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Théophile Gautier: Bûchers et tombeaux

gautiertheophile 02

Théophile Gautier

(1811-1872)

 

Bûchers et tombeaux

 

Le squelette était invisible,

Au temps heureux de l’Art païen ;

L’homme, sous la forme sensible,

Content du beau, ne cherchait rien.

 

Pas de cadavre sous la tombe,

Spectre hideux de l’être cher,

Comme d’un vêtement qui tombe

Se déshabillant de sa chair,

 

Et, quand la pierre se lézarde,

Parmi les épouvantements,

Montrait à l’oeil qui s’y hasarde

Une armature d’ossements ;

 

Mais au feu du bûcher ravie

Une pincée entre les doigts,

Résidu léger de la vie,

Qu’enserrait l’urne aux flancs étroits ;

 

Ce que le papillon de l’âme

Laisse de poussière après lui,

Et ce qui reste de la flamme

Sur le trépied, quand elle a lui !

 

Entre les fleurs et les acanthes,

Dans le marbre joyeusement,

Amours, aegipans et bacchantes

Dansaient autour du monument ;

 

Tout au plus un petit génie

Du pied éteignait un flambeau ;

Et l’art versait son harmonie

Sur la tristesse du tombeau.

 

Les tombes étaient attrayantes:

Comme on fait d’un enfant qui dort,

D’images douces et riantes

La vie enveloppait la mort ;

 

La mort dissimulait sa face

Aux trous profonds, au nez camard,

Dont la hideur railleuse efface

Les chimères du cauchemar.

 

Le monstre, sous la chair splendide

Cachait son fantôme inconnu,

Et l’oeil de la vierge candide

Allait au bel éphèbe nu.

 

Seulement pour pousser à boire,

Au banquet de Trimalcion,

Une larve, joujou d’ivoire,

Faisait son apparition;

 

Des dieux que l’art toujours révère

Trônaient au ciel marmoréen ;

Mais l’Olympe cède au Calvaire,

Jupiter au Nazaréen ;

 

Une voix dit : Pan est mort ! – L’ombre

S’étend. – Comme sur un drap noir,

Sur la tristesse immense et sombre

Le blanc squelette se fait voir ;

 

Il signe les pierres funèbres

De son paraphe de fémurs,

Pend son chapelet de vertèbres

Dans les charniers, le long des murs,

 

Des cercueils lève le couvercle

Avec ses bras aux os pointus ;

Dessine ses côtes en cercle

Et rit de son large rictus ;

 

Il pousse à la danse macabre

L’empereur, le pape et le roi,

Et de son cheval qui se cabre

Jette bas le preux plein d’effroi ;

 

Il entre chez la courtisane

Et fait des mines au miroir,

Du malade il boit la tisane,

De l’avare ouvre le tiroir ;

 

Piquant l’attelage qui rue

Avec un os pour aiguillon,

Du laboureur à la charrue

Termine en fosse le sillon ;

 

Et, parmi la foule priée,

Hôte inattendu, sous le banc,

Vole à la pâle mariée

Sa jarretière de ruban.

 

A chaque pas grossit la bande;

Le jeune au vieux donne la main ;

L’irrésistible sarabande

Met en branle le genre humain.

 

Le spectre en tête se déhanche,

Dansant et jouant du rebec,

Et sur fond noir, en couleur blanche,

Holbein l’esquisse d’un trait sec.

 

Quand le siècle devient frivole

Il suit la mode; en tonnelet

Retrousse son linceul et vole

Comme un Cupidon de ballet

 

Au tombeau-sofa des marquises

Qui reposent, lasses d’amour,

En des attitudes exquises,

Dans les chapelles Pompadour.

 

Mais voile-toi, masque sans joues,

Comédien que le ver rnord,

Depuis assez longtemps tu joues

Le mélodrame de la Mort.

 

Reviens, reviens, bel art antique,

De ton paros étincelant

Couvrir ce squelette gothique ;

Dévore-le, bûcher brûlant !

 

Si nous sommes une statue

Sculptée à l’image de Dieu,

Quand cette image est abattue,

Jetons-en les débris au feu.

 

Toi, forme immortelle, remonte

Dans la flamme aux sources du beau,

Sans que ton argile ait la honte

Et les misères du tombeau !

 

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