Paul Valéry: Orphée
Orphée
. . . Je compose en esprit, sous les myrtes, Orphée
L’Admirable ! . . . le feu, des cirques purs descend ;
Il change le mont chauve en auguste trophée
D’où s’exhale d’un dieu l’acte retentissant.
Si le dieu chante, il rompt le site tout-puissant ;
Le soleil voit l’horreur du mouvement des pierres ;
Une plainte inouïe appelle éblouissants
Les hauts murs d’or harmonieux d’un sanctuaire.
Il chante, assis au bord du ciel splendide, Orphée !
Le roc marche, et trébuche; et chaque pierre fée
Se sent un poids nouveau qui vers l’azur délire !
D’un Temple à demi nu le soir baigne l’essor,
Et soi-même il s’assemble et s’ordonne dans l’or
À l’âme immense du grand hymne sur la lyre !
Paul Valéry
(1871-1945)
Orphée
Poème
Album de vers anciens
• fleursdumal.nl magazine
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