Paul Verlaine: Nevermore
Nevermore
Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne
Faisait voler la grive à travers l’air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
« Quel fut ton plus beau jour ! » fit sa voix d’or vivant
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.
– Ah ! les premières fleurs qu’elles sont parfumées
Et qu’il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !
Paul Verlaine
(1844 – 1896)
Mon rêve familier
Poèmes saturniens
Photo: Willem Witsen, 1892
• fleursdumal.nl magazine
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