Paul Verlaine: Nevermore
Paul Verlaine
(1844-1896)
NEVERMORE
Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux complice,
Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux;
Brûle un encens ranci sur tes autels d’or faux;
Sème de fleurs les bords béants du précipice;
Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux complice!
Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni;
Entonne, orgue enroué, des Te Deum splendides;
Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides:
Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni;
Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni.
Sonnez, grelots; sonnez, clochettes; sonnez, cloches!
Car mon rêve impossible a pris corps, et je l’ai
Entre mes bras pressé: le Bonheur, cet ailé
Voyageur qui de l’Homme évite les approches.
-Sonnez, grelots; sonnez, clochettes; sonnez, cloches!
Le Bonheur a marché côte à côte avec moi;
Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve:
Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve,
Et le remords est dans l’amour: telle est la loi.
-Le Bonheur a marché côte à côte avec moi.
Poem of the week
June 22, 2008
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