais sonner minuit
La dame en robe d’ottoman violine
Et en tunique brodée d’or
Décolletée en rond
Promenait ses boucles
Son bandeau d’or
Et traînait ses petits souliers à boucles
Elle était si belle
Que tu n’aurais pas osé l’aimer
J’aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes
Où naissaient chaque jour quelques êtres nouveaux
Le fer était leur sang la flamme leur cerveau
J’aimais j’aimais le peuple habile des machines
Le luxe et la beauté ne sont que son écume
Cette femme était si belle
Qu’elle me faisait peur
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Poéme: 1909
Recueil: Alcools (1913)
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A vital reconstruction of Italian Futurist poet Ardengo Soffici’s visual poetics, presented for the first time in English in Olivia E. Sears’s exacting translations. With a foreword by Marjorie Perloff.
With unexpected lyricism, buzzing between the entropic and the erotic, Soffici’s unrelenting poems manifest his milieu’s fascination with the metropolis. Guillaume Apollinaire called it “very important work, rich in fresh beauties.” This facsimile-style edition—with a foreword by Marjorie Perloff, helpful annotations, and an informative afterword by the translator—offers a glimpse into the vibrant early avant-garde, when modernity held tremendous promise.
Ardengo Soffici (1879-1964) was an Italian painter, poet, and art critic associated with Florentine Futurism. Years spent in Parisian artistic circles spurred Soffici to champion an artistic renewal in Italy, introducing French impressionism and cubism and a vibrant magazine culture.
Olivia E. Sears is a translator of Italian poetry and prose, specializing in avant-garde women writers. She founded the Center for the Art of Translation and the journal Two Lines, where she served as editor for twelve years.
Simultaneities and Lyric Chemisms
Ardengo Soffici
Olivia E. Sears (Translator)
Pub Date: 09/15/2022
Publisher: World Poetry Books
Product Number:9781954218055
ISBN978-1-954218-05-5
SKU #: I17G
Binding: Paperback
Pages:120
Poetry.
Translation.
Italian Studies.
Price: 23,99 euro
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Amour-roi
Amour-roi
Dites-moi
La si belle
Colombelle
Infidèle
Qu’on appelle
Petit Lou
Dites où
Donc est-elle
Et chez qui
— Mais chez Gui
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Amour-roi
Poèmes à Lou
1915
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Les fleurs rares
Entreprenant un long voyage
Ptit Lou hanté par l’histoire de Jussieu
Au lieu d’un petit cèdre prit… Quoi donc ?… Je gage
Qu’on de devinera pas ce que Dieu
Fit prendre à mon ptit Lou :… une fleur rare…
Dont elle ferait don aux serres de Paris…
La fleur étant sans prix
Et Dame Lou voyant qu’elle en valait la peine
Froissa pour la cueillir sa jupe de futaine.
Mais en passant dans la forêt
Allant prendre son train à la ville prochaine
Ptit Lou vit sous un chêne
Une autre fleur : « plus belle encore elle paraît !»
La première fleur tombe
Et la forêt devient sa tombe
Tandis que mon ptit Lou d’un air rêveur
A cueilli la seconde fleur
Et l’entoure de sa sollicitude
Arrivant à la station
Après une montée un peu rude
Pour s’y reposer de sa lassitude.
Avec satisfaction
Ptiti Lou s’assied dans le jardin du chef de gare.
« Tiens ! dit-elle, une fleur ! Elle est encor plus rare !»
Et sans précaution
Ma bergère
Abandonna la timide fleur bocagère
Et cueillit la troisième fleur…
Cheu ! Cheu ! Pheu ! Pheu ! Cheu ! Cheu ! Pheu ! Pheu ! Le train arrive
Et puis repart pour regagner l’Intérieur
Mais dans le train la fleur se fane et Lou pensive
S’en va chez la fleuriste en arrivant :
« Ces rares fleurs… j’en vais rêvant
Elles sont si rares, Madame
Que je n’en tiens plus, sur mon âme !»
La fleuriste s’exprime ainsi
Et Lou dut se contenter d’un souci
Que lui refuse
Sans lui donner d’excuse
Le directeur (un personnage réussi)
Des serres de la ville
de Paris
malgré tous les pleurs et les cris
De Lou qui dut jeter cette fleur inutile.
Et Lou du
Vilain personnage
Quittant le bureau, dut
Entreprendre à rebours l’horticole voyage.
Je crois qu’il est sage
De nous arrêter
À la morale suivante… sans insister !
Des Lous et des fleurs il ne faut discuter
Et je n’en dis pas davantage
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Les fleurs rares
Poèmes à Lou
1915
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Guerre
Rameau central de combat
Contact par l’écoute
On tire dans la direction ‘ des bruits entendus ‘
Les jeunes de la classe 1915
Et ces fils de fer électrisés
Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre
Avant elle nous n’avions que la surface
De la terre et des mers
Après elle nous aurons les abîmes
Le sous-sol et l’espace aviatique
Maîtres du timon
Après après
Nous prendrons toutes les joies
Des vainqueurs qui se délassent
Femmes Jeux Usines Commerce
Industrie Agriculture Métal
Feu Cristal Vitesse
Voix Regard Tact à part
Et ensemble dans le tact venu de loin
De plus loin encore
De l’Au-delà de cette terre
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Guerre
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C’est Lou
Qu’on La Nommait
Il est des loups de toute sorte
Je connais le plus inhumain
Mon cœur que le diable l’emporte
Et qu’il le dépose à sa porte
N’est plus qu’un jouet dans sa main
Les loups jadis étaient fidèles
Comme sont les petits toutous
Et les soldats amants des belles
Galamment en souvenir d’elles
Ainsi que les loups étaient doux
Mais aujourd’hui les temps sont pires
Les loups sont tigres devenus
Et les Soldats et les Empires
Les Césars devenus Vampires
Sont aussi cruels que Vénus
J’en ai pris mon parti Rouveyre
Et monté sur mon grand cheval
Je vais bientôt partir en guerre
Sans pitié chaste et l’œil sévère
Comme ces guerriers qu’Epinal
Vendait Images populaires
Que Georgin gravait dans le bois
Où sont-ils ces beaux militaires
Soldats passés Où sont les guerres
Où sont les guerres d’autrefois
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
C’est Lou Qu’on La Nommait
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Automne Malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Automne Malade
(Alcools – 1913)
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Con Large Comme Un Estuaire
Con large comme un estuaire
Où meurt mon amoureux reflux
Tu as la saveur poissonnière
l’odeur de la bite et du cul
La fraîche odeur trouduculière
Femme ô vagin inépuisable
Dont le souvenir fait bander
Tes nichons distribuent la manne
Tes cuisses quelle volupté
même tes menstrues sanglantes
Sont une liqueur violente
La rose-thé de ton prépuce
Auprès de moi s’épanouit
On dirait d’un vieux boyard russe
Le chibre sanguin et bouffi
Lorsqu’au plus fort de la partouse
Ma bouche à ton noeud fait ventouse.
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Con Large Comme Un Estuaire
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Crépuscule
Frôlée par les ombres des morts
Sur l’herbe où le jour s’exténue
L’arlequine s’est mise nue
Et dans l’étang mire son corps
Un charlatan crépusculaire
Vante les tours que l’on va faire
Le ciel sans teinte est constellé
D’astres pâles comme du lait
Sur les tréteaux l’arlequin blême
Salue d’abord les spectateurs
Des sorciers venus de Bohême
Quelques fées et les enchanteurs
Ayant décroché une étoile
Il la manie à bras tendu
Tandis que des pieds un pendu
Sonne en mesure les cymbales
L’aveugle berce un bel enfant
La biche passe avec ses faons
Le nain regarde d’un air triste
Grandir l’arlequin trismégiste
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Crépuscule
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Les Fenêtres
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forêts natales
Abatis de pihis
Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile
Nous l’enverron en message téléphonique
Truamatisme géant
Il fait couler les yeux
Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises
Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche
Tu soulèveras le rideau
Et maintenant voilà que s’ouvre la fenêtre
Araignées quand les mains tissaient la lumière
Beauté pâleur insondables violets
Nous tenterons en vain de prendre du repos
On commencera à minuit
Quand on a le temps on a la liberté
Bignorneaux Lotte multiples Soleils et l’Oursin du couchant
Une vielle paire de chaussures jaunes devant la fenêtre
Tours
Les Tours ce sont les rues
Puits
Puits ce sont les places
Puits
Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes
Les Chabins chantent des airs à mourir
Aux Chabines marrones
Et l’oie oua-oua trompette au nord
Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l’hiver
O Paris
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les Antilles
Le fenêtre s’ouvre comme une orange
Le beau fruit de la lumière
Guillaume Apollinaire
(1880 – 1918)
Les Fenêtres
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