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Théophile Gautier: Apollonie

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Théophile Gautier

(1811-1872)

 

Apollonie

 

J’aime ton nom d’Apollonie,

Echo grec du sacré vallon,

Qui, dans sa robuste harmonie,

Te baptise soeur d’Apollon.

 

Sur la lyre au plectre d’ivoire,

Ce nom splendide et souverain,

Beau comme l’amour et la gloire,

Prend des résonances d’airain.

 

Classique, il fait plonger les Elfes

Au fond de leur lac allemand,

Et seule la Pythie à Delphes

Pourrait le porter dignement,

 

Quand relevant sa robe antique

Elle s’assoit au trépied d’or,

Et dans sa pose fatidique

Attend le dieu qui tarde encor.

 

Théophile Gautier poetry

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Mireille Havet: Histoire du petit cheval noir

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Mireille Havet

(1898-1932)

Histoire du petit cheval noir

 

Le petit cheval, noir comme du jais, trotte sur la route de campagne. Ses deux oreilles bien levées comme des cornets à surprise et sa queue empanachée comme un plumeau qu’agite la brise.

Il est content, le petit cheval, parce que l’air est bleu sur toute la campagne. La carriole qui sonne derrière sa croupe luisante est légère et le paysan Mathieu gai et propre dans sa blouse bleue, n’emporte jamais de fouet.

« Ah les beaux cailloux ! comme ils roulent bien sous mes quatre sabots, pense le petit cheval, et que mon estomac est agréablement rempli d’avoine. Allons, vite, vite à la ferme qui est située dans la vallée. Là, je retrouverai un petit cheval blanc que j’affectionne énormément. »

Mais voilà, que sous le lourd soleil de midi, qui est monté au fond du ciel, le gai paysan Mathieu s’est endormi. Sa bonne grosse tête est secouée de droite à gauche, de gauche à droite, par les cahots de la voiture et, devant ses yeux clos, passent des visions champêtres… La route, avant d’arriver à la ferme est raide, si raide, qu’on n’y pourrait jouer à courir sans tomber.

Mais, le petit cheval ne sait pas cela, parce qu’une main sûre, jusqu’à ce matin-là, avait toujours tenu ses guides. Et de toute la force de ses quatre jambes solides il se lance dans le sentier, avec par derrière lui, la carriole sonnante. Ah ! qu’est-il arrivé ?

Mathieu fut réveillé par une grande secousse, qui le projeta en l’air, comme une balle, et par un hennissement pitoyable. Le petit cheval noir, plié sur ses genoux de devant, était recouvert, à moitié, par la carriole qui pesait sur son dos… et il hennissait… il hennissait, parce qu’il avait mal à ses genoux écorchés.

« Ah ! pensait le petit cheval, comment faire maintenant ? j’ai si mal ! et je n’ai pas la force de me relever. J’étais si heureux de courir, avec du soleil de tous les côtés et l’air piquant dans mes naseaux ouverts. Maintenant je vais boiter comme un vieux cheval infirme. Quelle tristesse ! » Et il pleurait.

Ce n’est qu’une heure après, que Mathieu avec, d’autres garçons, purent dégager le petit cheval noir et l’aider à se relever.

Mais dans quel état ! Toute la peau de ses genoux enlevée. Ses pauvres genoux ! On le ramena à son écurie : là-haut, sur le coteau, pendant que le soleil se couchait, comme cela, avec une multitude de rayons. Le ciel ressemblait à un champ de blé.

Et le petit cheval sentait son cœur lourd comme une grosse pierre et il se disait : « Vais-je mourir ? » Mais il ne mourut pas. Ce n’était que des écorchures. On le soigna très bien. On le fit reposer et on lui donna abondamment à manger.

Cependant depuis, il n’a jamais voulu, mais jamais ! reprendre le chemin en pente qui conduit dans la vallée.

 

La Maison dans l’œil du chat. Paris, éditions Georges Crès & Cie, 1917

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Mireille Havet: C’est ce désir du monde

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Mireille Havet

(1898-1932)

C’est ce désir du monde

À Mlle Lilie de Lanux

 

 

C’est ce désir du monde

qui m’hallucine !

La hantise de ce qui reste à créer

dans les contrées

neuves comme mon ardeur.

 

L’aube monte,

éclate aux vitres et joue un instant

avec les rainures du volet.

C’est avant l’aube qu’il faut partir..!

La douceur du jour vous rattache aux choses

qui ont bercé l’enfance.

Avec rudesse : il faut partir !

Ceindre ses reins de la ceinture d’acier

dont les clous mordent la chair

à la moindre défaillance.

Traverser le jardin, sans cueillir de fleurs,

ne pas s’attarder à la barrière qui grince !

Partir… avant l’heure.

C’est la rudesse qui dirige.

C’est la ligne droite et la route poudreuse,

dans l’aurore malléable,

qui attirent.

Et la poussière se fait légère et douce

aux talon nus

qui s’y enfoncent avec volupté !

Les horizons ne sont pas des mythes

Ils sont là pour être traversés ! vaincus ! Livrés !

Tous les secrets des montagnes,

toute la langueur des rivières,

toute la force mystique de l’océan indomptable

et le désert, qui noie, mieux que l’onde

sont pour nous.

 

Pour Toi : Voyageur désirable !

Que rien n’harasse et que rien ne déçoit :

avec ta besace grise sur ta hanche

ton dur bâton !

Sans arme ! Et sans fortune !

Livré au ciel, comme Jésus-Christ

Le fut aux hommes,

Livré avec le seul vêtement

de ta chair : à la source

qui coule en chantant

sur tes reins.

 

Les cimes ! Les cimes !

Nous appellent, se dressant

multiples et farouches

comme un désir qui s’amplifie.

Elle s’exhaussent

les unes sur les autres,

harcelant nos yeux

qui ne peuvent tout posséder !

 

Ô courses folles

dans la nuit,

avec les constellations jusqu’aux épaules

et la tentation de les prendre à pleine main.

Usure exquise de tout ce qui dort en nous

 

et s’éveille, au contact des ouragans

et des soleils,

absorptions entière de la Terre

par tous les pores de la peau

cuivrée, durcie !

 

Possession enfin palpable

de ce que Dieu donna à l’homme

pour l’aider à conquérir le ciel.

Possession unique !

Dure comme un arc bandé,

dont la flèche serait,

un désir insatiable

d’une portée illimitée.

 

Voici la nuit sur la ville.

En haut de la grande Tour,

un paon s’éploie

comme un drapeau d’azur.

Et c’est le signe !

Et c’est le flambeau !

Ah ! Partons sans détour,

pendant que la soif dure encore

et avant d’être résignés.

Pendant que sur ce mur, l’oiseau sonore

clame la détresse des prisonniers.

 

Dans mes libres membres bouillonne,

La folle promesse de l’univers

qui s’abandonne

à mon désir.

 

 

Revue La Presqu’île n°4 (octobre 1916)

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Robert Graves: She Tells Her Love While Half Asleep

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Robert Graves

(1895-1985)

She Tells Her Love While Half Asleep

 

She tells her love while half asleep,

In the dark hours,

With half-words whispered low:

As Earth stirs in her winter sleep

And puts out grass and flowers

Despite the snow,

Despite the falling snow.

 

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Mireille Havet: Adieu à la Touraine

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Mireille Havet

(1898-1932)

Adieu à la Touraine

À Christiane et à Paul Aeschimann

 

Ah ! c’est bien tentant de se casser la figure

et d’épanouir son sang sur la terre dure !

Par la fenêtre ouverte : se jeter !

Mourir !

Et le crépuscule laisse monter la lune.

Touraine ! Terre de nos rois,

cœur de France, qu’entoure la guerre

comme un serre-téte sanglant

Touraine !

Tu te mires dans la rivière

avec le croissant de la lune nouvelle.

J’ai vu ton soleil s’évanouir sur la forêt,

glisser avec langueur le long des troncs ambrés,

répandre avec volupté

l’amour de ses flancs dilatés

par cette dernière étreinte d’Automne,

et les rivières, à travers Toi ! Touraine !

à travers toi ! ma France !

s’en vont claires comme des veines

sillonnant tes champs de gais reflets d’argent.

Voici le dernier soir !

La vie nouvelle réclame à chaque instant

une ferveur nouvelle,

et c’est déjà le Départ.

Dernier soir campagnard, ma douleur est intense.

Touraine qui m’as reçue pendant un an de guerre,

à Toi j’adresse ce soir

un dernier appel et une dernière prière.

Tu ne m’as pas trop donné, Touraine !

j’ai su te comprendre et j’ai su t’aimer.

Belles chevauchées des rois à travers la forêt,

vous hantez mes rêves et je pars à regret.

Mais ainsi…..

La guerre perpétuelle aiguise ma nostalgie.

C’est la vie que j’appelle !

Que la mort soit bannie !

Toute ma force se révolte en te contemplant

ma terre !

Toi que l’on a voulu prendre,

que l’on a voulu enlever à ma jeunesse

et que j’aime d’un amour illimité !

 

Les voitures passent sur le pont.

La roue du moulin tourne près du pont.

J’entends son rythme lent

et le saut des poissons (sous le pont).

Tout cela va finir.

C’est le dernier soir.

Je ne verrai plus le jardin provincial

avec ses fouillis d’herbe

et son grand ciel d’étoile.

Éperdument je me rejette dans la vie bourdonnante,

dans Paris : ma ville fascinante.

Mais le triste attrait de ce que l’on quitte

me retient en arrière…

Ah ! faiblesse ! Mauvaise constitution de l’homme

en face de l’Avenir !

Il faut partir,

Éternellement quitter.

Le but n’est pas ici. Il est beaucoup plus loin,

derrière la mort, — en dehors de l’atteinte de nos mains

Mais que ce serait bon de l’atteindre tout de suite,

avant d’être fatigué par les nombreuses étapes !

De l’atteindre en pleine force,

du haut de cette fenêtre,

et d’épanouir son sang

dans le sang de l’Automne,

de la guerre perpétuelle

et du canon qui tonne !

Ah ! le désir de vivre est encore le plus fort !

Je suis liée à mes dix-sept ans par un sort

et Je ne peux me sauver…..

France, sur toi, sur ton poitrail calme,

mais cerné de frontières enflammées,

je m’écrase ce soir !

flambante, Moi aussi, du désir de savoir !

Sur cette calme Touraine que je domine

de toute ma destinée incertaine,

je m’appuie pour commencer ma Vie !

Base de terre qui ne croulera pas

sous le poids de ma jeunesse,

tu seras mon point de départ,

et ton ciel verse en moi

toute l’allégresse

qui berça nos rois !

 

Revue Le Mercure de France n°431 (1er juin 1916)

Mireille Havet poetry

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Thomas Hood: The Lay of the Laborer

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Thomas Hood

(1789-1845)

The Lay of the Laborer

 

A spade! a rake! a hoe!

A pickaxe, or a bill!

A hook to reap, or a scythe to mow,

A flail, or what ye will—

And here’s a ready hand

To ply the needful tool,

And skill’d enough, by lessons rough,

In Labor’s rugged school.

 

To hedge, or dig the ditch,

To lop or fell the tree,

To lay the swarth on the sultry field,

Or plough the stubborn lea;

The harvest stack to bind,

The wheaten rick to thatch,

And never fear in my pouch to find

The tinder or the match.

 

To a flaming barn or farm

My fancies never roam;

The fire I yearn to kindle and burn

Is on the hearth of Home;

Where children huddle and crouch

Through dark long winter days,

Where starving children huddle and crouch,

To see the cheerful rays,

A-glowing on the haggard cheek,

And not in the haggard’s blaze!

 

To Him who sends a drought

To parch the fields forlorn,

The rain to flood the meadows with mud,

The blight to blast the corn,

To Him I leave to guide

The bolt in its crooked path,

To strike the miser’s rick, and show

The skies blood-red with wrath.

 

A spade! a rake! a hoe!

A pickaxe, or a bill!

A hook to reap, or a scythe to mow,

A flail, or what ye will—

The corn to thrash, or the hedge to plash,

The market-team to drive,

Or mend the fence by the cover side,

And leave the game alive.

 

Ay, only give me work,

And then you need not fear

That I shall snare his Worship’s hare,

Or kill his Grace’s deer;

Break into his lordship’s house,

To steal the plate so rich;

Or leave the yeoman that had a purse

To welter in a ditch.

 

Wherever Nature needs,

Wherever Labor calls,

No job I’ll shirk of the hardest work,

To shun the workhouse walls;

Where savage laws begrudge

The pauper babe its breath,

And doom a wife to a widow’s life,

Before her partner’s death.

 

My only claim is this,

With labor stiff and stark,

By lawful turn, my living to earn,

Between the light and dark;

My daily bread, and nightly bed,

My bacon, and drop of beer—

But all from the hand that holds the land,

And none from the overseer!

 

No parish money, or loaf,

No pauper badges for me,

A son of the soil, by right of toil

Entitled to my fee.

No alms I ask, give me my task:

Here are the arm, the leg,

The strength, the sinews of a Man,

To work, and not to beg.

 

Still one of Adam’s heirs,

Though doom’d by chance of birth

To dress so mean, and to eat the lean

Instead of the fat of the earth;

To make such humble meals

As honest labor can,

A bone and a crust, with a grace to God,

And little thanks to man!

 

A spade! a rake! a hoe!

A pickaxe, or a bill!

A hook to reap, or a scythe to mow,

A flail, or what ye will—

Whatever the tool to ply,

Here is a willing drudge,

With muscle and limb, and woe to him

Who does their pay begrudge!

 

Who every weekly score

Docks labor’s little mite,

Bestows on the poor at the temple door,

But robb’d them over night.

The very shilling he hoped to save,

As health and morals fail,

Shall visit me in the new Bastille,

The Spital, or the Gaol!

 

Thomas Hood poetry

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Thomas Hardy: “Ah, Are You Digging on My Grave?” vertaald door Cornelis W. Schoneveld

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Thomas Hardy

“Ah, Are You Digging on My Grave?”

 

“Ah, are you digging on my grave        

            My loved one? — planting rue?”         

– “No, yesterday he went to wed                    

One of the brightest wealth has bred.

‘It cannot hurt her now,’ he said,                    

            ‘That I should not be true.’”                

 

“Then who is digging on my grave?

            My nearest dearest kin?”

– “Ah, no; they sit and think, ‘What use!

What good will planting flowers produce?

No tendance of her mound can loose

            Her spirit from Death’s gin.’ “

 

“But some one digs upon my grave?

            My enemy?—prodding sly?”

– “Nay: when she heard you had passed the Gate

That shuts on all flesh soon or late,

She thought you no more worth her hate,

            And cares not where you lie.”

 

“Then, who is digging on my grave?

            Say—since I have not guessed!”

– “O it is I, my mistress dear,

Your little dog, who still lives near,

And much I hope my movements here

            Have not disturbed your rest?”

 

“Ah yes! You dig upon my grave . . .

            Why flashed it not on me

That one true heart was left behind!

What feeling do we ever find

To equal among human kind

            A dog’s fidelity!”         

 

“Mistress, I dug upon your grave

            To bury a bone, in case

I should be hungry near this spot

When passing on my daily trot.

I am sorry, but I quite forgot

            It was your resting-place.”

 

“O joh, graaf jij hier aan mijn graf”

 

“O joh, graaf jij hier aan mijn graf

Voor tijm-aanplant, mijn schat?”

– “Nee, gisteren is hij gehuwd

Met ‘n ster door weelde opgestuwd.

‘Haar pijn,’ zei hij, ‘is nu geluwd,

Al had ik schuld gehad.’ “

 

“Maar wie graaft hier dan aan mijn graf?

Mijn liefste broer of zus?”

– “O nee, zij denken maar, ‘Welk nut

Wordt hier uit bloemenkweek geput?

Geen Dood wordt van haar geest geschud

Door terp- of grondwerkklus.’ “

 

“Maar iemand graaft toch aan mijn graf?

Die feeks?—die roddel jouwt?”

– “Nee: want, nu zij jouw vlees voor goed

De poort door weet, die elk door moet,

Vindt zij dat haat er niet toe doet,

En laat jouw terp haar koud.”

 

“Maar wie graaft hier dan aan mijn graf?

Vertel—daar ik ‘t niet raad!”

– “O, ik ben het, mijn vrouwtje lief,

Je hond, die menig pootje hief

Hier;—hopelijk doet ongerief

Daaruit jouw rust geen kwaad!”

 

“O ja! Jij graaft hier aan mijn graf—

Waarom bleek me al niet gauw

Dat één trouw hart hier steeds nog was?

En welk gevoel in ‘t menselijk ras

Houdt ooit ook maar gelijke pas

Met zulke hondentrouw!”

 

” ‘k Begroef hier, vrouwtje, op je graf

Een kluif, voor op de dag

Dat ik geen voer te vinden weet

Als ik hier in mijn rondje treed.

Spijt heb ik, maar vergat compleet

Dat hier jouw rustplaats lag.”

 

Thomas Hardy:   “Ah, Are You Digging on My Grave?”

in een nieuwe vertaling van: Cornelis W. Schoneveld (jan. 2013)

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Mireille Havet: Le petit cimetière

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Mireille Havet

(1898-1932)

Le petit cimetière

 

Derrière le mur du petit cimetière, il y a une chèvre blanche qui mange de l’herbe verte. Derrière le mur du petit cimetière.

Devant le mur du petit cimetière, il y a la place aux pavés inégaux. Devant le mur du petit cimetière. A l’intérieur du petit cimetière, il y a des rangées de tombes et un champ de croix. A l’intérieur du petit cimetière il y a des croix, des croix, des croix !

Beaucoup sont noires, en simple bois ; d’autres en fer aux garnitures touillées, d’autres en pierre, aux fannes ouvragées. Elles sont toutes neuves, ou bien très vieilles, et sur la pierre humide des tombes, ou sur les pierres de granit gris, des fleurs se fanent et l’herbe pousse.

Là sont réunis sous la terre, le tout petit enfant au grand sage, le voleur au prêtre, l’ennemi à l’ennemi et l’ami à l’amie. Là sont réunis sous la terre tous ceux que la vie a séparés. Mais la terre garde bien son secret, elle ne dit pas où sont ses morts et où, nous serons, nous les vivants. Mais la chèvre mange son herbe verte derrière le mur du petit cimetière.

Ah! que de gens, que de gens, que de gens! qu’une chèvre blanche garde en paissant.

 

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Thomas Hardy: Ah, Are You Digging on My Grave?

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Thomas Hardy

(1840-1928)

Ah, Are You Digging on My Grave?

 

“Ah, are you digging on my grave

My loved one? — planting rue?”

— “No, yesterday he went to wed

One of the brightest wealth has bred.

‘It cannot hurt her now,’ he said,

‘That I should not be true.'”

 

“Then who is digging on my grave?

My nearest dearest kin?”

— “Ah, no; they sit and think, ‘What use!

What good will planting flowers produce?

No tendance of her mound can loose

Her spirit from Death’s gin.’ “

 

“But some one digs upon my grave?

My enemy? — prodding sly?”

— “Nay: when she heard you had passed the Gate

That shuts on all flesh soon or late,

She thought you no more worth her hate,

And cares not where you lie.”

 

“Then, who is digging on my grave?

Say — since I have not guessed!”

— “O it is I, my mistress dear,

Your little dog, who still lives near,

And much I hope my movements here

Have not disturbed your rest?”

 

“Ah yes! You dig upon my grave . . .

Why flashed it not on me

That one true heart was left behind!

What feeling do we ever find

To equal among human kind

A dog’s fidelity!”

 

“Mistress, I dug upon your grave

To bury a bone, in case

I should be hungry near this spot

When passing on my daily trot.

I am sorry, but I quite forgot

It was your resting-place.”

 

Thomas Hardy poetry

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A. E. Housman: Eight O’Clock

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A. E. Housman

(1859-1936)

Eight O’Clock

 

He stood, and heard the steeple

Sprinkle the quarters on the morning town.

One, two, three, four, to market-place and people

It tossed them down.

 

Strapped, noosed, nighing his hour,

He stood and counted them and cursed his luck;

And then the clock collected in the tower

Its strength, and struck.

 

A. E. Housman poetry

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Laura van der Haar winnaar NK Poetry Slam

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Laura van der Haar

winnaar NK Poetry Slam 2012

Laura van der Haar uit Amsterdam heeft op 14 december in Utrecht het Nederlands Kampioenschap Poetry Slam 2012 gewonnen. In muziekpaleis Rasa streden acht dichters om de landstitel. Het NK Poetry Slam werd voor de elfde maal gehouden.

In de jury zaten dichter Mustafa Stitou, cabaretière Katinka Polderman en critica Toef Jaeger. In de laatste slamronde werd uitsluitend gestemd door het publiek. In de finale moest Laura van der Haar het opnemen tegen de Vlaming Jee Kast. De finalisten gingen elkaar met woorden te lijf op het podium.

Het publiek stemde met overtuiging voor Laura van der Haar. Ook de jury sprak haar voorkeur uit voor Van der Haar vanwege ‘regels die spankracht hebben’ (Stitou) en de wijze waarop ze haar tegenstander Jee Kast ‘vriendelijk fileerde’ (Jaeger).

Laura van der Haar won de landstitel ‘Slampion 2012’, een geldbedrag van 1000 euro en de wisseltrofee ‘De Gouden Vink’, vernoemd naar dichter en inspirator van vele poetry slammers, Simon Vinkenoog. Van der Haar werkt als archeologe. Naast haar werk volgt ze de Schrijversvakschool en is ze redacteur bij het online literaire tijdschrift ‘Hard//Hoofd’. In mei 2013 zal ze Nederland vertegenwoordigen op het Wereldkampioenschap Poetry Slam in Parijs.

Een Poetry Slam is een wedstrijd voor beginnende dichters waarin zowel de tekst als de voordracht wordt beoordeeld. Tot eerdere winnaars behoren o.a. Erik Jan Harmens, Krijn Peter Hesselink, Ellen Deckwitz en Kira Wuck. Het NK Poetry Slam werd georganiseerd door het Poëziecircus, vanaf 1 januari 2013 het Literatuurhuis.

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Alberquerquee baby

 

met een fletse bek van de kou zink je je huis uit

de stoep veert niet mee en de rest

ook al niet

 

er is een plek die je kent

waar iemand missen de vale gloed wordt

die soms boven steden hangt

 

steden, waar ‘s nachts een trein voorbijrijdt

waar gespeeld wordt, muziek

die harkend op een hoop veegt

wat uit jouw hoofd verdween

 

die hoop wordt een berg om in te schoppen

sneeuw, herfstblaadjes of

de plastic bekers na Koninginnedag, desnoods

je schopt

 

maar zij verdwijnt niet

jouw Albuquerquee baby

en met boliderode lippen

drukt ze vlinders in je kraag

 

Laura van der Haar

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Gerard Manley Hopkins: The Alchemist in the City

Gerard Manley Hopkins

(1844 – 1889)

The Alchemist in the City

 

My window shews the travelling clouds,

Leaves spent, new seasons, alter’d sky,

The making and the melting crowds:

The whole world passes; I stand by.

 

They do not waste their meted hours,

But men and masters plan and build:

I see the crowning of their towers,

And happy promises fulfill’d.

 

And I – perhaps if my intent

Could count on prediluvian age,

The labours I should then have spent

Might so attain their heritage,

 

But now before the pot can glow

With not to be discover’d gold,

At length the bellows shall not blow,

The furnace shall at last be cold.

 

Yet it is now too late to heal

The incapable and cumbrous shame

Which makes me when with men I deal

More powerless than the blind or lame.

 

No, I should love the city less

Even than this my thankless lore;

But I desire the wilderness

Or weeded landslips of the shore.

 

I walk my breezy belvedere

To watch the low or levant sun,

I see the city pigeons veer,

I mark the tower swallows run

 

Between the tower-top and the ground

Below me in the bearing air;

Then find in the horizon-round

One spot and hunger to be there.

 

And then I hate the most that lore

That holds no promise of success;

Then sweetest seems the houseless shore,

Then free and kind the wilderness,

 

Or ancient mounds that cover bones,

Or rocks where rockdoves do repair

And trees of terebinth and stones

And silence and a gulf of air.

 

There on a long and squared height

After the sunset I would lie,

And pierce the yellow waxen light

With free long looking, ere I die.

 

Gerard Manley Hopkins poetry

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