In this category:

Or see the index

All categories

  1. AFRICAN AMERICAN LITERATURE
  2. AUDIO, CINEMA, RADIO & TV
  3. DANCE & PERFORMANCE
  4. DICTIONARY OF IDEAS
  5. EXHIBITION – art, art history, photos, paintings, drawings, sculpture, ready-mades, video, performing arts, collages, gallery, etc.
  6. FICTION & NON-FICTION – books, booklovers, lit. history, biography, essays, translations, short stories, columns, literature: celtic, beat, travesty, war, dada & de stijl, drugs, dead poets
  7. FLEURSDUMAL POETRY LIBRARY – classic, modern, experimental & visual & sound poetry, poetry in translation, city poets, poetry archive, pre-raphaelites, editor's choice, etc.
  8. LITERARY NEWS & EVENTS – art & literature news, in memoriam, festivals, city-poets, writers in Residence
  9. MONTAIGNE
  10. MUSEUM OF LOST CONCEPTS – invisible poetry, conceptual writing, spurensicherung
  11. MUSEUM OF NATURAL HISTORY – department of ravens & crows, birds of prey, riding a zebra, spring, summer, autumn, winter
  12. MUSEUM OF PUBLIC PROTEST
  13. MUSIC
  14. PRESS & PUBLISHING
  15. REPRESSION OF WRITERS, JOURNALISTS & ARTISTS
  16. STORY ARCHIVE – olv van de veestraat, reading room, tales for fellow citizens
  17. STREET POETRY
  18. THEATRE
  19. TOMBEAU DE LA JEUNESSE – early death: writers, poets & artists who died young
  20. ULTIMATE LIBRARY – danse macabre, ex libris, grimm & co, fairy tales, art of reading, tales of mystery & imagination, sherlock holmes theatre, erotic poetry, ideal women
  21. WAR & PEACE
  22. ·




  1. Subscribe to new material: RSS

Archive M-N

«« Previous page · Anna de Noailles: La vie profonde · Charl-Pierre Naudé vertaalt gedicht van K. Michel · Anna de Noailles: Les rêves · Guy de Maupassant: SOUVENIRS · Anna de Noailles: La nuit, lorsque je dors · Eugène Marais: Die Naaistertjie · Anna de Noailles: Le coeur · Anna de Noailles: Les parfums · Eugène Marais: Die Smid · Eugène Marais: Klaas Vakie · Eugène Marais: Die Lied van Suid-Afrika · Guy de Maupassant: DERNIÈRE SOIRÉE PASSÉE AVEC MA MAÎTRESSE

»» there is more...

Anna de Noailles: La vie profonde

AnnadeNoailles01

Anna de Noailles
(1876-1933)

La vie profonde

Être dans la nature ainsi qu’un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l’orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l’espace !

Sentir, dans son coeur vif, l’air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
– S’élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l’ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l’eau,
Et comme l’aube claire appuyée au coteau
Avoir l’âme qui rêve, au bord du monde assise…

Anna de Noailles poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Noailles, Anna de


Charl-Pierre Naudé vertaalt gedicht van K. Michel

weverhuisje201406_michel

K. Michel (photo j. v. Kempen)

 

K. Michel
Voorop

voorop
zwemt een piepklein visje
dat gevolgd wordt door
een iets minder klein visje
waarachter eentje
van dertien in een dozijn zwemt
met in zijn spoor
een wat lijviger type
dat op de hielen wordt gezeten door
een tamelijk fors exemplaar
waarvan de sierlijke vinnen overigens
aan zomerjurkjes doen denken
deze nu wordt geschaduwd door
een ronduit groot te noemen vis
die op zijn bek
lorgnetvormige sprieten draagt
als een oude kassier
met in zijn kielzog echt een kanjer
ruw geschat groter
dan een torpedo kleiner
dan een rondvaartboot
maar wel met een spuitgat op zijn kop
en als iedereen dan eindelijk
keurig op een rij zwemt
gestreept gevlekt gespikkeld grijs groenblauw oranje smaragd
begint als door een onzichtbaar teken
– misschien doet de voorste wel blub –
van voor naar achteren het grote happen

 weverhuisje201407_naude

C.P. Naudé (photo C. v.d. Walt)

 

Charl-Pierre Naudé
Voorpunt

aan die voorpunt
swem ʼn piepklein vissie
gevolg deur
ʼn ietwat minder klein vissie
en nog ene agter hom
ʼn valetjie in ʼn honderd
ʼn raps lywiger soort
wat op sy hoede geplaas word
deur ʼn taamlik forse eksemplaar
waarvan die sierlike vinne trouens
aan somerrokkies herinner
en dié se spoor word nougeset gehou
deur pront gestel ʼn volronde vis
wat sy spriete soos die briltoutjies
van ʼn ou kassiere dra
met in sy kielsog sowaar ʼn knewel
by skatting groter
as ʼn torpedo kleiner
as ʼn rondvaartboot
maar darem met ʼn spuitgat op die kroon
en as almal oplaas
behoorlik in ʼn ry swem –
gestreep gevlek bespikkel grys
akwamarien oranje smarag –
begin asof ʼn teken gegee is
– miskien ʼn bloep deur die voorswemmer –
van voor na agter
die groot gebytery

 

Zuid-Afrikaanse vertaling van het gedicht ‘Voorop’ van K. Michel door Charl-Pierre Naudé

In de serie Vertaalvrucht nr. 7

fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Charl-Pierre Naudé, K. Michel, Literaire Salon in 't Wevershuisje, Michel, K., Naudé, Charl-Pierre, VERTAALVRUCHT


Anna de Noailles: Les rêves

AnnadeNoailles02 forain

Anna de Noailles
(1876-1933)

Les rêves

Le visage de ceux qu’on n’aime pas encor
Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves,
Et va s’illuminant sur de pâles décors
Dans un argentement de lune qui se lève.

Il flotte du divin aux grâces de leur corps,
Leur regard est intense et leur bouche attentive ;
Il semble qu’ils aient vu les jardins de la mort
Et que plus rien en eux de réel ne survive.

La furtive douceur de leur avènement
Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices,
Nous pressentons en eux d’impérieux amants
Venus pour nous afin que le sort s’accomplisse ;

Ils ont des gestes lents, doux et silencieux,
Notre vie uniment vers leur attente afflue :
Il semble que les corps s’unissent par les yeux
Et que les âmes sont des pages qu’on a lues.

Le mystère s’exalte aux sourdines des voix,
A l’énigme des yeux, au trouble du sourire,
A la grande pitié qui nous vient quelquefois
De leur regard, qui s’imprécise et se retire…

Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir,
Où l’on se sent le coeur trop las pour se défendre,
Où l’âme est triste ainsi qu’au moment de mourir ;
Ce sont des unions lamentables et tendres…

Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui,
Mystérieusement les élus du mensonge,
Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits,
Offert nos lèvres d’ombre, ouvert nos bras de songe.

Anna de Noailles poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Noailles, Anna de


Guy de Maupassant: SOUVENIRS

maupassant03

Guy de Maupassant
(1850-1893)

SOUVENIRS

Voyez partir l’hirondelle,
Elle fuit à tire d’aile,
Mais revient toujours fidèle,
A son nid,
Sitôt que des hivers le grand froid est fini.

L’homme, au gré de son envie,
Errant promène sa vie
Par le souvenir suivie
De ces lieux
Où sourit son enfance, où dorment ses aïeux.

Et puis, quand il sent que l’âge
A glacé son grand courage,
Il les regrette et, plus sage,
Vient chercher
Un tranquille bonheur près de son vieux clocher.

Rouen, 1869

Souvenirs a paru dans les Annales politiques et littéraires du 12 décembre 1897
Guy de Maupassant poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Guy de Maupassant, Maupassant, Guy de


Anna de Noailles: La nuit, lorsque je dors

AnnadeNoailles04

Anna de Noailles
(1876-1933)

La nuit, lorsque je dors

La nuit, lorsque je dors et qu’un ciel inutile
Arrondit sur le monde une vaine beauté,
Quand les hautes maisons obscures de la ville
Ont la paix des tombeaux d’où le souffle est ôté,

Il n’est plus, morts dissous, d’inique différence
Entre mon front sans âme et vos corps abolis,
Et la même suprême et morne tolérance
Apparente au néant le silence des lits !

Anna de Noailles poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Noailles, Anna de


Eugène Marais: Die Naaistertjie

fleursdumal 500

Eugène Marais
(1871–1936)

Die Naaistertjie

Sjuut! Sjuut! Loop nou sag op die tone,
en loer deur die steier van die hoogrankbone.

Maak g’n geluid, hou die asem in,
en kyk net mooi waar die kweek begin.

Wat sien jy daar? ‘n Fee so fyn
dat die son haar lyfie met goud deurskyn.

Sy het ‘n blaar gepluk met die kleur van wyn,
en sy naai haar ‘n rokkie met spinnerak fyn.

Sjuut! Sjuut! Kom maar weg deur die takkies dik,
ons moet die ou Kleintjie tog nie verskrik!

Eugène Marais poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Eugène Marais, Marais, Eugène


Anna de Noailles: Le coeur

AnnadeNoailles03

Anna de Noailles
(1876-1933)

Le coeur

Mon coeur tendu de lierre odorant et de treilles,
Vous êtes un jardin où les quatre saisons
Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles
Et des pommes de pin, dansent sur le gazon…
– Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives
Vous êtes le coteau qui regarde la mer,
Ivre d’ouïr chanter, quand le matin arrive,
La cigale collée au brin de menthe amer.
– Vous êtes un vallon escarpé ; la nature
Tapisse votre espace et votre profondeur
De mousse délicate et de fraîche verdure.
– Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur
Le verger fleurissant et le gai pâturage
Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents
Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage.
– Et vous êtes aussi, coeur grave et violent,
La chaude, spacieuse et prudente demeure
Pleine de vins, de miel, de farine et de riz,
Ouverte au bon parfum des saisons et des heures,
Où la tendresse humaine habite et se nourrit…

Anna de Noailles poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Noailles, Anna de


Anna de Noailles: Les parfums

AnnadeNoailles01

 Anna de Noailles
(1876-1933)

Les parfums

Mon coeur est un palais plein de parfums flottants
Qui s’endorment parfois aux plis de ma mémoire,
Et le brusque réveil de leurs bouquets latents
– Sachets glissés au coin de la profonde armoire –
Soulève le linceul de mes plaisirs défunts
Et délie en pleurant leurs tristes bandelettes…
Puissance exquise, dieux évocateurs, parfums,
Laissez fumer vers moi vos riches cassolettes !
Parfum des fleurs d’avril, senteur des fenaisons,
Odeur du premier feu dans les chambres humides,
Arômes épandus dans les vieilles maisons
Et pâmés au velours des tentures rigides ;
Apaisante saveur qui s’échappe du four,
Parfum qui s’alanguit aux sombres reliures,
Souvenir effacé de notre jeune amour
Qui s’éveille et soupire au goût des chevelures ;
Fumet du vin qui pousse au blasphème brutal,
Douceur du grain d’encens qui fait qu’on s’humilie,
Arome jubilant de l’azur matinal,
Parfums exaspérés de la terre amollie ;
Souffle des mers chargés de varech et de sel,
Tiède enveloppement de la grange bondée,
Torpeur claustrale éparse aux pages du missel,
Acre ferment du sol qui fume après l’ondée ;
Odeur des bois à l’aube et des chauds espaliers,
Enivrante fraîcheur qui coule des lessives,
Baumes vivifiants aux parfums familiers,
Vapeur du thé qui chante en montant aux solives !
– J’ai dans mon coeur un parc où s’égarent mes maux
Des vases transparents où le lilas se fane,
Un scapulaire où dort le buis des saints rameaux,
Des flacons de poison et d’essence profane.
Des fruits trop tôt cueillis mûrissent lentement
En un coin retiré sur des nattes de paille,
Et l’arome subtil de leur avortement
Se dégage au travers d’une invisible entaille…
– Et mon fixe regard qui veille dans la nuit
Sait un caveau secret que la myrrhe parfume,
Où mon passé plaintif, pâlissant et réduit,
Est un amas de cendre encor chaude qui fume.
– Je vais buvant l’haleine et les fluidités
Des odorants frissons que le vent éparpille,
Et j’ai fait de mon coeur, aux pieds des voluptés,
Un vase d’Orient où brûle une pastille…

Anna de Noailles poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Noailles, Anna de


Eugène Marais: Die Smid

Eugenemarais

Eugène Marais
(1871–1936)

Die Smid

Blaas hoog die vlam,
geen floue trek of tam!
Want alles moet verteer –
in gloed verander, eer,
met skitter, skoon en rein,
die wit lig suiwer skyn.
Blaas hoog die vlam!

Die hamer klaar,
die aambeeld daar;
die kleinste ding,
al hoe gering,
verdien die werkmansorg.
Want elk’ gereedskap, swak of sterk,
die maak sy indruk op die werk –
Blaas hoog die vlam!

O, hoog en vry en vroom,
wees beeld van ons gemoed die stroom
van vonk en vlam en vuur
wat oprys oor die muur –
Blaas hoog die vlam!

O, sterk van spier, van harte rein!
Al is die yster groot of klein,
hoe sterk of knap die hand mag wees,
die werk se bron is in die gees.
Geen kraakloos’ tang of suiwer wiel
kom uit ‘n vuile hart of siel –
Blaas hoog die vlam!

Blaas hoog die vlam!
Deur stof- en steenkooldam;
die nawe wat ons boor,
die bande wat ons kort,
die gaan miskien die berge oor,
tot in die verte vort;
– die trekker met sy wa! –
ons werk moet alle swaarte dra.

Deur Dorsland en woestyn
reg in die Noordelyn
die weg van Cham se leër,
verby Ngami-meer;
al met die sonpad mee
tot waar hy opkom uit die see,
– die Trekker met sy wa! –
die verte hou vir hom geen vrees,
hy weet die werksman is getrou gewees.
Blaas hoog die vlam!

Eugène Marais poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Eugène Marais, Marais, Eugène


Eugène Marais: Klaas Vakie

Eugenemarais

Eugène Marais
(1871–1936)

Klaas Vakie

Hy stoot die voordeur stadig oop,
en in die skadu sien ek hom;
sy swart manel is oopgeknoop,
sy snaakse lyfie hoepelkrom;
sy lang gesig is uitgedroog,
hy staat by my skaars skouerhoog!

Sy ogies knip, sy lippe lag,
sy langbol-hoed is in sy hand;
hy kom van buite uit die nag,
en bly net in die skadurand.

Een kers brand stadig in die tuit,
die ander flikker heen en weer;
en langs my, deur die onderruit,
daar loer die nag so swart as kruit!
Die skadu’s – kort en dik en bont –
spring op die vloer soos lammers rond!

Eugène Marais poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Eugène Marais, Marais, Eugène


Eugène Marais: Die Lied van Suid-Afrika

fleursdumal 502

Eugène Marais
(1871–1936)

Die Lied van Suid-Afrika

Sy sê: ‘Ek vorder as ‘n heil’ge reg
die vrug van eindelose pyn;
ek smyt hulle oor die berge weg,
en smoor hulle in die sandwoestyn.’

Sy sê: ‘Nooit het ek iets gegee;
ek laat hulle honger, dors en bloei;
hulle worstel deur en sterf gedwee,
en min my as ‘n vlam wat skroei.

Tien male moes hulle veg vir my,
tien male moes hulle kerm en stoei,
tien male in die stof gebrei,
tien male opstaan weer en bloei.

My liefde duld geen ewenaar –
vergeefs die weeklag van die vrou,
van kleintjies al die stom gebaar:
My liefde verg ‘n enkel trou.

Hulle diepste hoop is lang verteer,
vergaan in rook en as en bloed,
hulle sak aanbiddend om my neer,
ek voel hulle trane op my voet.

Ek adem nooit hulle name meer,
nooit kon ek hulle kinders noem;
in vreemde tale hoor ek weer
die dowwe fluistering van hulle roem.

En vlymend soos ‘n swaard, geheg
bly van my liefde slegs die pyn;
ek smyt hulle oor die berge weg,
en smoor hulle in die sandwoestyn.’

Eugène Marais poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Eugène Marais, Marais, Eugène


Guy de Maupassant: DERNIÈRE SOIRÉE PASSÉE AVEC MA MAÎTRESSE

maupassant04

Guy de Maupassant
(1850-1893)

DERNIÈRE SOIRÉE PASSÉE AVEC MA MAÎTRESSE

Il fallait la quitter, et pour ne plus me voir
Elle partait, mon Dieu, c’était le dernier soir.
Elle me laissait seul ; cette femme cruelle
Emportait mon amour et ma vie avec elle.
Moi je voulus encore errer comme autrefois
Dans les champs et l’aimer une dernière fois.
La nuit nous apportait et l’ombre et le silence,
Et pourtant j’entendais comme une voix immense,
Tout semblait animé par un souffle divin.
La nature tremblait, j’écoutais et soudain
Un étrange frisson troubla toute mon âme.
Haletant, un moment j’oubliai cette femme
Que j’aimais plus que moi. Le vent nous apportait
Mille sons doux et clairs que l’écho répétait.
Ce n’était plus de l’air le calme et frais murmure,
Mais c’était comme un souffle étreignant la nature,
Un souffle, un souffle immense, errant, animant tout,
Qui planait et passait, me rendant presque fou,
Un son mystérieux et qui, sur son passage,
Réveillait et frappait les échos du bocage.
Tout vivait, tout tremblait, tout parlait dans les bois,
Comme si, pour fêter le plus puissant des rois,
Et l’insecte et l’oiseau et l’arbre et le feuillage
Parlaient, quand tout dormait, un sublime langage.
Je restai frémissant : ce bruit mystérieux,
C’était Dieu descendu des cieux.

C’était ce Dieu puissant si grand et solitaire
Qui venait oublier sa grandeur sur la terre.
Dieu las et fatigué de sa divinité,
Las d’honneur, de puissance et d’immortalité,
Des éternels ennuis où sa grandeur l’enchaîne,
Qui venait partager notre nature humaine.
Il avait choisi l’heure où tout dort et se tait,
Où l’homme, indifférent à tout ce que Dieu fait,
Attaché seulement à ses soins mercenaires,
Prend un peu de repos qu’il dérobe aux affaires.
Car c’était aussi l’heure où ce Dieu généreux
Peut bénir et donner la main aux malheureux,
L’heure où celui qui souffre et gémit en silence,
Qui craint pour son malheur la froide indifférence,
Délivré du fardeau de l’égoïsme humain,
Sans craindre la pitié peut planer libre enfin.
Dieu vient le consoler, il soutient sa misère,
Il rend ses pleurs plus doux, sa douleur moins amère,
Il verse sur sa plaie un baume bienfaisant.
D’autres craignent encore un oeil indifférent,
Et les regards de l’homme et les bruits de la terre.
Ils cherchent aussi l’heure où tout est solitaire,
Dieu les voit, il bénit le bonheur des amants.
Invisible témoin, il entend leurs serments.
Il aime cet amour qu’il ne goûtera pas
Et dans les bois, la nuit, il protège leurs pas.
Il était là, son souffle errait sur la nature,
Paraissait éveiller comme un vaste murmure,
Tout ce qu’il a formé s’animait et, tremblant,
S’agitait au contact de ce Dieu tout-puissant,
Et tout parlait de lui, le vent sous le feuillage,
Et l’arbuste, et le flot caressait le rivage,
Et tous ces bruits divers ne formaient qu’une voix :
C’était Dieu qui parlait au milieu des grands bois.
Tous deux nous l’écoutions et nous versions des larmes ;
Quand on va se quitter, l’amour a tant de charmes !
Et nos pleurs, qui tombaient comme des diamants,
Goutte à goutte brillaient sur les herbes des champs.
Mais de cette belle soirée
Et de ma maîtresse adorée
Que restait-il le lendemain ?
Seul le pâtre de grand matin,
En conduisant au pâturage
Son gras troupeau, vit sur l’herbage
Les quelques gouttes de nos pleurs,
Seule marque de nos douleurs ;
Mais il les prit pour la rosée.
“L’herbe n’est point encor séchée”,
Se dit-il en pressant le pas.
Hélas ! il ne soupçonna pas
Que de chagrins et de misères
Cachait cette eau sur les bruyères.
Et ses brebis qui le suivaient
Broutaient les herbes et buvaient
Nos pleurs sans arrêter leur course,
Mais rien n’en a trahi la source.

1868

Dernière soirée passée avec ma maîtresse a paru dans la Revue des Revues du 1er juin 1900.
Guy de Maupassant poetry
fleursdumal.nl magazine

More in: Archive M-N, Guy de Maupassant, Maupassant, Guy de


Older Entries »« Newer Entries

Thank you for reading Fleurs du Mal - magazine for art & literature