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Laure
(Colette Peignot 1903 – 1938))
D’où viens-tu ?
D’où viens-tu avec ton cœur
déchiré aux ronces du chemin.
Les mains calleuses de casseur de pierre
et ta tête gonflée comme une
outre piquée ?
Nous sommes ceux qui crient dans le désert
qui hurlent à la lune.
Je le sens bien maintenant : « mon devoir m’est remis. » Mais
lequel exactement ?
C’est parfois si lourd et si dur que je voudrais courir dans la
Campagne.
Nager dans la rivière
oublier tout ce qui fut, oublier l’enfance sordide et timorée.
Le vendredi saint, le mercredi des cendres.
l’enfance toute endeuillée à odeur de crêpe et de naphtaline
L’adolescence hâve et tourmentée.
Les mains d’anémiée.
Oublier le sublime et l’infâme
Les gestes hiératiques
Les grimaces démoniaques.
Oublier
Tout élan falsifié
Tout espoir étouffé
Ce goût de cendre
Oublier qu’à vouloir tout
on ne peut rien
Vivre enfin
« Ni tourmentante
Ni tourmentée »
Remonter le cours des fleuves
Retrouver les sources des montagnes
les femmes les vrais hommes travailleurs
qui enfantent
moissonnant
M’étendre dans les prairies
Quitter ce climat
Ses dunes, ses landes sablonneuses, cette grisaille et
ses déserts artificiels,
Ce désespoir dont on fait vertu,
Ce désespoir qui se boit
se sirote à la terrasse des cafés
s’édite… et ne demanderait qu’à nourrir très bien son homme
Vivre enfin
Sans s’accuser
ni se justifier
Victime
ou coupable
comment dire ?
Un tremblement de terre m’a dévastée
On t’a mordu l’âme
Enfant !
Et ces cris et ces plaintes
Et cette faiblesse native
Oui –
Et s’ils ont vu mes larmes
Que ma tête s’enfonce
jusqu’à toucher
le bois
et la terre
LAURE (Colette Peignot) poetry
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On 24th January 2015 Shaimaa el-Sabbagh, a poet and a member of the Socialist Popular Alliance Party, was marching to commemorate the hundreds of demonstrators that were killed during the Arab Spring uprising of 2011.
Shaimaa el-Sabbagh was shot in the back by riot police officers, while heading to Tahrir Square in Cairo to lay flowers there.
The Alliance Party said in a statement, that their only intention was to place flowers for of the fourth anniversary of the Jan. 25 revolution. Other demonstrators were also injured in the same demonstration.
Egyptian Government officials denied that the police had fired any shots.
At Sunday the funeral of the 31-year-old mother and poet, held in Alexandria, was attended by nearly 10,000 people.
I am the girl banned from love in the squares …
I stood in the middle of the street
and gathered in my hand the stars of the sky individually
And the sweat of the street vendors.
The voice of beggars
And the people who love God
as they damn this moment where the creatures of God approved
To crucifying Jesus naked in the crowded square
on the clock arms as it declared one at noon
I am the girl banned from saying no,
will never miss the dawn
Shaimaa al-Sabbagh
(From the poem: I’m the girl banned from attending the Christian religion classes, and Sunday mass. Translation by Maged Zaher)
# See Twitter Account Shaimaa el-Sabbagh
# Poems (in English) of Shaimaa el-Sabbagh on website: TIN HOUSE
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Tristan Corbière
(1845-1875)
A une camarade
Que me veux-tu donc, femme trois fois fille ?…
oi qui te croyais un si bon enfant !
– De l’amour?… – Allons : cherche, apporte, pille !
‘aimer aussi, toi ! .., moi qui t’aimais tant.
Oh ! je t’aimais comme.. un lézard qui pèle
Aime le rayon qui cuit son sommeil…
L’Amour entre nous vient battre de l’aile :
– Eh ! qu’il s’ôte de devant mon soleil !
on amour, à moi, n’aime pas qu’on l’aime ;
endiant, il a peur d’être écouté…
C’est un lazzarone enfin, un bohème,
Déjeunant de jeûne et de liberté.
– Curiosité, bibelot, bricole ?…
C’est possible : il est rare – et c’est son bien –
ais un bibelot cassé se recolle ;
Et lui, décollé, ne vaudra plus rien ! …
Va, n’enfonçons pas la porte entr’ouverte
Sur un paradis déjà trop rendu !
Et gardons à la pomme, jadis verte,
Sa peau, sous son fard de fruit défendu.
Que nous sommes-nous donc fait l’un à l’autre ?…
– Rien… – Peut-être alors que c’est pour cela ;
– Quel a commencé? – Pas moi, bon apôtre !
Après, quel dira : c’est donc tout – voilà !
– Tous les deux, sans doute… – Et toi, sois bien sûre
Que c’est encor moi le plus attrapé :
Car si, par erreur, ou par aventure,
Tu ne me trompais.., je serais trompé !
Appelons cela : l’amitié calmée ;
Puisque l’amour veut mettre son holà.
N’y croyons pas trop, chère mal-aimée…
– C’est toujours trop vrai ces mensonges-là ! –
Nous pourrons, au moins, ne pas nous maudire
– Si ça t’est égal – le quart-d’heure après.
Si nous en mourons – ce sera de rire…
oi qui l’aimais tant ton rire si frais !
Tristan Corbière poetry
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Jules Laforgue
(1860-1887)
Hypertrophie
Astres lointains des soirs, musiques infinies,
Ce Coeur universel ruisselant de douceur
Est le coeur de la Terre et de ses insomnies.
En un pantoum sans fin, magique et guérisseur
Bercez la Terre, votre soeur.
Le doux sang de l’Hostie a filtré dans mes moelles,
J’asperge les couchants de tragiques rougeurs,
Je palpite d’exil dans le coeur des étoiles,
Mon spleen fouette les grands nuages voyageurs.
Je beugle dans les vents rageurs.
Aimez-moi. Bercez-moi. Le cœur de l’oeuvre immense
Vers qui l’Océan noir pleurait, c’est moi qui l’ai.
Je suis le coeur de tout, et je saigne en démence
Et déborde d’amour par l’azur constellé,
Enfin ! que tout soit consolé.
Pauvre petit coeur sur la main,
La vie n’est pas folle pour nous
De sourires, ni de festins,
Ni de fêtes : et, de gros sous ?
Elle ne nous a pas gâtés
Et ne nous fait pas bon visage
Comme on fait à ces Enfants sages
Que nous sommes, en vérité.
Si sages nous ! Et, si peu fière
Notre façon d’être avec elle ;
Francs aussi, comme la lumière
Nous voudrions la trouver belle
Autant que d’Autres – pourtant quels ?
Et pieux, charger ses autels
Des plus belles fleurs du parterre
Et des meilleurs fruits de la terre.
Mais d’ailleurs, nous ne lui devrons
Que du respect, tout juste assez,
Qu’il faut professer envers ces
Empêcheurs de danser en rond.
Jules Laforgue poetry
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Charles Guérin
(1873 – 1907 )
Epitaphe pour lui-même
Il fut le très subtil musicien des vents
Qui se plaignent en de nocturnes symphonies ;
Il nota le murmure des herbes jaunies
Entre les pavés gris des cours d’anciens couvents.
Il trouva sur la viole des dévots servants
Pour ses maîtresses des tendresses infinies ;
Il égrena les ineffables litanies
Ou s’alanguissent tous les amoureux fervents.
Un soir, la chair brisée aux voluptés divines,
Il détourna du ciel son front fleuri d’épines,
Et se coucha, les pieds meurtris et le coeur las.
Ô toi, qui, dégoûté du rire et de la lutte
Odieuse, vibras aux sanglots de sa flûte,
Poète, ralentis le pas : cy dort Heirclas.
Charles Guérin poetry
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Emily Jane Brontë
(1818-1848)
Remembrance
Cold in the earth–and the deep snow piled above thee,
Far, far, removed, cold in the dreary grave!
Have I forgot, my only Love, to love thee,
Severed at last by Time’s all-severing wave?
Now, when alone, do my thoughts no longer hover
Over the mountains, on that northern shore,
Resting their wings where heath and fern-leaves cover
Thy noble heart for ever, ever more?
Cold in the earth–and fifteen wild Decembers,
From those brown hills, have melted into spring:
Faithful, indeed, is the spirit that remembers
After such years of change and suffering!
Sweet Love of youth, forgive, if I forget thee,
While the world’s tide is bearing me along;
Other desires and other hopes beset me,
Hopes which obscure, but cannot do thee wrong!
No later light has lightened up my heaven,
No second morn has ever shone for me;
All my life’s bliss from thy dear life was given,
All my life’s bliss is in the grave with thee.
But, when the days of golden dreams had perished,
And even Despair was powerless to destroy;
Then did I learn how existence could be cherished,
Strengthened, and fed without the aid of joy.
Then did I check the tears of useless passion–
Weaned my young soul from yearning after thine;
Sternly denied its burning wish to hasten
Down to that tomb already more than mine.
And, even yet, I dare not let it languish,
Dare not indulge in memory’s rapturous pain;
Once drinking deep of that divinest anguish,
How could I seek the empty world again?
Ellis Bell (Emily Jane Brontë) poetry
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Charlotte Brontë
(1816 -1855)
The Wife’s Will
Sit still–a word–a breath may break
(As light airs stir a sleeping lake)
The glassy calm that soothes my woes–
The sweet, the deep, the full repose.
O leave me not! for ever be
Thus, more than life itself to me!
Yes, close beside thee let me kneel–
Give me thy hand, that I may feel
The friend so true–so tried–so dear,
My heart’s own chosen–indeed is near;
And check me not–this hour divine
Belongs to me–is fully mine.
‘Tis thy own hearth thou sitt’st beside,
After long absence–wandering wide;
‘Tis thy own wife reads in thine eyes
A promise clear of stormless skies;
For faith and true love light the rays
Which shine responsive to her gaze.
Ay,–well that single tear may fall;
Ten thousand might mine eyes recall,
Which from their lids ran blinding fast,
In hours of grief, yet scarcely past;
Well mayst thou speak of love to me,
For, oh! most truly–I love thee!
Yet smile–for we are happy now.
Whence, then, that sadness on thy brow?
What sayst thou? “We muse once again,
Ere long, be severed by the main!”
I knew not this–I deemed no more
Thy step would err from Britain’s shore.
“Duty commands!” ‘Tis true–’tis just;
Thy slightest word I wholly trust,
Nor by request, nor faintest sigh,
Would I to turn thy purpose try;
But, William, hear my solemn vow–
Hear and confirm!–with thee I go.
“Distance and suffering,” didst thou say?
“Danger by night, and toil by day?”
Oh, idle words and vain are these;
Hear me! I cross with thee the seas.
Such risk as thou must meet and dare,
I–thy true wife–will duly share.
Passive, at home, I will not pine;
Thy toils, thy perils shall be mine;
Grant this–and be hereafter paid
By a warm heart’s devoted aid:
‘Tis granted–with that yielding kiss,
Entered my soul unmingled bliss.
Thanks, William, thanks! thy love has joy,
Pure, undefiled with base alloy;
‘Tis not a passion, false and blind,
Inspires, enchains, absorbs my mind;
Worthy, I feel, art thou to be
Loved with my perfect energy.
This evening now shall sweetly flow,
Lit by our clear fire’s happy glow;
And parting’s peace-embittering fear,
Is warned our hearts to come not near;
For fate admits my soul’s decree,
In bliss or bale–to go with thee!
Currer Bell (Charlotte Brontë) poetry
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Emma Lazarus
(1849–1887)
Dreams
A dream of lilies: all the blooming earth,
A garden full of fairies and of flowers;
Its only music the glad cry of mirth,
While the warm sun weaves golden-tissued hours;
Hope a bright angel, beautiful and true
As Truth herself, and life a lovely toy,
Which ne’er will weary us, ne’er break, a new
Eternal source of pleasure and of joy.
A dream of roses: vision of Loves tree,
Of beauty and of madness, and as bright
As naught on earth save only dreams can be,
Made fair and odorous with flower and light;
A dream that Love is strong to outlast Time,
That hearts are stronger than forgetfulness,
The slippery sand than changeful waves that climb,
The wind-blown foam than mighty waters’ stress.
A dream of laurels: after much is gone,
Much buried, much lamented, much forgot,
With what remains to do and what is done,
With what yet is, and what, alas! is not,
Man dreams a dream of laurel and of bays,
A dream of crowns and guerdons and rewards,
Wherein sounds sweet the hollow voice of praise,
And bright appears the wreath that it awards.
A dream of poppies, sad and true as Truth,—
That all these dreams were dreams of vanity;
And full of bitter penitence and ruth,
In his last dream, man deems ’twere good to die;
And weeping o’er the visions vain of yore,
In the sad vigils he doth nightly keep,
He dreams it may be good to dream no more,
And life has nothing like Death’s dreamless sleep.
Emma Lazarus poetry
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