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Arthur Cravan
(1887-1918)
POETE ET BOXEUR
Houiaiaia ! Je partais dans 32 heures pour l’Amérique. De retour de Bucarest, depuis 2 jours seulement j’étais à Londres et j’avais déjà trouvé l’homme qu’il me fallait : qui me payait tous les frais de déplacement pour une tournée de 6 mois, sans garantie, par exemple ! mais ça je m’en foutais. Et puis, je n’allais pas tromper ma femme ! ! ! merde alors ! Et puis, vous ne devineriez jamais ce que je devais faire : je devais lutter sous le pseudonyme de Mysterious Sir Arthur Cravan, le poète aux cheveux les plus courts du monde, petit-fils du Chancelier de la Reine, naturellement, neveu d’Oscar Wilde, renaturellement, et petit neveu de Lord Alfred Tennyson, rerenaturellement (je deviens intelligent). Ma lutte était quelque chose de tout à fait nouveau : la lutte du Thibet, la plus scientifique connue, bien plus terrible que le jiu-jitsu : une pression sur un nerf ou un tendon quelconque et ftt ! l’adversaire [qui n’était pas acheté (rien qu’un tout petit peu)] tombait comme foudroyé ! Il y avait de quoi mourir de rire : houiaiaiaia ! sans compter que ça pouvait être de l’or en barre, puisque j’avais calculé que si l’entreprise marchait bien elle pouvait me rapporter dans les 50 000 francs, ce qui n’est pas à dédaigner. En tout cas, ça valait toujours mieux que le truc de spiritisme que j’avais commencé à monter.
J’avais 17 ans et j’étais villa et je rentrais porter la nouvelle à ma moitié qui était restée à l’hôtel, dans l’espoir d’en tirer quelque chose, avec deux cons aux viandes ennuyées, une espèce de peintre et un poète (rimons, rimu : ton nez dans mon cul) qui m’admiraient (tu parles !) et m’avaient rasé pendant près d’une heure avec des histoires sur Rimbaud, le vers libre, Cézanne, Van Gogh, oh la la la la ! je crois Renan et puis je ne sais plus quoi.
Je trouvai Madame Cravan seule et je lui dis ce qui m’était arrivé, tout en faisant mes malles, car il s’agissait de faire vite. Je pliai, en deux temps, trois mouvements, mes chaussettes de soie à 12 frs la paire qui m’égalaient à Raoul le Boucher et mes chemises où traînaient des restes d’aurore. Le matin, je donnai ma gaule diaprée à ma femme légitime, je lui remis après cinq fraîches abstractions de 100 francs chacune, puis j’allai faire mon pipi de cheval. Le soir, je jouai quelques troumlalas sur mon violon ; je baisai la biseloquette de mon bébé, et fis des câlin-câlin à mes beaux gosses. Puis, en attendant l’heure du départ, et tout en rêvant à ma collection de timbres, je foulai le plancher de mes pas d’éléphant et je balançai mon citron splendide en respirant le parfum si touchant et partout répandu des pets. 18 h 15. Fuitt ! en bas les escaliers ! Je sautai dans un taxi. C’était l’heure de l’apéritif : la lune immense comme un million présentait beaucoup d’analogie avec une pilule digérée pour les lumbagos bleus. J’avais 34 ans et j’étais cigare. J’avais plié mes 2 mètres dans l’auto où mes genoux avançaient deux mondes vitrés et j’apercevais sur les pavés qui répandaient leurs arcs-en-ciel les cartilages grenats croiser les biftecks verts ; les spécimens d’or frôler les arbres aux rayons irisés, les noyaux solaires des bipèdes arrêtés ; enfin, avec des franges rosés et des fesses aux paysages sentimentaux, les passants du sexe adoré et, de temps à autre, je voyais encore, parmi les chieurs enflammés, apparaître des phénix resplendissants.
Mon imprésario m’attendait, comme convenu, sur le quai 8 de la gare et tout de suite je retrouvai avec plaisir sa vulgarité, sa joue que j’avais déjà goûtée comme du veau aux carottes, ses cheveux qui fabriquaient du jaune et du vermillon, son intellect de coléoptère et, près de la tempe droite, un bouton d’un charme unique ainsi que ses pores rayonnants de son chronomètre en or.
Je choisis un coin dans le coupé de 1re classe où je m’installais confortablement. C’est-à-dire, j’appuyais mes assommoirs et j’allongeais les jambes le plus simplement du monde.
Et sous mon crâne de homard je remuais mes globes de Champion du Monde
Afin de voir les gens réunis, et presque au hasard, quand
J’aperçus un monsieur, pharmacien ou notaire,
Qui sentait comme un concierge ou comme un pélican.
Hun, hun ! ça me plaisait : ses sentiments
Se développaient ainsi que chez un herbivore,
Tandis que sa tête me rappelait sérieusement
Les temps où je dormais dans l’intimité de ma grosse haltère, et, ma foi, dans une espèce d’adoration très réelle et autre chose de difficile à exprimer
devant l’égoïste nacré,
Que j’embouteillais de mes yeux atlantiques,
J’admirais l’avant-bras comme un morceau sacré
Et comparais le ventre à l’attrait des boutiques.
Les billets, s’il vous plaît !
Nom d’un chien ! je suis sûr et certain que 999 personnes sur 1 000 eussent été complètement bouleversées dans leur gustation par la voix du contrôleur. J’en suis persuadé et pourtant, j’affirme en toute sincérité qu’elle ne me causa aucune gêne, mais, qu’au contraire, dans le compartiment homogène le timbre avait la douceur qu’ont les zouizouis des petits oiseaux. La beauté des banquettes en fut, si possible, augmentée, à tel point que je me demandais si je n’étais pas victime d’un commencement d’ataxie et ce, d’autant plus que je fixais toujours le sacré petit bourgeois, si tendre en son trou du cul, en me demandant ce que pouvait avoir de bien particulier l’allure du poids lourd qui en face de moi semblait roupiller profondément Je pensais : oh ! jamais moustache n’a dégagé une si intense corporalité, et surtout, nom de Dieu ! que je t’aime :
Et, tandis qu’allophage
À l’amour de ton chauffage,
Nos gilets
Se câblent leurs violets,
Que, chéri et choufleur,
Je suis tes gammes
Et tes couleurs,
Et, qu’en un amalgame
De Johnson, de phoque et d’armoire
Nos merdes rallument leurs moires,
Fff ! les pistons
Du veston.
Dans la finale
Abdominale !
Tous les propriétaires sont des termites, dis-je subitement, histoire de réveiller le petit vieux, dont j’étais plein, et de le scandaliser. Puis, en le regardant dans le blanc des yeux, une seconde fois : Oui, parfaitement, Monsieur, je ne crains pas de le répéter, dusse-je me compromettre, qu’à mon corps défendant et la biqueamichère de mon ratazouin que tous les propriétaires sont des term—mites. À son air excessivement emmerdé, je voyais bien qu’il me prenait pour un fou ou un terrible voyou, mais qu’il faisait semblant de ne pas comprendre tellement il avait peur que je lui aplatisse mon poing sur la gueule.
Fallait-il quand même que je sois bête, surtout avec ma mentalité, pour n’avoir pas remarqué plus tôt une Américaine avec sa fille qui me faisait presque vis-à-vis. Il avait été nécessaire pour attirer mon attention que la mère allât aux cabinets où, du reste, je restais avec elle sentimentivement.
Songeant comme à sa bourse à ses déjections,
Et lorsqu’elle eut repris sa place j’enviais ses boucles d’oreilles et j’imaginais qu’elle est
belle avec son argent et, malgré ses rides et sa vieille carcasse :
Vraiment qu’elle a du charme
pour un cœur guidé par l’intérêt qui se fiche pas mal de tout pourvu que ça lui rapporte et je me disais rageusement :
Rrr ! pour te masturber, t’entraînant aux chiottes tiens ! je t’ ferai minette, vieille salope !
Ce qu’il y a de plus amusant et ce qui est bien de moi c’est qu’en m’occupant ensuite de la plus jeune, après avoir rêvé d’extorquer par tous les moyens des fonds à sa mémère, j’en étais venu, avec ma satanée nature à souhaiter une existence bourgeoise en sa compagnie, C’est vrai et je ne pouvais m’empêcher de penser : mon vieux, quel drôle de coco tu fais. Tu sais, petite, tu pourrais orienter ma vie d’une façon toute différente. Ah ! si seulement tu voulais m’épouser. Je serai gentil avec toi et nous irons partout achetant le bonheur mais nous habiterons un chic hôtel à San Francisco. Mon imprésario, je m’en moque (il ne s’en doute pas, la vache !) Nous passerons des après-midi entiers à nous aimer assis sur les canapés du salon, les têtes en plongée et les ventres lucides. À tes moindres exigences nous sonnerons les bonnes. Vois-tu les tapis jetteront leurs flammes
Les tableaux de valeur, les meubles engraissants :
Les bahuts en boule et les dressoirs centrés,
Aux plexus rougissants,
Boucheront jusqu’aux bords nos organes dorés.
Les murs paralytiques,
Éliminant les saphirs,
Exécuteront des gymnastiques
D’ibis et de tapir ;
Sur les fauteuils charmés,
Avec nos pieds palmés,
Nous reposerons nos pectoraux trop lourds,
Et savourerons
Dans les ronrons
Nos langues supérieures aux marennes
Et ferons dans le satin les vesses de velours.
Pareilles aux pâtes, les pensées banales
Nous bourreront comme des oies,
Pendant que nos estomacs liés,
Plus fort que deux souliers,
Tout en répandant la chaleur du foie,
Se baigneront dans leurs aurores intestinales.
I say, boy, here we are : Liverpool, c’était la voix de mon manager.
Allllright.
A. C.
Arthur Cravan: Poète et boxeur
Revue Maintenant n°5 (mars-avril 1915)
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Hugo Ball
(1886–1927)
Ich liebte nicht die Totenkopfhusaren
Und nicht die Mörser mit den Mädchennamen
Und als am End die großen Tage kamen,
Da bin ich unauffällig weggefahren.
Gott sei’s geklagt und ihnen, meine Damen:
Gleich Absalom blieb ich an langen Haaren,
Dieweil sie schluchzten über Totenbahren
Im Wehbaum hängen aller ihrer Dramen.
Sie werden auch in diesen Versen finden
Manch Marterspiel und stürzend Abenteuer.
Man stirbt nicht nur durch Minen und durch Flinten.
Man wird nicht von Granaten nur zerrissen.
In meine Nächte drangen Ungeheuer,
Die mich die Hölle wohl empfinden ließen.
Hugo Ball poetry
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Arthur Cravan
(1887-1918)
SIFFLET
Le rythme de l’océan berce les transatlantiques,
Et dans l’air où les gaz dansent tels des toupies,
Tandis que siffle le rapide héroïque qui arrive au Havre,
S’avancent comme des ours, les matelots athlétiques.
New York ! New York ! Je voudrais t’habiter !
J’y vois la science qui se marie
A l’industrie,
Dans une audacieuse modernité.
Et dans les palais,
Des globes,
Éblouissants à la rétine,
Par leurs rayons ultra-violets ;
Le téléphone américain,
Et la douceur
Des ascenseurs…
Le navire provoquant de la Compagnie Anglaise
Me vit prendre place à bord terriblement excité,
Et tout heureux du confort du beau navire à turbines,
Comme de l’installation de l’électricité,
Illuminant par torrents la trépidante cabine.
La cabine incendiée de colonnes de cuivre,
Sur lesquelles, des secondes, jouirent mes mains ivres
De grelotter brusquement dans la fraîcheur du métal,
Et doucher mon appétit par ce plongeon vital,
Tandis que la verte impression de l’odeur du vernis neuf
Me criait la date claire, où, délaissant les factures,
Dans le vert fou de l’herbe, je roulais comme un œuf.
Que ma chemise m’enivrait ! et pour te sentir frémir
A la façon d’un cheval, sentiment de la nature !
Que j’eusse voulu brouter ! que j’eusse voulu courir !
Et que j’étais bien sur le pont, ballotté par la musique ;
Et que le froid est puissant comme sensation physique.
Quand on vient à respirer !
Enfin, ne pouvant hennir, et ne pouvant nager,
Je fis des connaissances parmi les passagers,
Qui regardaient basculer la ligne de flottaison ;
Et jusqu’à ce que nous vîmes ensemble les tramways du matin courir à l’horizon,
Et blanchir rapidement les façades des demeures.
Sous la pluie, et sous le soleil, et sous le cirque étoilé,
Nous voguâmes sans accident jusqu’à sept fois vingt-quatre heures !
Le commerce a favorisé ma jeune initiative :
Huit millions de dollars gagnés dans les conserves
Et la marque célèbre de la tête de Gladstone
M’ont donné dix steamers de chacun quatre mille tonnes,
Qui battent des pavillons brodés à mes initiales,
Et impriment sur les flots ma puissance commerciale.
Je possède également ma première locomotive :
Elle souffle sa vapeur, tels les chevaux qui s’ébrouent,
Et, courbant son orgueil sous les doigts professionnels,
Elle file follement, rigide sur ses huit roues.
Elle traîne un long train dans son aventureuse marche,
Dans le vert Canada, aux forêts inexploitées,
Et traverse mes ponts aux caravanes d’arches,
A l’aurore, les champs et les blés familiers ;
Ou, croyant distinguer une ville dans les nuits étoilées,
Elle siffle infiniment à travers les vallées,
En rêvant à l’oasis : la gare au ciel de verre,
Dans le buisson des rails qu’elle croise par milliers,
Où, remorquant son nuage, elle roule son tonnerre.
Arthur Cravan poetry 1912
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Das erste dadaistische Manifest
Dada ist eine neue Kunstrichtung. Das kann man daran erkennen, daß bisher niemand etwas davon wußte und morgen ganz Zürich davon reden wird. Dada stammt aus dem Lexikon. Es ist furchtbar einfach. Im Französischen bedeutet’s Steckenpferd. Im Deutschen heißt’s Addio, steigts mir den Rücken runter. Auf Wiedersehen ein andermal! Im Rumänischen: »Ja wahrhaftig, Sie haben recht, so ist’s. Jawohl, wirklich, machen wir.« Und so weiter.
Ein internationales Wort. Nur ein Wort und das Wort als Bewegung. Sehr leicht zu verstehen. Es ist ganz furchtbar einfach. Wenn man eine Kunstrichtung daraus macht, muß das bedeuten, man will Komplikationen wegnehmen. Dada Psychologie, Dada Deutschland samt Indigestionen und Nebelkrämpfen, Dada Literatur, Dada Bourgeoisie, und ihr, verehrteste Dichter, die ihr immer mit Worten, aber nie das Wort selber gedichtet habt, die ihr um den nackten Punkt herumdichtet. Dada Weltkrieg und kein Ende, Dada Revolution und kein Anfang, Dada ihr Freunde und Auchdichter, allerwerteste, Manufakturisten und Evangelisten Dada Tzara, Dada Huelsenbeck, Dada m’dada, Dada m’dada Dada mhm, dada dera dada Dada Hue, Dada Tza.
Wie erlangt man die ewige Seligkeit? Indem man Dada sagt. Wie wird man berühmt? Indem man Dada sagt. Mit edlem Gestus und mit feinem Anstand. Bis zum Irrsinn. Bis zur Bewußtlosigkeit. Wie kann man alles Journalige, Aalige, alles Nette und Adrette, Bornierte, Vermoralisierte, Europäisierte, Enervierte, abtun? Indem man Dada sagt. Dada ist die Weltseele, Dada ist der Clou. Dada ist die beste Lilienmilchseife der Welt. Dada Herr Rubiner, Dada Herr Korrodi. Dada Herr Anastasius Lilienstein.
Das heißt auf Deutsch: Die Gastfreundschaft der Schweiz ist über alles zu schätzen. Und im Ästhetischen kommt es auf die Qualität an.
Ich lese Verse, die nichts weniger vorhaben als: auf die konventionelle Sprache zu verzichten, ad acta zu legen. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal. Dada Dalai Lama, Buddha, Bibel und Nietzsche. Dada m’dada. Dada mhm dada da. Auf die Verbindung kommt es an, und daß sie vorher ein bißchen unterbrochen wird. Ich will keine Worte, die andere erfunden haben. Alle Worte haben andre erfunden. Ich will meinen eigenen Unfug, meinen eigenen Rhythmus und Vokale und Konsonanten dazu, die ihm entsprechen, die von mir selbst sind. Wenn diese Schwingung sieben Ellen lang ist, will ich füglich Worte dazu, die sieben Ellen lang sind. Die Worte des Herrn Schulze haben nur zweieinhalb Zentimeter.
Da kann man nun so recht sehen, wie die artikulierte Sprache entsteht. Ich lasse die Vokale kobolzen. Ich lasse die Laute ganz einfach fallen, etwa wie eine Katze miaut… Worte tauchen auf, Schultern von Worten, Beine, Arme, Hände von Worten. Au, oi, uh. Man soll nicht zu viel Worte aufkommen lassen. Ein Vers ist die Gelegenheit, allen Schmutz abzutun. Ich wollte die Sprache hier selber fallen lassen. Diese vermaledeite Sprache, an der Schmutz klebt, wie von Maklerhänden, die die Münzen abgegriffen haben. Das Wort will ich haben, wo es aufhört und wo es anfängt. Dada ist das Herz der Worte.
Jede Sache hat ihr Wort, aber das Wort ist eine Sache für sich geworden. Warum soll ich es nicht finden? Warum kann der Baum nicht »Pluplusch« heißen? und »Pluplubasch«, wenn es geregnet hat? Das Wort, das Wort, das Wort außerhalb eurer Sphäre, eurer Stickluft, dieser lächerlichen Impotenz, eurer stupenden Selbstzufriedenheit, außerhalb dieser Nachrednerschaft, eurer offensichtlichen Beschränktheit. Das Wort, meine Herren, das Wort ist eine öffentliche Angelegenheit ersten Ranges.
Hugo Ball (1886–1927)
(Quelle: Hugo Ball: Der Künstler und die Zeitkrankheit. Frankfurt a.M. 1984, S. 39-41 (http://www.zeno.org))
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Als ich das Cabaret Voltaire gründete, war ich der Meinung, es möchten sich in der Schweiz einige junge Leute finden, denen gleich mir daran gelegen wäre, ihre Unabhängigkeit nicht nur zu genießen, sondern auch zu dokumentieren.
Ich ging zu Herrn Ephraim, dem Besitzer der ›Meierei‹, und sagte: ›Bitte, Herr Ephraim, geben Sie mir Ihren Saal. Ich möchte ein Cabaret machen.‹ Herr Ephraim war einverstanden und gab mir den Saal. Und ich ging zu einigen Bekannten und bat sie:›Bitte geben Sie mir ein Bild, eine Zeichnung, eine Gravüre. Ich möchte eine kleine Ausstellung mit meinem Cabaret verbinden.‹ Ging zu der freundlichen Züricher Presse und bat sie: ›Bringen Sie einige Notizen. Es soll ein internationales Cabaret werden. Wir wollen schöne Dinge machen.‹ Und man gab mir Bilder und brachte meine Notizen. Da hatten wir am 5 Februar ein Cabaret. Mde. Hennings und Mde. Leconte sangen französische und dänische Chansons. Herr Tristan Tzara rezitierte rumänische Verse. Ein Balaikida-Orchester spielte entzückende russische Volkslieder und Tänze.
Viel Unterstützung und Sympathie fand ich bei Herrn M. Slodki, der das Plakat des Cabarets entwarf, bei Herrn Hans Arp, der mir neben eigenen Arbeiten einige Picassos zur Verfügung stellte und mir Bilder seiner Freunde 0. van Rees und Artur Segall vermittelte. Viel Unterstützung bei den Herren Tristan Tzara, Marcel Janco und Max Oppenheimer, die sich gerne bereit erklärten, im Cabaret auch aufzutreten. Wir veranstalteten eine RUSSISCHE und bald darauf eine FRANZÖSISCHE Soirèe (aus Werken von Apollinaire, Max Jacob, Andrè Salmon, A. Jarry, Laforgue und Rimbaud). Am 26. Februar kam Richard Huelsenbeck aus Berlin, und am 30. März führten wir eine wundervolle Negermusik auf (toujours avec la grosse caisse: boum boum boum boum – drabatja mo gere drabatja mo bonoooooooooooo–). Monsieur Laban assistierte der Vorstellung und war begeistert. Und durch die Initiative des Herrn Tristan Tzara führten die Herren Tzara, Huelsenbeck und Janco (zum ersten Mal in Zürich und in der ganzen Welt) simultanistische Verse der Herren Henri Barzun und Fernand Divoire auf, sowie ein Poème simultan eigener Composition, das auf der sechsten und siebenten Seite abgedruckt ist. Das kleine Heft, das wir heute herausgeben, verdanken wir unserer Initiative und der Beihilfe unserer Freunde in Frankreich, ITALIEN und Rußland. Es soll die Aktivität und die Interessen des Cabarets bezeichnen, dessen ganze Absicht darauf gerichtet ist, über den Krieg und die Vaterländer hinweg an die wenigen Unabhängigen zu erinnern, die anderen Idealen leben. Das nächste Ziel der hier vereinigten Künstler ist die Herausgabe einer Revue Internationale.
La revue paraîtra à Zurich et portera le nom ›DADA‹. (›Dada‹) Dada Dada Dada Dada.
Hugo Ball (1886–1927)
Quelle: Hugo Ball: Der Künstler und die Zeitkrankheit. Frankfurt a.M. 1984, S. 37-39 (http://www.zeno.org)
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Arthur Cravan, born Fabian Avenarius Lloyd in Lausanne, Switzerland, was both a poet and pugilist. He was a proponent of Dada and Surrealism.
His most famous fight was a sixth-round knockout loss to the former heavyweight champion Jack Johnson.
He disappeared while attempting to sail a small boat from Mexico to Argentina. Though he most likely perished, numerous unconfirmed sightings of Cravan continued for years, establishing a fanciful legend to the death of Arthur Cravan’s already eventful and colorful life.
Name: Arthur Cravan
Birth Name: Fabian Avenarius Lloyd
Born: 1887-05-22
Birthplace: Lausanne, Switzerland
Died: 1918-11-00 (Age:31)
Height: 6′ 1″ / 185cm
Boxing Record: Arthur Cravan
Global ID: 58873
sex: male
birthdate: 1887-05-22
death date: 1918-11-00 (31)
division: heavyweight
height: 6′ 1″ / 185cm
country: France
residence:
birth place: Lausanne, Switzerland
birth name: Fabian Avenarius Lloyd
won 0 (KO 0) + lost 2 (KO 2) + drawn 1 = 3
rounds boxed 8 KO% 0
Arthur Cravan
(1887-1918?)
HIE
Quelle âme se disputera mon corps?
J’entends la musique:
Serai-je entraîné ?
J’aime tellement la danse
Et les folies physiques
Que je sens avec évidence
Que, si j’avais été jeune fille.
J’eusse mal tourné.
Mais, depuis que me voilà plongé
Dans la lecture de cet illustré
Je jurerai n’avoir vu de ma vie
D’aussi féeriques photographies :
L’océan paresseux berçant les cheminées,
Je vois dans le port, sur le pont des vapeurs,
Parmi des marchandises indéterminées,
Les matelots se mêler aux chauffeurs ;
Des corps polis comme des machines,
Mille objets de la
Chine,
Les modes, et les inventions;
Puis, prêts à traverser la ville,
Dans la douceur des automobiles.
Les poètes et les boxeurs,
Ce soir, quelle est ma méprise,
Qu’avec tant de tristesse,
Tout me semble beau ?
L’argent qui est réel,
La paix, les vastes entreprises,
Les autobus et les tombeaux ;
Les champs, le sport, les maîtresses,
Jusqu’à la vie inimitable des hôtels
Je voudrais être à
Vienne et à
Calcutta,
Prendre tous les trains et tous les navires,
Forniquer toutes les femmes et bâfrer tous les plats.
Mondain, chimiste, putain, ivrogne, musicien, ouvrier, peintre,
[acrobate, acteur,
Vieillard, enfant, escroc, voyou, ange, et noceur,
Millionnaire, bourgeois, cactus, girafe ou corbeau;
Lâche, héros, nègre, singe, don
Juan, souteneur, lord, paysan,
[chasseur, industriel,
Faune et flore.
Je suis toutes les choses, tous les hommes, et tous les animaux !
Que faire?
Essayons du grand air,
Peut-être y pourrai-je quitter
Ma funeste pluralité !
Et tandis que la lune,
Par-delà les marronniers,
Attelle ses lévriers.
Et, qu’ainsi qu’en un kaléidoscope,
Mes abstractions Élaborent les variations
Des accords
De mon corps,
Que mes doigts collés
Au délice de mes clés
Absorbent de fraîches syncopes,
Sous des motions immortelles
Vibrent mes bretelles;
Et, piéton idéal
Du
Palais-Royal,
Je m’enivre avec candeur
Même des mauvaises odeurs.
Plein d’un mélange
D’éléphant et d’ange
Mon lecteur, je balade sous la lune
Ta future infortune.
Armée de tant d’algèbre,
Que, sans désirs sensuels,
J’entrevois, fumoir du baiser.
Con, pipe, eau,
Afrique et repos funèbre,
Derrière les stores apaisés,
Le calme des bordels.
Du baume, ô ma raison!
Tout
Paris est atroce et je hais ma maison.
Déjà les cafés sont noirs.
ne reste, ô mes hystéries!
Que les claires écuries
Des urinoirs.
Je ne puis plus rester dehors.
Voici ton lit; sois bête et dors.
Mais, dernier des locataires,
Qui se gratte tristement les pieds.
Et, bien que tombant à moitié,
Si j’entendais sur la terre
Retentir les locomotives,
Que mes âmes pourtant redeviendraient attentives !
Arthur Cravan poet & boxer
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“I think that art is the only form of activity through which man shows himself to be a real individual. Through it alone, he can move beyond the animal stage because art opens onto regions dominated by neither time nor space.”
Marcel Duchamp
“And yet I have drawn people’s attention to the fact that art is a mirage. A mirage, just like the oasis that appears in the desert. It is very beautiful, until the moment when you die of thirst, obviously. But we do not die of thirst in the field of art. The mirage has substance.”
Marcel Duchamp, 1964
MARCEL DUCHAMP: PAINTING, EVEN
UNTIL 5 JANUARY 2015 CENTRE POMPIDOU PARIS
Through a 100-odd works brought together for the first time, the Centre Pompidou is devoting a monograph exhibition to the painted work of Marcel Duchamp. With a completely new and knowingly paradoxical approach, the exhibition is designed to show the paintings of the man who, in common modernist opinion, killed painting.
At the heart of this pictorial work and the discourse of the exhibition, visitors are invited to take a new look at the paintings and drawings that led Marcel Duchamp to create his masterpiece, known as Le Grand Verre, La mariée mise à nu par ses célibataires, même (The Bride Stripped Bare by her Suitors, Even (The Large Glass)), which was begun in 1910 and declared unfinished by the artist in 1923.
To situate this work in the context of a long and complex creative process, Duchamp conscientiously gathered his paintings together in the hands of a small circle of collectors, and replicated them in his Boîte-en-Valise (Box in a Suitcase) for posterity and those he called «the viewers».
Little-known in Europe, these paintings (now mostly in the Philadelphia Museum of Art) have been reunited at the Centre Pompidou, surrounded by the pictorial, scientific and technical sources, as well those acquired from books, that Duchamp drew on during those crucial and fertile years. The exhibition thus provides new keys for more clearly interpreting and understanding a programmatic work that is also a manifesto.
From humorous drawings to the Nu descendant l’escalier, from mathematics to the theme of the «Bride», from works on perspective to the films of Etienne-Jules Marey and Georges Méliès, from Impressionism to Cubism, and from Cranach the Elder to Edouard Manet and Odilon Redon, by way of Francis Picabia and František Kupka, the circuit takes the public step by step through the construction of one of modern art’s richest and most fascinating works, Le Grand Verre, with the aid of essential and unexpected references. The exhibition reveals Duchamp’s pictorial studies, his Fauve period, the influence of Symbolism, his Cubist explorations, and the nonsense and humour that imbued his work, notably through the artist’s original notes, now in the Centre Pompidou.
It highlights his interest in literature and words, as well as in the optical, physical and mechanical sciences.
With Marcel Duchamp. La peinture, même., the Centre Pompidou helps to write the history of the art of our times, providing a fresh look at the work of one of the most iconic figures in 20th century art.
MARCEL DUCHAMP
PAINTING, EVEN.
24 SEPTEMBER 2014 – 5 JANUARY 2015
CENTRE POMPIDOU PARIS
GALERIE 2, LEVEL 6
# More informatie website Centre Pompidou
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Johannes Theodor Baargeld
(1892-1927)
Du blickst befremdet auf die alten Spuren
Du blickst befremdet auf die alten Spuren
wo Du des immer Neuen Grund
gewähnt, und dich erschreckt der Fund,
und wieder blickst du auf den jungen Schnee der Fluren.
Doch du begreifst nicht, daß vor Jahresstund
du dich am selben Wegkreuz maßest,
und daß du schier ein Jahr vergaßest
und wie so stark sein könne ein zerbrochner Bund.
(1924)
Johannes Theodor Baargeld poetry
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Johannes Theodor Baargeld
(1892-1927)
Du folgst jetzt all den Wegen
Du folgst jetzt all den Wegen,
Die durch dich ziehn.
Sie scheinen Dir gelegen
Mit eignen Mühn.
Du glaubst dem fernsten Winken
Ob es Dir galt?
Die fernen Zinnen sinken,
Doch Du warst kalt.
Schon lang sind Deine Höhen
Im Dunst gelöst.
Es ist bald wie ein Stehen,
Nun Deinen Weg Du weitergehst.
(1923)
Johannes Theodor Baargeld poetry
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Avond in PERDU rondom Dan Dada doe uw werk!
Met: Hans Croiset, Jaap Blonk, Matthijs de Ridder, Hubert van den Berg & Geert Buelens
Dan Dada doe uw werk!
Boekpresentatie Uitgeverij Vantilt
Stichting Perdu Amsterdam
maandag 3 november 20:00
Zaal open: 19.30 uur
Entree: Gratis
Ter ere van het verschijnen van de bloemlezing Dan dada doe uw werk! door Hubert van den Berg en Geert Buelens (red.) organiseert Uitgeverij Vantilt in samenwerking met Perdu een avond rondom avant-gardistische poëzie uit de Lage Landen. Matthijs de Ridder gaat in gesprek met Hubert van den Berg en Geert Buelens, waarna (stem)acteur Hans Croiset en stemkunstenaar Jaap Blonk zullen voordragen uit Dan dada doe uw werk! Het programma begint om 20.00 en is ongeveer 22.00 afgelopen.
Piet Mondriaan, I.K. Bonset, Paul van Ostaijen, Herman van den Bergh, Hendrik de Vries, H. Marsman, Pierre Kemp, Kurt Schwitters, Antony Kok, Victor J. Brunclair, Til Brugman, Gaston Burssens, A.C. Willink, Michel Seuphor, H.N. Werkman
Stichting Perdu
Kloveniersburgwal 86
1012 CZ Amsterdam
Tel: 020 627 62 95
Stichting Perdu – het theater, de poëzieboekhandel en de uitgeverij – is zeer centraal gelegen op Kloveniersburgwal 86, om de hoek bij de Nieuwe Doelenstraat, dus vlakbij het Waterlooplein en Café De Jaren.
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Dan dada doe uw werk!
Avant-gardistische poëzie uit de Lage Landen
‘Dan dada doe uw werk!’ Met deze woorden besluit I.K. Bonset in 1921 in De Stijl een tirade tegen pogingen om ‘de kanselliteratuur van vóór ’80’ in het interbellum nieuw leven in te blazen. Of dada het ‘predikantenpathos’ inderdaad wist uit te drijven uit de Nederlandstalige literatuur, valt te betwijfelen. Wel lieten dada en andere avant-gardistische ‘ismen’ hun onmiskenbare sporen na in de Nederlandstalige poëzie.
In Dan dada doe uw werk! presenteren samenstellers Hubert van den Berg en Geert Buelens een dwarsdoorsnede van de poëtische avant-garde in de vroege twintigste eeuw in Nederland en Vlaanderen. De bloemlezing bevat werk van onder anderen Piet Mondriaan, I.K. Bonset, Paul van Ostaijen, Herman van den Bergh, Hendrik de Vries, H. Marsman, Pierre Kemp, Kurt Schwitters, Antony Kok, Victor J. Brunclair, Til Brugman, Gaston Burssens, A.C. Willink, Michel Seuphor en H.N. Werkman.
Dan dada doe uw werk! is het laatste deel in de Dada-reeks van Uitgeverij Vantilt. Eerder verschenen Tenderenda de Fantast van Hugo Ball, In den beginne was Dada van Raoul Hausmann, 7 dadamanifesten van Tristan Tzara, En Avant dada van Richard Huelsenbeck, Een avond in Cabaret Voltaire van Hans Arp e.a., Jezus Christus Quibus van Francis Picabia en Apologie van de luiheid en Pan Pan voor de Poeper van de Neger Naakt & Bar Nicanor van Clément Pansaers.
Dan dada doe uw werk!
Avant-gardistische poëzie uit de Lage Landen
Redactie: Geert Buelens, Hubert van den Berg
Vormgever: Martien Frijns
ISBN 9789460041617
Uitgeverij Vantilt
paperback, 15 x 22 cm, 248 pagina, € 19,95
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De wereld van heden
raast door in dada′s voetspoor
Antony Kok
Experimenteel dichter (1882 – 1969)
DE BIOGRAFIE
Via de site www.antonykok.nl krijgt u een beeld van het leven en werk van de schrijver en dichter Antony Kok (1882-1969). U vindt niet alleen teksten (poëzie en proza) en beeldmateriaal van Antony Kok en De Stijl, maar ook enkele beschikbare biografische teksten.
Het materiaal is mede verzameld voor de in het voorjaar van 2016 te verschijnen biografie van de hand van schrijver en dichter Jef van Kempen (1948) en literatuurwetenschapper Hanneke van Kempen (1976). Er zal dan tevens een uitgave van de verzamelde gedichten, aforismen en prozateksten verschijnen. De laatste bloemlezing van het werk van Antony Kok verscheen in 2000: Antony Kok, Gedichten en Aforismen (Een keuze uit de gedichten en aforismen van Antony Kok, bezorgd en van een nawoord voorzien door Jef van Kempen).
De komende tijd zal nieuws over de biografie verschijnen op deze website (fleursdumal.nl) en de speciale website antonykok.nl
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