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Guerre civile
La foule était tragique et terrible ; on criait :
À mort ! Autour d’un homme altier, point inquiet,
Grave, et qui paraissait lui-même inexorable,
Le peuple se pressait : À mort le misérable !
Et lui, semblait trouver toute simple la mort.
La partie est perdue, on n’est pas le plus fort,
On meurt, soit. Au milieu de la foule accourue,
Les vainqueurs le traînaient de chez lui dans la rue.
— À mort l’homme ! — On l’avait saisi dans son logis ;
Ses vêtements étaient de carnage rougis ;
Cet homme était de ceux qui font l’aveugle guerre
Des rois contre le peuple, et ne distinguent guère
Scévola de Brutus, ni Barbès de Blanqui ;
Il avait tout le jour tué n’importe qui ;
Incapable de craindre, incapable d’absoudre,
Il marchait, laissant voir ses mains noires de poudre ;
Une femme le prit au collet : « À genoux !
C’est un sergent de ville. Il a tiré sur nous !
— C’est vrai, dit l’homme. — À bas ! à mort ! qu’on le fusille !
Dit le peuple. — Ici ! Non ! Plus loin ! À la Bastille !
À l’arsenal ! Allons ! Viens ! Marche ! — Où vous voudrez »,
Dit le prisonnier. Tous, hagards, les rangs serrés,
Chargèrent leurs fusils. « Mort au sergent de ville !
Tuons-le comme un loup ! — Et l’homme dit, tranquille :
— C’est bien, je suis le loup, mais vous êtes les chiens.
— Il nous insulte ! À mort ! » Les pâles citoyens
Croisaient leurs poings crispés sur le captif farouche ;
L’ombre était sur son front et le fiel dans sa bouche ;
Cent voix criaient : « À mort ! À bas ! Plus d’empereur ! »
On voyait dans ses yeux un reste de fureur
Remuer vaguement comme une hydre échouée ;
Il marchait poursuivi par l’énorme huée,
Et, calme, il enjambait, plein d’un superbe ennui,
Des cadavres gisants, peut-être faits par lui.
Le peuple est effrayant lorsqu’il devient tempête ;
L’homme sous plus d’affronts levait plus haut la tête ;
Il était plus que pris, il était envahi.
Dieu ! comme il haïssait ! comme il était haï !
Comme il les eût, vainqueur, fusillés tous ! « Qu’il meure !
Il nous criblait encor de balles tout à l’heure !
À bas cet espion, ce traître, ce maudit !
À mort ! c’est un brigand ! » Soudain on entendit
Une petite voix qui disait : « C’est mon père ! »
Et quelque chose fit l’effet d’une lumière.
Un enfant apparut. Un enfant de six ans.
Ses deux bras se dressaient suppliants, menaçants.
Tous criaient : « Fusillez le mouchard ! Qu’on l’assomme ! »
Et l’enfant se jeta dans les jambes de l’homme,
Et dit, ayant au front le rayon baptismal :
« Père, je ne veux pas qu’on te fasse de mal ! »
Et cet enfant sortait de la même demeure.
Les clameurs grossissaient : « À bas l’homme ! Qu’il meure !
À bas ! finissons-en avec cet assassin !
Mort ! » Au loin le canon répondait au tocsin.
Toute la rue était pleine d’hommes sinistres.
À bas les rois ! À bas les prêtres, les ministres,
Les mouchards ! Tuons tout ! c’est un tas de bandits ! »
Et l’enfant leur cria : « Mais puisque je vous dis
Que c’est mon père ! — Il est joli, dit une femme,
Bel enfant ! » On voyait dans ses yeux bleus une âme ;
Il était tout en pleurs, pâle, point mal vêtu.
Une autre femme dit : « Petit, quel âge as-tu ?
Et l’enfant répondit : — Ne tuez pas mon père ! »
Quelques regards pensifs étaient fixés à terre,
Les poings ne tenaient plus l’homme si durement.
Un de plus furieux, entre tous inclément,
Dit à l’enfant : « Va-t’en ! — Où ? — Chez toi. — Pourquoi faire ?
— Chez ta mère. — Sa mère est morte, dit le père.
— Il n’a donc plus que vous ? — Qu’est-ce que cela fait ? »
Dit le vaincu. Stoïque et calme, il réchauffait
Les deux petites mains dans sa rude poitrine,
Et disait à l’enfant : « Tu sais bien, Catherine ?
— Notre voisine ? — Oui. Va chez elle. — Avec toi ?
— J’irai plus tard. — Sans toi je ne veux pas. — Pourquoi ?
— Parce qu’on te ferait du mal. » Alors le père
Parla tout bas au chef de cette sombre guerre :
« Lâchez-moi le collet. Prenez-moi par la main,
Doucement. Je vais dire à l’enfant : À demain !
Vous me fusillerez au détour de la rue,
Ailleurs, où vous voudrez. — Et, d’une voix bourrue :
— Soit, dit le chef, lâchant le captif à moitié.
Le père dit : — Tu vois. C’est de bonne amitié.
Je me promène avec ces messieurs. Sois bien sage,
Rentre. » Et l’enfant tendit au père son visage,
Et s’en alla content, rassuré, sans effroi.
« Nous sommes à notre aise à présent, tuez-moi,
Dit le père aux vainqueurs ; où voulez-vous que j’aille ? »
Alors, dans cette foule où grondait la bataille,
On entendit passer un immense frisson,
Et le peuple cria : « Rentre dans ta maison ! »
Victor Hugo
(1802-1885)
Guerre civile
(Poème)
La Légende des siècles, 1877
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Les innocents
Mais les enfants sont là. Le murmure qui sort
De ces âmes en fleur est-il compris du sort ?
L’enfant va devant lui gaîment ; mais la prière,
Quand il rit, parle-t-elle à quelqu’un en arrière ?
Le frais chuchotement du doux être enfantin
Attendrit-il l’oreille obscure du destin ?
Oh ! que d’ombre ! Tous deux chantent, fragiles têtes
Où flotte la lueur d’on ne sait quelles fêtes,
Et que dore un reflet d’un paradis lointain !
Les enfants ont des coeurs faits comme le matin
Ils ont une innocence étonnée et joyeuse ;
Et pas plus que l’oiseau gazouillant sous l’yeuse,
Pas plus que l’astre éclos sur les noirs horizons,
Ils ne sont inquiets de ce que nous faisons,
Ayant pour toute affaire et pour toute aventure
L’épanouissement de la grande nature ;
Ils ne demandent rien à Dieu que son soleil ;
Ils sont contents pourvu qu’un beau rayon vermeil
Chauffe les petits doigts de leur main diaphane
Et que le ciel soit bleu, cela suffit à Jeanne.
Victor Hugo
(1802-1885)
Les innocents
(Poème)
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Les fusillés
… Partout la mort. Eh bien, pas une plainte.
Ô blé que le destin fauche avant qu’il soit mûr !
Ô peuple !
On les amène au pied de l’affreux mur.
C’est bien. Ils ont été battus du vent contraire.
L’homme dit au soldat qui l’ajuste : Adieu, frère.
La femme dit : – Mon homme est tué. C’est assez.
Je ne sais s’il eut tort ou raison, mais je sais
Que nous avons traîné le malheur côte à côte ;
Il fut mon compagnon de chaîne ; si l’on m’ôte
Cet homme, je n’ai plus besoin de vivre. Ainsi
Puisqu’il est mort, il faut que je meure. Merci. –
Et dans les carrefours les cadavres s’entassent.
Dans un noir peloton vingt jeunes filles passent ;
Elles chantent ; leur grâce et leur calme innocent
Inquiètent la foule effarée ; un passant
Tremble. – Où donc allez-vous ? dit-il à la plus belle.
Parlez. – Je crois qu’on va nous fusiller, dit-elle.
Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau ;
C’est le tonnerre ouvrant et fermant le tombeau.
Là des tas d’hommes sont mitraillés ; nul ne pleure ;
Il semble que leur mort à peine les effleure,
Qu’ils ont hâte de fuir un monde âpre, incomplet,
Triste, et que cette mise en liberté leur plaît.
Nul ne bronche. On adosse à la même muraille
Le petit-fils avec l’aïeul, et l’aïeul raille,
Et l’enfant blond et frais s’écrie en riant : Feu ! […]
Victor Hugo
(1802-1885)
Les fusillés
(Poème)
L’année terrible
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Claire
Quoi donc ! la vôtre aussi ! la vôtre suit la mienne !
O mère au coeur profond, mère, vous avez beau
Laisser la porte ouverte afin qu’elle revienne,
Cette pierre là-bas dans l’herbe est un tombeau !
La mienne disparut dans les flots qui se mêlent ;
Alors, ce fut ton tour, Claire, et tu t’envolas.
Est-ce donc que là-haut dans l’ombre elles s’appellent,
Qu’elles s’en vont ainsi l’une après l’autre, hélas ?
Enfant qui rayonnais, qui chassais la tristesse,
Que ta mère jadis berçait de sa chanson,
Qui d’abord la charmas avec ta petitesse
Et plus tard lui remplis de clarté l’horizon,
Voilà donc que tu dors sous cette pierre grise !
Voilà que tu n’es plus, ayant à peine été !
L’astre attire le lys, et te voilà reprise,
O vierge, par l’azur, cette virginité !
Te voilà remontée au firmament sublime,
Échappée aux grands cieux comme la grive aux bois,
Et, flamme, aile, hymne, odeur, replongée à l’abîme
Des rayons, des amours, des parfums et des voix !
Nous ne t’entendrons plus rire en notre nuit noire.
Nous voyons seulement, comme pour nous bénir,
Errer dans notre ciel et dans notre mémoire
Ta figure, nuage, et ton nom, souvenir !
Pressentais-tu déjà ton sombre épithalame ?
Marchant sur notre monde à pas silencieux,
De tous les idéals tu composais ton âme,
Comme si tu faisais un bouquet pour les cieux !
En te voyant si calme et toute lumineuse,
Les coeurs les plus saignants ne haïssaient plus rien.
Tu passais parmi nous comme Ruth la glaneuse ,
Et, comme Ruth l’épi, tu ramassais le bien.
La nature, ô front pur, versait sur toi sa grâce,
L’aurore sa candeur, et les champs leur bonté ;
Et nous retrouvions, nous sur qui la douleur passe,
Toute cette douceur dans toute ta beauté !
Chaste, elle paraissait ne pas être autre chose
Que la forme qui sort des cieux éblouissants ;
Et de tous les rosiers elle semblait la rose,
Et de tous les amours elle semblait l’encens.
Ceux qui n’ont pas connu cette charmante fille
Ne peuvent pas savoir ce qu’était ce regard
Transparent comme l’eau qui s’égaie et qui brille
Quand l’étoile surgit sur l’océan hagard.
Elle était simple, franche, humble, naïve et bonne ;
Chantant à demi-voix son chant d’illusion,
Ayant je ne sais quoi dans toute sa personne
De vague et de lointain comme la vision.
On sentait qu’elle avait peu de temps sur la terre,
Qu’elle n’apparaissait que pour s’évanouir,
Et qu’elle acceptait peu sa vie involontaire ;
Et la tombe semblait par moments l’éblouir.
Elle a passé dans l’ombre où l’homme se résigne ;
Le vent sombre soufflait ; elle a passé sans bruit,
Belle, candide, ainsi qu’une plume de cygne
Qui reste blanche, même en traversant la nuit !
Elle s’en est allée à l’aube qui se lève,
Lueur dans le matin, vertu dans le ciel bleu,
Bouche qui n’a connu que le baiser du rêve,
Ame qui n’a dormi que dans le lit de Dieu !
Nous voici maintenant en proie aux deuils sans bornes,
Mère, à genoux tous deux sur des cercueils sacrés,
Regardant à jamais dans les ténèbres mornes
La disparition des êtres adorés !
Croire qu’ils resteraient ! quel songe ! Dieu les presse.
Même quand leurs bras blancs sont autour de nos cous,
Un vent du ciel profond fait frissonner sans cesse
Ces fantômes charmants que nous croyons à nous.
Ils sont là, près de nous, jouant sur notre route ;
Ils ne dédaignent pas notre soleil obscur,
Et derrière eux, et sans que leur candeur s’en doute,
Leurs ailes font parfois de l’ombre sur le mur.
Ils viennent sous nos toits ; avec nous ils demeurent ;
Nous leur disons : Ma fille, ou : Mon fils ; ils sont doux,
Riants, joyeux, nous font une caresse, et meurent. –
O mère, ce sont là les anges, voyez-vous !
C’est une volonté du sort, pour nous sévère,
Qu’ils rentrent vite au ciel resté pour eux ouvert ;
Et qu’avant d’avoir mis leur lèvre à notre verre,
Avant d’avoir rien fait et d’avoir rien souffert,
Ils partent radieux ; et qu’ignorant l’envie,
L’erreur, l’orgueil, le mal, la haine, la douleur,
Tous ces êtres bénis s’envolent de la vie
A l’âge où la prunelle innocente est en fleur !
Nous qui sommes démons ou qui sommes apôtres,
Nous devons travailler, attendre, préparer ;
Pensifs, nous expions pour nous-même ou pour d’autres ;
Notre chair doit saigner, nos yeux doivent pleurer.
Eux, ils sont l’air qui fuit, l’oiseau qui ne se pose
Qu’un instant, le soupir qui vole, avril vermeil
Qui brille et passe ; ils sont le parfum de la rose
Qui va rejoindre aux cieux le rayon du soleil !
Ils ont ce grand dégoût mystérieux de l’âme
Pour notre chair coupable et pour notre destin ;
Ils ont, êtres rêveurs qu’un autre azur réclame,
Je ne sais quelle soif de mourir le matin !
Ils sont l’étoile d’or se couchant dans l’aurore,
Mourant pour nous, naissant pour l’autre firmament ;
Car la mort, quand un astre en son sein vient éclore,
Continue, au delà, l’épanouissement !
Oui, mère, ce sont là les élus du mystère,
Les envoyés divins, les ailés, les vainqueurs,
A qui Dieu n’a permis que d’effleurer la terre
Pour faire un peu de joie à quelques pauvres coeurs.
Comme l’ange à Jacob, comme Jésus à Pierre,
Ils viennent jusqu’à nous qui loin d’eux étouffons,
Beaux, purs, et chacun d’eux portant sous sa paupière
La sereine clarté des paradis profonds.
Puis, quand ils ont, pieux, baisé toutes nos plaies,
Pansé notre douleur, azuré nos raisons,
Et fait luire un moment l’aube à travers nos claies,
Et chanté la chanson du ciel dam nos maisons,
Ils retournent là-haut parler à Dieu des hommes,
Et, pour lui faire voir quel est notre chemin,
Tout ce que nous souffrons et tout ce que nous sommes,
S’en vont avec un peu de terre dans la main.
Ils s’en vont ; c’est tantôt l’éclair qui les emporte,
Tantôt un mal plus fort que nos soins superflus.
Alors, nous, pâles, froids, l’oeil fixé sur la porte,
Nous ne savons plus rien, sinon qu’ils ne sont plus.
Nous disons : – A quoi bon l’âtre sans étincelles ?
A quoi bon la maison où ne sont plus leurs pas ?
A quoi bon la ramée où ne sont plus les ailes ?
Qui donc attendons-nous s’ils ne reviendront pas ? –
Ils sont partis, pareils au bruit qui sort des lyres.
Et nous restons là, seuls, près du gouffre où tout fuit,
Tristes ; et la lueur de leurs charmants sourires
Parfois nous apparaît vaguement dans la nuit.
Car ils sont revenus, et c’est là le mystère ;
Nous entendons quelqu’un flotter, un souffle errer,
Des robes effleurer notre seuil solitaire,
Et cela fait alors que nous pouvons pleurer.
Nous sentons frissonner leurs cheveux dans notre ombre ;
Nous sentons, lorsqu’ayant la lassitude en nous,
Nous nous levons après quelque prière sombre,
Leurs blanches mains toucher doucement nos genoux.
Ils nous disent tout bas de leur voix la plus tendre :
« Mon père, encore un peu ! ma mère, encore un jour !
« M’entends-tu ? je suis là, je reste pour t’attendre
« Sur l’échelon d’en bas de l’échelle d’amour.
« Je t’attends pour pouvoir nous en aller ensemble.
« Cette vie est amère, et tu vas en sortir.
« Pauvre coeur, ne crains rien, Dieu vit ! la mort rassemble.
« Tu redeviendras ange ayant été martyr. »
Oh ! quand donc viendrez-vous ? Vous retrouver, c’est naître.
Quand verrons-nous, ainsi qu’un idéal flambeau,
La douce étoile mort, rayonnante, apparaître
A ce noir horizon qu’on nomme le tombeau ?
Quand nous en irons-nous où vous êtes, colombes !
Où sont les enfants morts et les printemps enfuis,
Et tous les chers amours dont nous sommes les tombes,
Et toutes les clartés dont nous sommes les nuits ?
Vers ce grand ciel clément où sont tous les dictames,
Les aimés, les absents, les êtres purs et doux,
Les baisers des esprits et les regards des âmes,
Quand nous en irons-nous ? quand nous en irons-nous ?
Quand nous en irons-nous où sont l’aube et la foudre ?
Quand verrons-nous, déjà libres, hommes encor,
Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre,
Et nos pieds faits de nuit éclore en ailes d’or ?
Quand nous enfuirons-nous dans la joie infinie
Où les hymnes vivants sont des anges voilés,
Où l’on voit, à travers l’azur de l’harmonie,
La strophe bleue errer sur les luths étoilés ?
Quand viendrez-vous chercher notre humble coeur qui sombre ?
Quand nous reprendrez-vous à ce monde charnel,
Pour nous bercer ensemble aux profondeurs de l’ombre,
Sous l’éblouissement du regard éternel ?
Victor Hugo
(1802-1885)
Claire
(Poème)
• fleursdumal.nl magazine
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A daughter’s struggle to keep her family alive, through poverty, homelessness and incarceration
Eleven-year-old Lisa becomes her mother’s primary support when they face the prospect of homelessness. As Dee, a single mother, struggles with the demons of her own childhood of neglect and abuse, Lisa has to quickly assume the roles of an adult in an attempt to keep some stability in their lives.
“Dee and Tiny” ultimately become underground celebrities in San Francisco, squatting in storefronts and performing the “art of homelessness.” Their story, filled with black humor and incisive analysis, illuminates the roots of poverty, the criminalization of poor families and their struggle for survival.
“Criminal of Poverty lays bare the devastating effects of inheriting a life of poverty, as well the real redemption and power in finding your voice.” – Michelle Tea, author of Rose of No Man’s Land and Valencia
“Tiny’s indomitable spirit comes to life in her amazing story of poverty and homelessness, reaching into and teaching our hearts and minds. With her flawless descriptions of the pain of living in the margins of the richest country in the world, she opens up an important window onto a reality looked upon by many but truly seen by few, augmenting our capacity for empathy and action in an area so in need of social change. Bravo Tiny, for your gift to us all! Punto!!!” – Piri Thomas, author of Down These Mean Streets
Lisa Gray-Garcia (www.tinygraygarcia.com)
is a journalist, poet and community activist. She is the founder of POOR magazine and the PoorNewsNetwork (PNN), a monthly radio broadcast and an online news service focused on issues of poverty and racism.
(www.poormagazine.org/)
Criminal of Poverty
Growing Up Homeless in America
Lisa Gray-Garcia, aka Tiny
Publisher City Lights Foundation Books
Paperback, 2007
278 pages
ISBN-10 1931404070
ISBN-13 9781931404075
List Price $19.95
books to read before you die
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Ellen Hinsey’s new book-length sequence, The Illegal Age, is a powerful investigation into the twentieth-century’s dark legacy of totalitarianism and the rise of political illegality.
It explores the enduring potential for human beings to set neighbour against neighbour and commit final acts of violence. A book of lyrical reflection and prophesy, The Illegal Age chronicles the arrival of a new, disquieting reality unfolding in our midst.
As Marilyn Hacker has written, “In dialogue with Celan, Szymborska, Milosz… this is a daring text – for its political acuity, and for its demonstration of the power in poetry to recount, remember, move the heart while opening the mind.”
Written in parallel with her first-hand research into the rise of authoritarianism carried out over the last decade, Hinsey’s volume warns that – rather than an “Age of Anxiety” – we may indeed be facing the start of the “Illegal Age”.
Ellen Hinsey was born in 1960 in Boston, Massachusetts. For the last two decades she has lived in Europe. She received a Bachelor of Fine Arts degree from Tufts University and a graduate degree from Université de Paris VII. She has taught at the French graduate school the Ecole Polytechnique and currently teaches at Skidmore College s Paris program. She is the international correspondent for The New England Review.
Hinsey’s work is concerned with history, ethics and democracy. Her first-hand accounts and analyses of the impact of the 2012 Russian presidential elections, the 2010 Polish presidential plane crash, Hungarian politics, Václav Havel’s ethical legacy and post-1989 German reconstruction have been published in The New England Review. A selection of these essays are included in her book <ik>Mastering the Past: Contemporary Central and Eastern Europe and the Rise of Illiberalism (Telos Press, 2017). Her current work addresses global authoritarianism.
Hinsey’s first book, Cities of Memory, draws on her experiences at the Berlin Wall on the weekend of November 9, 1989, as well as in Prague during the Velvet Revolution. The book received the Yale Series Award and was published by Yale University Press in 1996. Her second book, The White Fire of Time (Wesleyan University Press, 2002 / Bloodaxe Books, 2003), written after a family tragedy, is an exploration of ethics and renewal.
Later, you will realize that compromise is the wood that burns
Most brightly in the hour before regret.
But by then, all the doors will have been marked in yellow chalk.
Still, let us not pass each other this final time, without recognition,
Without looking each other in the eye.
Remember: in the ink-light of testimony, a record may still be kept.
Ellen Hinsey (fragment)
The Illegal Age
by Ellen Hinsey (Author)
PBS Autumn Choice 2018
Publisher: Arc Publicationas
July 2018
120 pages
Language: English
ISBN-10: 191146938X
ISBN-13: 978-1911469384
Product Dimensions: 15 x 2.2 x 21 cm
Hardcover £13.99
Paperback £10.99
new books
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What the Bullet sang
O Joy of creation,
To be!
O rapture, to fly
And be free!
Be the battle lost or won,
Though its smoke shall hide the sun,
I shall find my love–the one
Born for me!
I shall know him where he stands
All alone,
With the power in his hands
Not o’erthrown;
I shall know him by his face,
By his godlike front and grace;
I shall hold him for a space
All my own!
It is he–O my love!
So bold!
It is I–all thy love
Foretold!
It is I–O love, what bliss!
Dost thou answer to my kiss?
O sweetheart! what is this
Lieth there so cold?
Bret Harte
(1839-1902)
What the Bullet sang
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Out now:
Kerouac on Record ◊ A Literary Soundtrack
Edited by Simon Warner and Jim Sampas
Co-edited by Jack Kerouac’s nephew, including pieces written by Kerouac himself as well as interviews from major literary and musical figures including Allen Ginsberg, Lee Konitz and David Amram, Kerouac on Record gives a unique insight into how Kerouac brought his passion for jazz to his full creative output.
Kerouac on Record is the touchstone for the music of Kerouac – Kerouac’s love for music, the depth of its influence on his work, and the influence that his work continues to extend to waves of contemporary musicians, from David Bowie and Janis Joplin to Sonic Youth. It is a book rife with the work of cultural icons, essential for any fan of the Beat Generation and popular music alike.
About Kerouac on Record
He was the leading light of the Beat Generation writers and the most dynamic author of his time, but Jack Kerouac also had a lifelong passion for music, particularly the mid-century jazz of New York City, the development of which he witnessed first-hand during the 1940s with Charlie Parker, Dizzy Gillespie and Thelonious Monk to the fore.
The novelist, most famous for his 1957 book On the Road, admired the sounds of bebop and attempted to bring something of their original energy to his own writing, a torrent of semi-autobiographical stories he published between 1950 and his early death in 1969.
Yet he was also drawn to American popular music of all kinds – from the blues to Broadway ballads – and when he came to record albums under his own name, he married his unique spoken word style with some of the most talented musicians on the scene.
Kerouac’s musical legacy goes well beyond the studio recordings he made himself: his influence infused generations of music makers who followed in his work – from singer-songwriters to rock bands.
Some of the greatest transatlantic names – Bob Dylan and the Grateful Dead, Van Morrison and David Bowie, Janis Joplin and Tom Waits, Sonic Youth and Death Cab for Cutie, and many more – credited Kerouac’s impact on their output.
In Kerouac on Record, we consider how the writer brought his passion for jazz to his prose and poetry, his own record releases, the ways his legacy has been sustained by numerous more recent talents, those rock tributes that have kept his memory alive and some of the scores that have featured in Hollywood adaptations of the adventures he brought to the printed page.
1. Jack Kerouac’s Jazz Scene Jim Burns – 2. 2nd Chorus: Blues: Jack Kerouac Larry Beckett – 3. Duet for Saxophone and Pen: Lee Konitz and the Direct Influence of Jazz on the Development of Jack Kerouac’s ‘Spontaneous Prose’ Style Marian Jago Interview 1: Lee Konitz Marian Jago – 4. Jack Kerouac Goes Vinyl: A Sonic Journey into Kerouac’s Three LPs: Poetry for the Beat Generation; Blues and Haikus; and Readings by Jack Kerouac on the Beat Generation Jonah Raskin – 5. Art Music: Listening to Kerouac’s ‘Mexico City Blues’ A. Robert Lee Interview 2: David Amram Pat Thomas – 6. Beat Refrains: Music, Milieu and Identity in Jack Kerouac’s The Subterraneans, the Metro-Goldwyn-Mayer Film Adaptation Michael Prince – 7. Bob Dylan’s Beat Visions (Sonic Poetry) Michael Goldberg – 8. Carrying a Torch for Ti Jean Paul Marion Interview 3: Richard Meltzer Michael Goldberg – 9. The Grateful Dead: Jack Manifested as Music Brian Hassett – 10. Driver Mark Bliesener – 11. Jim Morrison/Angel of Fire Jay Jeff Jones – 12. Light is Faster than Sound: Texans, the Beats and the San Francisco Counterculture Holly George-Warren – 13. Hit the Road, Jack: Van Morrison and On the Road Peter Mills – 14. Detecting Jack Kerouac and Joni Mitchell: A Literary/Legal (Not Musicological) Investigation into the Search for Influence Nancy Grace – 15. Kerouac and Country Music Matt Theado – 16. ‘Straight from the Mind to the Voice’: Spectral Persistence in Jack Kerouac and Tom Waits Douglas Field Interview 4: Barney Hoskyns Simon Warner – 17. From Beat Bop Prosody to Punk Rock Poetry: Patti Smith and Jack Kerouac; Literature, Lineage, Legacy Ronna Johnson Poems: Marc Zegans Interview 6: Allen Ginsberg Pat Thomas – 18. Tramps Like Them: Jack and Bruce and the Myth of the American Road Simon Morrison Interview 5: Graham Parker Pat Thomas – 19. Punk and New Wave James Sullivan – Interview 7: Jim DeRogatis on Lester Bangs James Sullivan – 20. The Tribute Recordings Jim Sampas and Simon Warner – Jack Kerouac Biography – Jack Kerouac Discography Dave Moore – Tribute Discography – Kerouac/Cassady Song List Dave Moore/Horst Spandler
Simon Warner
is a journalist, lecturer and broadcaster who teaches Popular Music Studies at the University of Leeds in the UK. He has, over a number of years, written live reviews and counterculture obituaries for The Guardian and The Independent, and has a particular interest in the relationship between the Beat Generation writers–Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burroughs and others–and rock culture. His previous books include Rockspeak: The Language of Rock and Pop (1996) and Howl for Now: A Celebration of Allen Ginsberg’s epic protest poem (2005). – Writes: Popular Music, North American Literature – Author of : Kerouac on Record, Text and Drugs and Rock ‘n’ Roll
Jim Sampas
is a music and film producer. His musical works often focuses on major cultural figures such Jack Kerouac (who is his Uncle), The Beatles, Bruce Springsteen, The Smiths, Bob Dylan, and The Rolling Stones. He has persuaded a galaxy of stars to partake of a unique aesthetic marriage, as vintage works are resurrected in contemporary arrangements in projects covered by such major news outlets as People Magazine, NPR, The New York Times, Entertainment Weekly, Rolling Stone, and many others. – Writes: Popular Music, North American Literature – Author of: Kerouac on Record
Following Text and Drugs and Rock ‘n’ Roll: The Beats and Rock Culture (2013), Simon Warner partners with Literary Executor of the Estate of Jack Kerouac, Jim Sampas, to go deeper into his exploration of the connections between the great figures of the Beat generation and the music of the so-called ‘rock era.’ Interspersed with exclusive interviews of the likes of Lee Konitz, Graham Parker, Lester Bangs, and Allen Ginsberg, the twenty chapters are signed by an impressive array of journalists, music industry professionals, rock critics, writers, film makers and academics from all over the world. Addressing such issues as the influence of jazz on Kerouac’s ‘spontaneous prose’ style, the lineage between his ‘Beat bop prosody’ and Patti Smith‘s ‘punk rock poetry,’ or his inspiring ‘the myth of the American road’ in Bruce Springsteen’s lyrics, they shed light on what appears to be a two-way relationship between popular music and the work of the author of On the Road. As Warner puts it: ‘if, for Kerouac, it was jazz that would have the principal impact, then it was rock on which the writer would have the main effect.’” – Olivier Julien, Lecturer in the History and Musicology of Popular Music, Paris-Sorbonne University, France
Kerouac on Record
A Literary Soundtrack
By: Simon Warner, Jim Sampas
Published: 08-03-2018
Format: Hardback
Edition: 1st
Extent: 480
ISBN: 9781501323348
Imprint: Bloomsbury Academic
Dimensions: 229 x 152 mm
RRP: £28.00
Kerouac on Record
A Literary Soundtrack
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Here, for the first time, is a volume that gathers the published verse of Allen Ginsberg in its entirety, a half century of brilliant work from one of America’s great poets.
As the chief figure among the Beats, Ginsberg changed the course of American poetry, liberating it from closed academic forms with the creation of open, vocal, spontaneous, and energetic postmodern verse. Ginsberg’s raw tones and attitudes of spiritual liberation also helped catalyze a psychological revolution that has become a permanent part of our cultural heritage, profoundly influencing not only poetry, popular song, and speech but also our view of the world.
Allen Ginsberg (1926 – 1997) was the son of Naomi Ginsberg, Russian émigré, and Louis Ginsberg, lyric poet and school teacher, in Paterson, N.J. To these facts Ginsberg adds: “High school in Paterson till 17, Columbia College, merchant marine, Texas and Denver copyboy, Times Square, amigos in jail, dishwashing, book reviews, Mexico City, market research, Satori in Harlem, Yucatan and Chiapas 1954, West Coast 3 years. Later Arctic Sea trip, Tangier, Venice, Amsterdam, Paris, read at Oxford Harvard Columbia Chicago, quit, wrote “Kaddish” 1959, made tape to leave behind & fade in Orient awhile. Carl Solomon to whom “Howl” is addressed, is a intuitive Bronx dadaist and prose-poet.”
Title: Collected Poems 1947-1997
Author: Allen Ginsberg
Publisher: Harper Perennial Modern Classics
Title First Published: 2007
Format: Paperback
ISBN-10 0061139750
ISBN-13 9780061139758
1216 pages
$25.99
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For the first time in a quarter century, a major new volume of translations of the beloved poetry of Federico García Lorca, presented in a beautiful bilingual edition.
The fluid and mesmeric lines of these new translations by the award-winning poet Sarah Arvio bring us closer than ever to the talismanic perfection of the great García Lorca. Poet in Spain invokes the “wild, innate, local surrealism” of the Spanish voice, in moonlit poems of love and death set among poplars, rivers, low hills, and high sierras.
Arvio’s ample and rhythmically rich offering includes, among other essential works, the folkloric yet modernist Gypsy Ballads, the plaintive flamenco Poem of the Cante Jondo, and the turbulent and beautiful Dark Love Sonnets—addressed to Lorca’s homosexual lover—which Lorca was revising at the time of his brutal political murder by Fascist forces in the early days of the Spanish Civil War.
Here, too, are several lyrics translated into English for the first time and the play Blood Wedding—also a great tragic poem. Arvio has created a fresh voice for Lorca in English, full of urgency, pathos, and lyricism—showing the poet’s work has grown only more beautiful with the passage of time.
Federico Garcia Lorca may be Spain’s most famous poet and dramatist of all time. Born in Andalusia in 1898, he grew up in a village on the Vega and in the city of Granada.
His prolific works, known for their powerful lyricism and an obsession with love and death, include the Gypsy Ballads, which brought him far-reaching fame, and the homoerotic Dark Love Sonnets, which did not see print until almost fifty years after his death.
His murder in 1936 by Fascist forces at the outset of the Spanish Civil War became a literary cause célébre; in Spain, his writings were banned. Lorca’s poems and plays are now read and revered in many languages throughout the world.
Poet in Spain
By Federico Garcia Lorca
Translated by Sarah Arvio
Category: Poetry
Hardcover
Nov 07, 2017
576 Pages
$35.00
Published by Knopf
ISBN 9781524733117
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Euthanasia
Take from my hand, dear love, these opening flowers.
Afar from thee they grew, ‘neath alien skies
Their stems sought light and life in humble wise,
Fed by the careless suns and vagrant showers.
But now their fate obeys the rule of ours.
They pass to airs made glorious by thine eyes.
Smit with swift joy, they breathe, in fragrant sighs,
Their souls out toward thee in their last glad hours,
Paying leal tribute to a brighter bloom.
Thus, and not other, is the giver’s fate.
Through years unblest by thee, a cheerless path,
A checkered maze of common glare and gloom,
He came to know in rapture deep though late
How thou couldst brighten life and gentle death.
John Hay
(1838-1905)
Euthanasia
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Through these seven narrative poems, Grahn weaves real-life conditions with goddess mythology to construct modern interpretations of lamentation in nine parts.
Song and poem lamentations have a widespread history from all over the globe and carry a wealth of forms and a few requirements―they must read well out loud, they must address current pressing issues, and they must make every attempt to be truthful.
Here Grahn’s steadfast and rhythmic verse directs our eyes to crucial yet often buried tribulations of our times by critiquing white supremacy, honoring battered women, exalting the powers of menstruation, conflating all labor with birth imagery, and revealing lateral hostilities among potential allies―all in order to arouse a meaningful social critique.
Title: Hanging On Our Own Bones
Subtitle: Poems
Author: Judy Grahn
Publisher: Red Hen Press
Title First Published 15 August 2017
Format: Paperback
ISBN-10 0989036138
ISBN-13 9780989036139
Publication Date: 15 August 2017
Price: $18.95
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