Emilienne d’Alençon: Elégie
Elégie
L’allée est ténébreuse, et le ciel est mystique;
L’Aphrodita de marbre étend son beau corps nu,
Le gazon est humide et luisant, il a plu…
Sur le gravier s’allonge une ombre fantastique.
L’amour a, par moments, besoin de s’exiler;
Et c’est pourquoi, ce soir, plaisir ou délivrance,
Nous allons à pas lents, baignés dans du silence,
Rechercher la tendresse au jardin isolé.
Douceur de vivre à deux, un soir de lassitude!
O vivre près de toi! bonheur sans lendemain!
Tu m’aimes aujourd’hui – m’aimeras-tu demain?
Et mon soupir a, seul, troublé la solitude.
Cependant on perçoit un long pas, qui nous suit,
Propice à conserver l’illusison divine,
Un pas léger, un as flottant, que l’on devine:
C’est l’ombre de l’amour, dans l’ombre de la nuit.
Emilienne d’Alençon
(1869-1946)
Elégie
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