Joris-Karl Huysmans: Le Drageoir aux épices (Critiques)
Joris-Karl Huysmans
(1849-1907)
Le Drageoir aux épices (1874)
Critiques
Journal illustré (Revue Litteraire), 8 novembre 1874: Il vient de paraître chez Dentu un volume étrange, signé Jorris-Karl Huysmans. L’auteur, dont le nom, inconnu aujourd’hui, nous parait appelé à prendre place à la suite des noms de certains écrivains coloristes, a réuni dans les quelques pièces qui forment le Drageoir à épices, une série de nouvelles et de petits poëms en prose dont la lecture nous a laissé une impression étrange, quelque fois bonne, souvent mauvaise, mais qui attirera l’attention des lettrés et des artistes.
Peut-être trouveront-ils, éparpillées ça et là, dans ce petit volume, quelques pièces d’un réalisme effroayable, qui les feront bondir et s’indiguer, peut-être regretteront-ils que l’auteur se soit donné tant de mal pour traiter des sujets aussi bizarres et quelquefois mème aussi scabreux, et peut-être encore…auront-ils raison?
Le rappel, 17 novembre 1874: Nous avons devant nous plusieurs publications d’un vif intérêt, dont nous regrettons de ne pouvoir parler à loisir. Le Drageoir à épices de M. Jorris-Karl Huysmans, un très joli volume édité chez Dentu, renferme des pages originales et chaudement colorées. Claudine et le Camaïeu rouge sont, entre autres, de remarkables études.
L’Illustration, 5 décembre, 1874: Le Drageoir à épices, de M. J.-K. Huysmans, est un petit livre pour les raffinés. Il y a là un prestigieux talent de description, avec de la bizarrerie et de la recherche. (Jules Claretie)
L’Evénement (Causerie littéraire), 10 décembre, 1874: …Un autre jeune homme, —il est tout seul celui-ci -, signe de son nom flamand Jorris Karl Huysmans le Drageoir à épices. Le dit drageoir a été ouvragé par Aloysius Bertrand, les épices ont été fournies par Baudelaire. En verité, nous retournons au dix-huitième siècle, au Sopha, à Angola, aux Bijoux indiscrets… (Charles Monselet)
Le National, 18 janvier, 1875: Le Drageoir aux épices par J.-K. Huysmans. Les poètes seuls savent célébrer les poètes et c’est ainsi que je trouve la plus touchante, la plus douloureuse, la plus superbe apostrophe au grand rimeur des Ballades, Villon, dans un petit livre de prose amoureusement ciselée par un poète, M. Jarris (sic) Karl Huysmans qui en un temps dédaigneux (sa part est pourtant la meillure!) s’occupe de sertir le mot, de peindre par l’harmonie et par le mouvement de la phrase, comme Gaspard de la Nuit, comme Flaubert, comme Baudelaire, commes les Goncourt! Son Drageoir aux épices est un joyau de savant orfèvre, ciselé d’une main ferme et légère… (Théodore de Banville)
Le conseilleur du Bibliophile, 1 septembre 1876: Ce petit volume est un régal pour les raffinés, les artistes et les poètes; ils se divertissent fort de cette faculté très-spéciale que possède J.-K. Huysmans, d’intéresser par une simple énumération de bibelots quelconques ; en lisant le Drageoir il semble qu’on soit transporté à l’hôtel Drouot, un jour de grande exposition d’objets d’art de toute sortes, ou rencontre aussi parfois, dans ses pages, des audaces juvéniles comme celle-ci : « Entends-tu, ribaude infâme, je te hais, je te méprise…et je t’aime !»
Le Drageoir à épices, tiré à un très-petit nombre d’exemplaires, sera bientôt une rareté bibliophilique, on le recherchera avidement, car son auteur, qui le considère peut-être aujourd’hui comme un péché de jeunesse, est en passe de devenir célèbre, avec un roman qu’il va publier prochainement. Il est intitulé Marthe.
Karl-Jorris Huysmans n’est pas d’ailleurs un inconnu, il a travaillé dans de nombreuses revues où il a connu d’excellents articles sur les arts ; en compagnie de G. Flaubert, E. Zola, Cladel, Maurice Bouchor, etc., il collabore actuellement à la Republique des lettres. (René Pajou)
kempis poetry magazine
More in: -Le Drageoir aux épices, Huysmans, J.-K., Joris-Karl Huysmans