Marcel Schwob: Sonnet Pour Lui (Poème)
Sonnet Pour Lui
Quand tu ris, j’aime à voir tes yeux étinceler,
Tes lèvres se trousser en mignardes risettes,
La pourpre de ta chair, pour mieux me harceler,
Sourire et refléter de moqueuses fossettes.
Et pareil à ces dieux sifflant dans leurs musettes
Que nos vieux joailliers aimaient à bosseler
Sur les parois d’argent des massives cassettes
Et d’un burin d’acier finement ciseler,
Tu ris en entr’ouvrant les deux coins de tes lèvres,
Pour me montrer tes dents avec des mines mièvres,
Et tu plisses ta peau sous de vifs reflets d’or.
Combien je donnerais, ô mon petit dieu Faune,
Dont le rire pétille à la tiédeur du Beaune,
Pour rire avec toi seul, dans la nuit, quand tout dort!
Marcel Schwob
(1867-1905)
Sonnet Pour Lui
15 Janvier 1888
• fleursdumal.nl magazine
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