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Christian Morgenstern
(1871-1914)
Der zertrümmerte Spiegel
Am Himmel steht ein Spiegel, riesengroß.
Ein Wunderland, im klarsten Sonnenlichte,
entwächst berückend dem kristallnen Schoß.
Um bunter Tempel marmorne Gedichte
ergrünt geheimnisvoller Haine Kranz;
der Seen Silber dunkle Kähne spalten,
und wallender Gewänder heller Glanz
verrät dem Auge wandelnde Gestalten.
Wohl kenn ich dich, du seliges Gefild! . .
Doch was in heitrer Ruh erglänzt dort oben,
ist mehr als dein getreues Spiegelbild,
ist Irdisches zu Göttlichem erhoben.
Du zeigst ein friedsam wolkenloses Glück,
um das umsonst die Staubgebornen werben . . .
Und doch! Auch du bist nur ein Schemenstück!
Ein Hauch -: Du schläfst im Grund in tausend Scherben.
Ein Hauch! . . Von düstren Wolken löst ein Flug
sich von der Felskluft Schautribünenstufen.
Um meinen Gipfel streift ihr dumpfer Zug,
als hätte sie mein fürchtend Herz gerufen.
Hinunter weist beschwörend meine Hand,
indes mein Aug nach oben bittet «Bleibe!»
Umsonst! Ein Stoß zermalmt des Spiegels Rand,
und donnernd bäumt sich die gewaltige Scheibe
und stürzt, von tausend Sprüngen überzackt,
mit fürchterlichem Tosen in die Tiefen.
Der Abgrund schreit, von wildem Graun gepackt.
Blutüberströmt die Wolken talwärts triefen.
Fahlgrüner Splitterregen spritzt umher,
den Leib der Nacht zerschneidend und zerfleischend.
Mordbrüllend wühlt der Sturm im Nebelmeer
und heult in jede Höhle, wollustkreischend.
Der Berge Adern schwellen, brechen auf
und schäumen graue Fülle ins Geklüfte.
Ihr Flutsturz reißt verstreuter Scherben Hauf
unhemmbar mit in finstre Waldnachtgrüfte.
Es wogt der Forsten nasses Kronenhaar,
durchblendet von demantnem Pfeilgewimmel . .
Doch um die Höhen wird es langsam klar,
durch Tränen lächelt der beraubte Himmel.
Und bald verblitzt der letzten Scherbe Schein,
zum Grund gefegt vom Sturm- und Wellentanze.
Nur feiner Glasstaub deckt noch Baum und Stein
und funkelt tausendfach im Sonnenglanze . . .
Ich schau, ich sinne, hab der Zeit nicht acht -:
Den Tag verscheuchte längst der Schattenriese.
Und aus der Tiefe predigen durch die Nacht
die Fälle vom versunknen Paradiese.
Christian Morgenstern poetry
kempis poetry magazine
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Friedrich Nietzsche
(1844-1900)
Das nächtliche Geheimniss
Gestern Nachts, als Alles schlief,
Kaum der Wind mit ungewissen
Seufzern durch die Gassen lief,
Gab mir Ruhe nicht das Kissen,
Noch der Mohn, noch, was sonst tief
Schlafen macht – ein gut Gewissen.
Endlich schlug ich mir den Schlaf
Aus dem Sinn und lief zum Strande.
Mondhell war’s und mild – ich traf
Mann und Kahn auf warmem Sande,
Schläfrig beide, Hirt und Schaf: –
Schläfrig stiess der Kahn vom Lande.
Eine Stunde, leicht auch zwei,
Oder war’s ein Jahr? – da sanken
Plötzlich mir Sinn und Gedanken
In ein ew’ges Einerlei,
Und ein Abgrund ohne Schranken
That sich auf: – da war’s vorbei! –
Morgen kam: auf schwarzen Tiefen
Steht ein Kahn und ruht und ruht – –
Was geschah? so riefs, so riefen
Hundert bald – was gab es? Blut? –
Nichts geschah! Wir schliefen, schliefen
Alle – ach, so gut! so gut!
Friedrich Nietzsche poetry
fleursdumal.nl magazine
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Guy de Maupassant
(1850-1893)
AU BORD DE L’EAU
I
Un lourd soleil tombait d’aplomb sur le lavoir;
Les canards engourdis s’endormaient dans la vase,
Et l’air brûlait si fort qu’on s’attendait à voir
Les arbres s’enflammer du sommet à la base.
J’étais couché sur l’herbe auprès du vieux bateau
Où des femmes lavaient leur linge. Des eaux grasses,
Des bulles de savon qui se crevaient bientôt
S’en allaient au courant, laissant de longues traces.
Et je m’assoupissais lorsque je vis venir,
Sous la grande lumière et la chaleur torride,
Une fille marchant d’un pas ferme et rapide,
Avec ses bras levés en l’air, pour maintenir
Un fort paquet de linge au-dessus de sa tête.
La hanche large avec la taille mince, faite
Ainsi qu’une Vénus de marbre, elle avançait
Très droite, et sur ses reins, un peu, se balançait.
Je la suivis, prenant l’étroite passerelle
Jusqu’au seuil du lavoir, où j’entrai derrière elle.
Elle choisit sa place, et dans un baquet d’eau,
D’un geste souple et fort abattit son fardeau.
Elle avait tout au plus la toilette permise;
Elle lavait son linge; et chaque mouvement
Des bras et de la hanche accusait nettement,
Sous le jupon collant et la mince chemise,
Les rondeurs de la croupe et les rondeurs des seins.
Elle travaillait dur; puis, quand elle était lasse,
Elle élevait les bras, et, superbe de grâce,
Tendait son corps flexible en renversant ses reins.
Mais le puissant soleil faisait craquer les planches;
Le bateau s’entr’ouvrait comme pour respirer.
Les femmes haletaient; on voyait sous leurs manches
La moiteur de leurs bras par place transpirer
Une rougeur montait à sa gorge sanguine.
Elle fixa sur moi son regard effronté,
Dégrafa sa chemise, et sa ronde poitrine
Surgit, double et luisante, en pleine liberté,
Écartée aux sommets et d’une ampleur solide.
Elle battait alors son linge, et chaque coup
Agitait par moment d’un soubresaut rapide
Les roses fleurs de chair qui se dressent au bout.
Un air chaud me frappait, comme un souffle de forge,
À chacun des soupirs qui soulevaient sa gorge.
Les coups de son battoir me tombaient sur le coeur!
Elle me regardait d’un air un peu moqueur;
J’approchai, l’oeil tendu sur sa poitrine humide
De gouttes d’eau, si blanche et tentante au baiser.
Elle eut pitié de moi, me voyant très timide,
M’aborda la première et se mit à causer.
Comme des sons perdus m’arrivaient ses paroles.
Je ne l’entendais pas, tant je la regardais.
Par sa robe entr’ouverte, au loin, je me perdais,
Devinant les dessous et brûlé d’ardeurs folles;
Puis, comme elle partait, elle me dit tout bas
De me trouver le soir au bout de la prairie.
Tout ce qui m’emplissait s’éloigna sur ses pas;
Mon passé disparut ainsi qu’une eau tarie!
Pourtant j’étais joyeux, car en moi j’entendais
Les ivresses chanter avec leur voix sonore.
Vers le ciel obscurci toujours je regardais,
Et la nuit qui tombait me semblait une aurore!
II
Elle était la première au lieu du rendez-vous.
J’accourus auprès d’elle et me mis à genoux,
Et promenant mes mains tout autour de sa taille
Je l’attirais. Mais elle, aussitôt, se leva
Et par les prés baignés de lune se sauva.
Enfin je l’atteignis, car dans une broussaille
Qu’elle ne voyait point son pied fut arrêté.
Alors, fermant mes bras sur sa hanche arrondie,
Auprès d’un arbre, au bord de l’eau, je l’emportai.
Elle, que j’avais vue impudique et hardie,
Était pâle et troublée et pleurait lentement,
Tandis que je sentais comme un enivrement
De force qui montait de sa faiblesse émue.
Quel est donc et d’où vient ce ferment qui remue
Les entrailles de l’homme à l’heure de l’amour?
La lune illuminait les champs comme en plein jour.
Grouillant dans les roseaux, la bruyante peuplade
Des grenouilles faisaient un grand charivari;
Une caille très loin jetait son double cri,
Et, comme préludant à quelque sérénade,
Des oiseaux réveillés commençaient leurs chansons.
Le vent me paraissait chargé d’amours lointaines,
Alourdi de baisers, plein des chaudes haleines
Que l’on entend venir avec de longs frissons,
Et qui passent roulant des ardeurs d’incendies.
Un rut puissant tombait des brises attiédies.
Et je pensai: « Combien, sous le ciel infini,
Par cette douce nuit d’été, combien nous sommes
Qu’une angoisse soulève et que l’instinct unit
Parmi les animaux comme parmi les hommes. »
Et moi j’aurais voulu, seul, être tous ceux-là!
Je pris et je baisai ses doigts; elle trembla.
Ses mains fraîches sentaient une odeur de lavande
Et de thym, dont son linge était tout embaumé.
Sous ma bouche ses seins avaient un goût d’amande
Comme un laurier sauvage ou le lait parfumé
Qu’on boit dans la montagne aux mamelles des chèvres.
Elle se débattait; mais je trouvai ses lèvres!
Ce fut un baiser long comme une éternité
Qui tendit nos deux corps dans l’immobilité.
Elle se renversa, râlant sous ma caresse;
Sa poitrine oppressée et dure de tendresse,
Haletait fortement avec de longs sanglots;
Sa joue était brûlante et ses yeux demi-clos;
Et nos bouches, nos sens, nos soupirs se mêlèrent.
Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,
Un cri d’amour monta, si terrible et si fort
Que des oiseaux dans l’ombre effarés s’envolèrent.
Les grenouilles, la caille, et les bruits et les voix
Se turent; un silence énorme emplit l’espace.
Soudain, jetant aux vents sa lugubre menace,
Très loin derrière nous un chien hurla trois fois.
Mais quand le jour parut, comme elle était restée,
Elle s’enfuit. J’errai dans les champs au hasard.
La senteur de sa peau me hantait; son regard
M’attachait comme une ancre au fond du coeur jetée.
Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers,
Un lien nous tenait, l’affinité des chairs.
III
Pendant cinq mois entiers, chaque soir, sur la rive,
Plein d’un emportement qui jamais ne faiblit,
J’ai caressé sur l’herbe ainsi que dans un lit
Cette fille superbe, ignorante et lascive.
Et le matin, mordus encor du souvenir,
Quoique tout alanguis des baisers de la veille,
Dès l’heure où, dans la plaine, un chant d’oiseau s’éveille,
Nous trouvions que la nuit tardait bien à venir.
Quelquefois, oubliant que le jour dût éclore,
Nous nous laissions surprendre embrassés, par l’aurore.
Vite, nous revenions le long des clairs chemins,
Mes deux yeux dans ses yeux, ses deux mains dans mes mains.
Je voyais s’allumer des lueurs dans les haies,
Des troncs d’arbre soudain rougir comme des plaies,
Sans songer qu’un soleil se levait quelque part,
Et je croyais, sentant mon front baigné de flammes,
Que toutes ces clartés tombaient de son regard.
Elle allait au lavoir avec les autres femmes;
Je la suivais, rempli d’attente et de désir.
La regarder sans fin était mon seul plaisir,
Et je restais debout dans la même posture,
Muré dans mon amour comme en une prison.
Les lignes de son corps fermaient mon horizon;
Mon espoir se bornait aux noeuds de sa ceinture.
Je demeurais près d’elle, épiant le moment
Où quelque autre attirait la gaieté toujours prête;
Je me penchais bien vite, elle tournait la tête,
Nos bouches se touchaient, puis fuyaient brusquement.
Parfois elle sortait en m’appelant d’un signe;
J’allais la retrouver dans quelque champ de vigne
Ou sous quelque buisson qui nous cachait aux yeux.
Nous regardions s’aimer les bêtes accouplées,
Quatre ailes qui portaient deux papillons joyeux,
Un double insecte noir qui passait les allées.
Grave, elle ramassait ces petits amoureux
Et les baisait. Souvent des oiseaux sur nos têtes
Se becquetaient sans peur, et les couples des bêtes
Ne nous redoutaient point, car nous faisions comme eux.
Puis le coeur tout plein d’elle, à cette heure tardive
Où j’attendais, guettant les détours de la rive,
Quand elle apparaissait sous les hauts peupliers,
Le désir allumé dans sa prunelle brune,
Sa jupe balayant tous les rayons de Lune
Couchés entre chaque arbre au travers des sentiers,
Je songeais à l’amour de ces filles bibliques,
Si belles qu’en ces temps lointains on a pu voir,
Éperdus et suivant leurs formes impudiques,
Des anges qui passaient dans les ombres du soir.
IV
Un jour que le patron dormait devant la porte,
Vers midi, le lavoir se trouva dépeuplé.
Le sol brûlant fumait comme un boeuf essoufflé
Qui peine en plein soleil; mais je trouvais moins forte
Cette chaleur du ciel que celle de mes sens.
Aucun bruit ne venait que des lambeaux de chants
Et des rires d’ivrogne, au loin, sortant des bouges,
Puis la chute parfois de quelque goutte d’eau
Tombant on ne sait d’où, sueur du vieux bateau.
Or ses lèvres brillaient comme des charbons rouges
D’où jaillirent soudain des crises de baisers,
Ainsi que d’un brasier partent des étincelles,
Jusqu’à l’affaissement de nos deux corps brisés.
On n’entendait plus rien hormis les sauterelles,
Ce peuple du soleil aux éternels cris-cris
Crépitant comme un feu parmi les prés flétris.
Et nous nous regardions, étonnés, immobiles,
Si pâles tous les deux que nous nous faisions peur;
Lisant aux traits creusés, noirs, sous nos yeux fébriles,
Que nous étions frappés de l’amour dont on meurt,
Et que par tous nos sens s’écoulait notre vie.
Nous nous sommes quittés en nous disant tout bas
Qu’au bord de l’eau, le soir, nous ne viendrions pas.
Mais, à l’heure ordinaire, une invincible envie
Me prit d’aller tout seul à l’arbre accoutumé
Rêver aux voluptés de ce corps tant aimé,
Promener mon esprit par toutes nos caresses,
Me coucher sur cette herbe et sur son souvenir.
Quand j’approchai, grisé des anciennes ivresses,
Elle était là, debout, me regardant venir.
Depuis lors, envahis par une fièvre étrange,
Nous hâtons sans répit cet amour qui nous mange
Bien que la mort nous gagne, un besoin plus puissant
Nous travaille et nous force à mêler notre sang.
Nos ardeurs ne sont point prudentes ni peureuses;
L’effroi ne trouble pas nos regards embrasés;
Nous mourons l’un par l’autre, et nos poitrines creuses
Changent nos jours futurs comme autant de baisers.
Nous ne parlons jamais. Auprès de cette femme
Il n’est qu’un cri d’amour, celui du cerf qui brame.
Ma peau garde sans fin le frisson de sa peau
Qui m’emplit d’un désir toujours âpre et nouveau,
Et si ma bouche a soif, ce n’est que de sa bouche!
Mon ardeur s’exaspère et ma force s’abat
Dans cet accouplement mortel comme un combat.
Le gazon est brûlé qui nous servait de couche,
Et désignant l’endroit du retour continu,
La marque de nos corps est entrée au sol nu.
Quelque matin, sous l’arbre où nous nous rencontrâmes,
On nous ramassera tous deux au bord de l’eau.
Nous serons rapportés au fond d’un lourd bateau,
Nous embrassant encore aux secousses des rames.
Puis, on nous jettera dans quelque trou caché,
Comme on fait aux gens morts en état de péché.
Mais alors, s’il est vrai que les ombres reviennent,
Nous reviendrons, le soir, sous les hauts peupliers,
Et les gens du pays, qui longtemps se souviennent,
En nous voyant passer, l’un à l’autre liés,
Diront, en se signant, et l’esprit en prière:
« Voilà le mort d’amour avec sa lavandière. »
Guy de Maupassant poetry
fleursdumal.nl magazine
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Friedrich Nietzsche
(1844-1900)
Dichters Berufung
Als ich jüngst, mich zu erquicken,
Unter dunklen Bäumen sass,
Hört’ ich ticken, leise ticken,
Zierlich, wie nach Takt und Maass.
Böse wurd’ ich, zog Gesichter, –
Endlich aber gab ich nach,
Bis ich gar, gleich einem Dichter,
Selber mit im Tiktak sprach.
Wie mir so im Verse-Machen
Silb’ um Silb’ ihr Hopsa sprang,
Musst’ ich plötzlich lachen, lachen
Eine Viertelstunde lang.
Du ein Dichter? Du ein Dichter?
Steht’s mit deinem Kopf so schlecht?
– “Ja, mein Herr, Sie sind ein Dichter”
Achselzuckt der Vogel Specht.
Wessen harr’ ich hier im Busche?
Wem doch laur’ ich Räuber auf?
Ist’s ein Spruch? Ein Bild? Im Husche
Sitzt mein Reim ihm hintendrauf.
Was nur schlüpft und hüpft, gleich sticht der
Dichter sich’s zum Vers zurecht.
– “Ja, mein Herr, Sie sind ein Dichter”
Achselzuckt der Vogel Specht.
Reime, mein’ ich, sind wie Pfeile?
Wie das zappelt, zittert, springt,
Wenn der Pfeil in edle Theile
Des Lacerten-Leibchens dringt!
Ach, ihr sterbt dran, arme Wichter,
Oder taumelt wie bezecht!
– “Ja, mein Herr, Sie sind ein Dichter”
Achselzuckt der Vogel Specht.
Schiefe Sprüchlein voller Eile,
Trunkne Wörtlein, wie sich’s drängt!
Bis ihr Alle, Zeil’ an Zeile,
An der Tiktak-Kette hängt.
Und es giebt grausam Gelichter,
Das dies – freut? Sind Dichter – schlecht?
– “Ja, mein Herr, Sie sind ein Dichter”
Achselzuckt der Vogel Specht.
Höhnst du, Vogel? Willst du scherzen?
Steht’s mit meinem Kopf schon schlimm,
Schlimmer stünd’s mit meinem Herzen?
Fürchte, fürchte meinen Grimm! –
Doch der Dichter – Reime flicht er
Selbst im Grimm noch schlecht und recht.
– “Ja, mein Herr, Sie sind ein Dichter”
Achselzuckt der Vogel Specht.
Friedrich Nietzsche Gedichte
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William Morris
(1834-1896)
Spring’s Bedfellow
Spring went about the woods to-day,
The soft-foot winter-thief,
And found where idle sorrow lay
‘Twixt flower and faded leaf.
She looked on him, and found him fair
For all she had been told;
She knelt adown beside him there,
And sang of days of old.
His open eyes beheld her nought,
Yet ‘gan his lips to move;
But life and deeds were in her thought,
And he would sing of love.
So sang they till their eyes did meet,
And faded fear and shame;
More bold he grew, and she more sweet,
Until they sang the same.
Until, say they who know the thing,
Their very lips did kiss,
And Sorrow laid abed with Spring
Begat an earthly bliss.
William Morris poetry
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Guy de Maupassant
(1850-1893)
Le Mur
Les fenêtres étaient ouvertes. Le salon
Illuminé jetait des lueurs d’incendies,
Et de grandes clartés couraient sur le gazon.
Le parc, là-bas, semblait répondre aux mélodies
De l’orchestre, et faisait une rumeur au loin.
Tout chargé des senteurs des feuilles et du foin,
L’air tiède de la nuit, comme une molle haleine,
S’en venait caresser les épaules, mêlant
Les émanations des bois et de la plaine
À celles de la chair parfumée, et troublant
D’une oscillation la flamme des bougies.
On respirait les fleurs des champs et des cheveux.
Quelquefois, traversant les ombres élargies,
Un souffle froid, tombé du ciel criblé de feux,
Apportait jusqu’à nous comme une odeur d’étoiles.
Les femmes regardaient, assises mollement,
Muettes, l’oeil noyé, de moment en moment
Les rideaux se gonfler ainsi que font des voiles,
Et rêvaient d’un départ à travers ce ciel d’or,
Par ce grand océan d’astres. Une tendresse
Douce les oppressait, comme un besoin plus fort
D’aimer, de dire, avec une voix qui caresse,
Tous ces vagues secrets qu’un coeur peut enfermer.
La musique chantait et semblait parfumée;
La nuit embaumant l’air en paraissait rythmée,
Et l’on croyait entendre au loin les cerfs bramer.
Mais un frisson passa parmi les robes blanches;
Chacun quitta sa place et l’orchestre se tut,
Car derrière un bois noir, sur un coteau pointu,
On voyait s’élever, comme un feu dans les branches,
La lune énorme et rouge à travers les sapins.
Et puis elle surgit au faîte, toute ronde,
Et monta, solitaire, au fond des cieux lointains,
Comme une face pâle errant autour du monde.
Chacun se dispersa par les chemins ombreux
Où, sur le sable blond, ainsi qu’une eau dormante,
La lune clairsemait sa lumière charmante.
La nuit douce rendait les hommes amoureux,
Au fond de leurs regards allumant une flamme.
Et les femmes allaient, graves, le front penché,
Ayant toutes un peu de clair de lune à l’âme.
Les brises charriaient des langueurs de péché.
J’errais, et sans savoir pourquoi, le coeur en fête.
Un petit rire aigu me fit tourner la tête,
Et j’aperçus soudain la dame que j’aimais,
Hélas! d’une façon discrète, car jamais
Elle n’avait cessé d’être à mes voeux rebelle:
« Votre bras, et faisons un tour de parc », dit-elle.
Elle était gaie et folle et se moquait de tout,
Prétendait que la lune avait l’air d’une veuve:
« Le chemin est trop long pour aller jusqu’au bout,
Car j’ai des souliers fins et ma toilette est neuve;
Retournons. » Je lui pris le bras et l’entraînai.
Alors elle courut, vagabonde et fantasque,
Et le vent de sa robe, au hasard promené,
Troublait l’air endormi d’un souffle de bourrasque.
Puis elle s’arrêta, soufflant; et doucement
Nous marchâmes sans bruit tout le long d’une allée.
Des voix basses parlaient dans la nuit, tendrement,
Et, parmi les rumeurs dont l’ombre était peuplée,
On distinguait parfois comme un son de baiser.
Alors elle jetait au ciel une roulade!
Vite tout se taisait. On entendait passer
Une fuite rapide; et quelque amant maussade
Et resté seul pestait contre les indiscrets.
Un rossignol chantait dans un arbre, tout près,
Et dans la plaine, au loin, répondait une caille.
Soudain, blessant les yeux par son reflet brutal,
Se dressa, toute blanche, une haute muraille,
Ainsi que dans un conte un palais de métal.
Elle semblait guetter de loin notre passage.
« La lumière est propice à qui veut rester sage,
Me dit-elle. Les bois sont trop sombres, la nuit.
Asseyons-nous un peu devant ce mur qui luit. »
Elle s’assit, riant de me voir la maudire.
Au fond du ciel, la lune aussi me sembla rire!
Et toutes deux d’accord, je ne sais trop pourquoi,
Paraissaient s’apprêter à se moquer de moi.
Donc, nous étions assis devant le grand mur blême;
Et moi, je n’osais pas lui dire: « Je vous aime! »
Mais comme j’étouffais, je lui pris les deux mains.
Elle eut un pli léger de sa lèvre coquette
Et me laissa venir comme un chasseur qui guette.
Des robes, qui passaient au fond des noirs chemins,
Mettaient parfois dans l’ombre une blancheur douteuse.
La lune nous couvrait de ses rayons pâlis
Et, nous enveloppant de sa clarté laiteuse,
Faisait fondre nos coeurs à sa vue amollis.
Elle glissait très haut, très placide et très lente,
Et pénétrait nos chairs d’une langueur troublante.
J’épiais ma compagne, et je sentais grandir
Dans mon être crispé, dans mes sens, dans mon âme,
Cet étrange tourment où nous jette une femme
Lorsque fermente en nous la fièvre du désir!
Lorsqu’on a, chaque nuit, dans le trouble du rêve,
Le baiser qui consent, le « oui » d’un oeil fermé,
L’adorable inconnu des robes qu’on soulève,
Le corps qui s’abandonne, immobile et pâmé,
Et qu’en réalité la dame ne nous laisse
Que l’espoir de surprendre un moment de faiblesse!
Ma gorge était aride; et des frissons ardents
Me vinrent, qui faisaient s’entrechoquer mes dents,
Une fureur d’esclave en révolte, et la joie
De ma force pouvant saisir, comme une proie,
Cette femme orgueilleuse et calme, dont soudain
Je ferais sangloter le tranquille dédain!
Elle riait, moqueuse, effrontément jolie;
Son haleine faisait une fine vapeur
Dont j’avais soif. Mon coeur bondit; une folie
Me prit. Je la saisis en mes bras. Elle eut peur,
Se leva. J’enlaçai sa taille avec colère,
Et je baisai, ployant sous moi son corps nerveux,
Son oeil, son front, sa bouche humide et ses cheveux!
La lune, triomphant, brillait de gaieté claire.
Déjà je la prenais, impétueux et fort,
Quand je fus repoussé par un suprême effort.
Alors recommença notre lutte éperdue
Près du mur qui semblait une toile tendue.
Or, dans un brusque élan nous étant retournés,
Nous vîmes un spectacle étonnant et comique.
Traçant dans la clarté deux corps désordonnés,
Nos ombres agitaient une étrange mimique,
S’attirant, s’éloignant, s’étreignant tour à tour.
Elles semblaient jouer quelque bouffonnerie,
Avec des gestes fous de pantins en furie,
Esquissant drôlement la charge de l’Amour.
Elles se tortillaient farces ou convulsives,
Se heurtaient de la tête ainsi que des béliers;
Puis, redressant soudain leurs tailles excessives,
Restaient fixes, debout comme deux grands piliers.
Quelquefois, déployant quatre bras gigantesques,
Elles se repoussaient, noires sur le mur blanc,
Et, prises tout à coup de tendresses grotesques,
Paraissaient se pâmer dans un baiser brûlant.
La chose étant très gaie et très inattendue,
Elle se mit à rire. – Et comment se fâcher,
Se débattre et défendre aux lèvres d’approcher
Lorsqu’on rit? Un instant de gravité perdue
Plus qu’un coeur embrasé peut sauver un amant!
Le rossignol chantait dans son arbre. La lune
Du fond du ciel serein recherchait vainement
Nos deux ombres au mur et n’en voyait plus qu’une.
Guy de Maupassant poetry
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Guy de Maupassant
(1850-1893)
Nuit de Neige
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.
Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
L’hiver s’est abattu sur toute floraison;
Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.
La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter.
Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde,
Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant;
Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.
Oh! la terrible nuit pour les petits oiseaux!
Un vent glacé frissonne et court par les allées;
Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.
Guy de Maupassant poetry
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N o v a l i s
Georg Philipp Friedrich von Hardenberg (1772 – 1801)
Wenn in bangen, trüben Stunden
Wenn in bangen, trüben Stunden
Unser Herz beinah’ verzagt,
Wenn, von Krankheit überwunden,
Angst in unserm Innern nagt,
Wir der Treugeliebten denken,
Wie sie Gram und Kummer drückt,
Wolken unsern Blick beschränken,
Die kein Hoffnungsstrahl durchblickt:
O! dann neigt sich Gott herüber,
Seine Liebe kommt uns nah’:
Sehnen wir uns dann hinüber,
Steht sein Engel vor uns da,
Bringt den Kelch des frischen Lebens,
Lispelt Mut und Trost uns zu,
Und wir beten nicht vergebens
Auch für der Geliebten Ruh’.
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